LES MERVEILLES DE LA MESSE

 

Chapitre 1

LES MERVEILLES DE LA SAINTE MESSE

Les saints ne sont jamais si éloquents que lorsqu'ils parlent de la Messe. Ils sont intarissables sur ce sublime sujet, car saint Bonaventure dit que les merveilles de la Messe sont aussi nombreuses que les étoiles dans le ciel et les grains de sable sur toutes les plages du monde.
Les grâces, les bénédictions et les faveurs accordées à ceux qui assistent à ce Divin Sacrifice dépassent toute compréhension.
La Messe est la plus grande merveille du monde. Il n'existe rien sur terre qui puisse lui être comparé et il n'est rien au Ciel de plus grand.

L'autre plus grande merveille est l'indifférence et l'ignorance des catholiques concernant la Sainte Messe. Comment se peut-il que tant de catholiques ne vont pas à la Messe?
Le grand Sacrifice du Calvaire est offert tout près de leur maison, presque à leur porte, et ils sont trop indolents pour y assister.
Le Sacrifice du Calvaire ?! Oui, car la Messe est réellement et véritablement l'exacte répétition de la Mort de Jésus sur la Croix.
Pourquoi les mères, pourquoi les catéchistes, pourquoi les maîtres n'inculquent-ils pas dans l'esprit de ceux dont ils ont la charge les merveilles de la Messe ? Les prêtres sont tenus de le faire par le Concile de Trente.
Les protestants peuvent bien demander à ces catholiques qui négligent d'entendre la Messe chaque jour s'ils croient vraiment à la naissance de Dieu sur l'autel et que Dieu meurt sur l'autel comme Il est mort sur le Calvaire ? S'ils le croient vraiment, pourquoi n'assistent-ils pas à la Messe ?
Saint Augustin nous rapporte que les païens et les Gentils de son temps demandaient avec une ironie mordante aux chrétiens tièdes et indifférents s'ils croyaient sincèrement que le Dieu de toute miséricorde descendait sur leurs autels ! Vous, chrétiens, ajoutaient-ils, vous nous accusez d'adorer de faux dieux, mais au moins nous croyons qu'ils sont des dieux et nous les honorons; alors que vous méprisez Celui que vous appelez le Vrai Dieu!
S'il savait seulement ce qu'est la Messe, pas un chrétien intelligent et éclairé ne manquerait d'y assister.

SAINT LOUIS ET LA MESSE

Saint Louis de France, qui a travaillé plus durement peut-être qu'aucun sujet de son royaume et qui fut un des meilleurs et des plus glorieux souverains qui régnèrent jamais sur le royaume de France, trouvait le temps d'entendre deux à trois Messes par jour !
Des courtisans lui ont suggéré que peut-être il se surmenait en assistant si souvent à la Messe. Le roi a répondu : " Si je passais bien plus de temps à m'adonner aux plaisirs de la chasse, ou à recevoir mes amis au cours de banquets somptueux, ou si je fréquentais plusieurs heures par jour les théâtres et les lieux d'amusement, vous ne me reprocheriez pas de consacrer trop de temps aux plaisirs.
Vous oubliez, mes bons amis, qu'en entendant Messe je n'obtiens pas seulement pour moi-même d'innombrables bénédictions, mais que je confère ainsi à mon royaume les avantages les plus importants, bien plus que je ne pourrais le faire d'aucune autre manière. "

Cette réponse de St Louis pourrait être adressée à ces milliers de chrétiens indifférents et apathiques qui pourraient facilement entendre la Messe chaque jour et qui ne le font pas.
Même si c'était au prix d'un grand sacrifice, les bénédictions et les faveurs qu'ils recevraient dépasseraient leurs plus grands espoirs. Mais, en réalité, beaucoup pourraient entendre la Messe sans faire aucun sacrifice, ou à un prix si dérisoire que leur culpabilité, en négligeant ce Divin Sacrifice, est en vérité incompréhensible. Seule une lamentable ignorance peut expliquer pourquoi tant de catholiques négligent d'entendre la Messe chaque jour.
S'ils entendaient la Messe, la journée aurait pour eux plus de valeur que mille jours, si merveilleux seraient les grâces et les avantages qu'ils en recevraient.
Loin de perdre du temps, leurs affaires prospéreraient et ils arriveraient à un degré de félicité qu'ils ne pourraient espérer atteindre autrement.

SIMON DE MONFORT

Le célèbre général et héros, Simon de Montfort, avec seulement 800 cavaliers et quelques fantassins, se trouva surpris dans la ville de Muret par une armée de 40 000 hommes conduite par le roi d'Aragon et Raimond VI, comte de Toulouse, qui avait épousé la cause des Albigeois hérétiques. Il entendait la Messe lorsque ses officiers vinrent lui annoncer que l'armée des assiégeants était en marche pour attaquer la ville.
" Laissez-moi d'abord finir la Messe, répliqua-t-il, après quoi je serai à vous. "
Il se hâta ensuite de rejoindre l'endroit où ses forces déjà rassemblées l'attendaient, les invita à mettre en Dieu leur confiance et, donnant l'ordre d'ouvrir toutes grandes les portes de la ville, il chargea en plein cœur de l'armée qui s'approchait, sema la panique dans ses rangs, abattit le roi d'Aragon lui-même et remporta une glorieuse victoire.
Baronius déclare que l'empereur Lothaire entendait chaque jour ses trois Messes, même sur le champ de bataille avec ses troupes.
Au cours de la Grande Guerre (la Première Guerre mondiale), on sait que le maréchal Foch, commandeur en chef des armées françaises et britanniques, entendait la Messe chaque jour, même lorsque la situation était le plus critique.
L'empereur germanique Otton avait un jour convoqué un conseil de ses officiers supérieurs et de ses conseillers qui devait avoir lieu aux petites heures dans le palais de Worms.
Le duc de Bohème, un des princes qui devait assister au conseil, avait pour habitude d'entendre la Messe chaque jour et il arriva par conséquent en retard au palais royal.
Ce retard mit l'empereur en furie et, sans attendre le duc, il commença le conseil en donnant l'ordre à tous ceux qui étaient présents de ne pas rendre hommage au duc ni de le saluer lorsqu'il arriverait.
Peu de temps après, le duc pénétra dans la chambre du conseil et à la surprise générale, l'empereur, qui parut d'abord étonné, se leva en hâte et témoigna de grandes marques de respect au duc. Après qu'on eut discuté des importantes affaires du royaume, l'empereur Otton, remarquant la mine surprise des seigneurs et des princes devant son changement d'attitude, expliqua: " Comment, dit-il, vous n'avez pas vu qu'il est entré accompagné de deux anges, un de chaque côté ? Je n'ai pas osé lui manifester mon ressentiment. "

De semblables merveilleuses faveurs sont accordées au plus humble des fidèles, à tous ceux qui entendent la Messe avec dévotion.
Voici quelques exemples.

L'ANGE ET LES ROSES

Depuis de nombreuses années, un pauvre fermier avait coutume d'entendre la Messe tous les jours.
Un froid matin d'hiver, il traversait un champ couvert de neige, en route vers l'église. Il lui sembla entendre des pas derrière lui et, se retournant, il aperçut son ange gardien portant un panier rempli de magnifiques roses qui exhalaient un délicieux parfum. " Tu vois, lui dit l'ange, ces roses représentent chaque pas que tu fais pour te rendre à la Messe, et chaque rose représente aussi une glorieuse récompense qui t'attend dans le Ciel. Mais bien plus grands encore sont les mérites que tu as obtenus de la Messe elle-même. "

COMMENT FAIRE PROSPÉRER SES AFFAIRES

En France, deux commerçants résidaient dans la même ville. Tous deux travaillaient dans la même ligne, mais les affaires de l'un étaient prospères tandis que l'autre gagnait péniblement sa vie, même s'il travaillait plus fort et se levait plus tôt que son ami.
Réduit à toute extrémité, il se résolut d'aller demander conseil à son riche collègue dans l'espoir d'apprendre le secret de son succès.
" Mon bon ami, répliqua le riche marchand, je n'ai pas de secret; je travaille tout comme tu le fais. S'il existe une différence dans nos méthodes, la voici: je vais chaque jour à la Messe. Tu n'y vas pas. Suis mon sincère conseil, va entendre la Messe chaque jour et je suis sûr que Dieu bénira ton travail. "
Le pauvre fit ce qui lui avait été conseillé et bientôt, de façon inexplicable, ses difficultés prirent fin et son commerce prospéra au-delà de toute espérance.

Chapitre 2

QU'EST-CE QUE LA MESSE?

1. Dans la Messe, le Fils de Dieu devient homme de nouveau, de sorte qu'à chaque Messe le stupéfiant Mystère de l'Incarnation, avec tous ses infinis mérites, se répète aussi véritablement que lorsque le Fils de Dieu a pris chair pour la première fois dans le sein de la Vierge Marie.
St Augustin : " Quelle sublime dignité que celle du prêtre, quand dans ses mains le Christ devient homme une fois de plus ! "

2. La Messe est la naissance de Jésus-Christ. Il naît réellement sur l'autel chaque fois que la Messe est dite, tout comme Il est né à Bethléem.
St Jean Damascène: " Si quelqu'un désire savoir comment le pain est changé pour devenir le Corps et le Sang du Christ, je vais le lui dire. L'Esprit Saint couvre le prêtre de son ombre et agit sur lui comme Il a agi sur la sainte Vierge Marie. "
St Bonaventure: " Dieu, lorsqu'Il descend sur l'autel, ne fait pas moins que ce qu'Il fit lorsqu'Il devint homme pour la première fois dans le sein de la Vierge Marie. "

3. Le Sacrifice de la Messe est le même que le Sacrifice du Calvaire. Au cours de ce Sacrifice, Dieu meurt comme Il est mort le premier Vendredi Saint. Il a la même valeur infinie du Calvaire et fait descendre sur les hommes les mêmes grâces inappréciables.
La Messe n'est pas une imitation ou un souvenir du Calvaire, elle est identiquement le même sacrifice et ne diffère du Calvaire qu'en apparence.
À chaque Messe, le Sang du Christ est à nouveau versé pour nous.
St Augustin: " Dans la Messe, le Sang du Christ coule de nouveau pour les pécheurs. "

4. Il n'y a rien sur terre, ni même dans le Ciel, qui donne plus de gloire à Dieu et qui nous obtient plus de faveurs qu'une simple Messe.

5. Par la Messe, nous offrons à Dieu la louange la plus haute, la gloire la plus parfaite qu'Il puisse jamais désirer. Nous lui témoignons la gratitude la plus parfaite pour toutes les grâces qu'Il nous a accordées. Nous faisons une meilleure réparation pour nos fautes que par les plus sévères pénitences.

6. Nous ne pouvons rien faire de mieux pour la conversion des pécheurs que d'offrir pour eux le Saint Sacrifice de la Messe. Si les mères voulaient seulement entendre et faire dire des messes pour leurs enfants égarés, et les épouses pour leurs maris, combien heureuses seraient leurs familles !

7. Aucune prière, aucun suffrage, quelle qu'en soit la ferveur, ne peut aider autant les saintes âmes que la Messe. Oh! pensons aux âmes du Purgatoire ! Nos chers parents, nos amis sont peut-être parmi elles. C'est en entendant la Messe pour elles que nous pouvons les aider le plus facilement et soulager leurs souffrances le plus efficacement.

CE QUE LES SAINTS DISENT DE LA MESSE

Afin de rendre plus évident encore ce que nous venons de déclarer, nous voulons citer les paroles mêmes des saints et des saints docteurs.

St Laurent Justinien: " Il n'existe pas de prière ou de bonne œuvre qui soit aussi grande, aussi agréable à Dieu et aussi utile pour nous que la Messe. "
St Alphonse: " Dieu lui-même ne pourrait rien faire de plus saint, de meilleur ou de plus grand que la Messe. "
St Thomas enseigne que la Messe n'est rien de moins que le Sacrifice du Calvaire renouvelé sur l'autel et que chaque Messe apporte aux hommes les mêmes grâces que le Sacrifice de la Croix.
St Jean Chrysostome: " La Messe a exactement la même valeur que le Calvaire. "
St Bonaventure: " La Messe est un compendium de tout l'amour de Dieu, de toutes Ses grâces accordées aux hommes et chaque Messe confère au monde une grâce qui n'est en rien inférieure à celle qu'il a reçue par l'Incarnation. "
St Hanon, évêque de Cologne, vit un jour un globe d'un éclat et d'une beauté extraordinaires tourner autour du calice à la Consécration avant de pénétrer dans le vaisseau sacré. Il était si rempli de crainte révérencielle qu'il avait peur de poursuivre la Messe, mais Dieu lui révéla que cela se produisait chaque fois que la Messe était célébrée, bien que les yeux humains ne puissent le voir.
L'Hostie n'est rien d'autre que le Dieu éternel et tout-puissant qui remplit le Ciel de sa Majesté. Pourquoi ne pouvons-nous en prendre conscience ?
St Odon de Cluny: " Le bonheur du monde vient du Sacrifice de la Messe. "
Timothée de Jérusalem: " Sans la Messe, le monde aurait été détruit depuis longtemps en raison des péchés des hommes. "
" Rien n'apaise autant la colère de Dieu, rien ne nous obtient autant de grâces que la Messe. "
St Laurent Justinien: " Nulle langue humaine ne peut décrire les immenses faveurs et les bénédictions que nous recevons de la Messe. Le pécheur obtient le pardon, le juste devient plus saint, nos fautes sont corrigées et nos vices extirpés en entendant la sainte Messe. "
Fornerius: " Par une seule Messe que nous entendons en état de grâce, nous donnons à Dieu plus de plaisir et nous obtenons pour nous-mêmes plus de grâces et de faveurs que par les plus durs pèlerinages. "
Marchant: " Si nous devions offrir à la sainte Trinité toutes les pénitences, toutes les prières, toutes les bonnes œuvres de tous les saints, si nous devions offrir des torrents de sang, toutes les souffrances des douze apôtres et des millions de martyrs, tout cela Lui donnerait moins de gloire et de plaisir que la Messe ! Pourquoi ? Parce que la Messe est vraiment et réellement le Sacrifice du Calvaire. Dans la Messe, Jésus-Christ offre à son Père éternel toutes les souffrances, les humiliations et tous les mérites infinis de sa Passion et de sa Mort. "
La Messe nous obtient les plus grandes grâces, les bénédictions et les faveurs les plus hautes, tant spirituelles que temporelles - des grâces qu'il nous serait impossible de recevoir autrement.
La Messe nous sauve de dangers innombrables et nous délivre des maux qui nous menacent.
St Alphonse demande : Quelle est la raison de tout cela ?
Il répond que la valeur de la Messe est infinie; tandis que toutes les prières et les bonnes œuvres des anges comme des saints, bien que leur mérite soit extrêmement grand et qu'elles rendent à Dieu une indicible gloire, sont cependant finies et ne peuvent par conséquent être comparées avec le Sacrifice de la Messe qui est infini.
De même que la création tout entière, les cieux, la terre, la lune et les étoiles, les montagnes et les océans, tous les hommes et tous les anges ne sont rien en comparaison de Dieu, ainsi il n'est pas de bonnes œuvres, si saintes soient-elles, qui égalent une seule Messe. La Messe est Dieu lui-même.

LES ANGES ET LA MESSE

St Grégoire: " Les Cieux s'ouvrent et une multitude d'anges viennent assister au saint Sacrifice. "
St Augustin: " Les anges entourent et aident le prêtre lorsqu'il célèbre la Messe. "
St Jean Chrysostome: " Lorsque la Messe est célébrée, le sanctuaire est rempli d'une infinité d'anges qui adorent la Divine Victime immolée sur l'autel. "
L'efficacité de la Messe est si merveilleuse, la miséricorde et la générosité de Dieu sont si illimitées, qu'il n'y a pas de moment plus propice pour demander des faveurs que lorsque Jésus prend corps sur l'autel. Ce que nous demandons alors, nous sommes presque certains de le recevoir et ce que nous ne recevons pas dans la Messe, nous pouvons à peine espérer le recevoir par toute autre prière ou pénitence, ou par des pèlerinages.
Les anges le savent fort bien et ils viennent en multitude adorer Dieu et présenter leurs pétitions en cette heure de miséricorde.

Nous lisons dans les révélations de Ste Brigitte : " Un jour que j'assistais au Saint Sacrifice, j'ai vu un nombre immense de saints anges descendre et se rassembler autour de l'autel en contemplant le prêtre. Ils chantaient des cantiques célestes qui ravissaient mon cœur; le Ciel lui-même semblait contempler le grand Sacrifice. Et pourtant, pauvres et misérables créatures que nous sommes, nous assistons à la Messe avec si peu d'amour, de ravissement et de respect !
Oh, si Dieu voulait nous ouvrir les yeux, que de merveilles ne verrions-nous pas ! "
Lorsque le bienheureux Henri Suso, le saint dominicain, disait la Messe, les anges se rassemblaient en formes visibles autour de l'autel et certains s'approchaient de lui dans des ravissements d'amour.
C'est cela qui se produit à chaque Messe, même si nous ne le voyons pas.

Les catholiques pensent-ils parfois à cette extraordinaire vérité ? À la Messe, ils prient en compagnie de milliers d'anges du Seigneur.

Chapitre 3

LA JOIE DES SAINTS À LA MESSE

St Dominique avait l'habitude de passer la nuit en prière devant le Saint Sacrement. Le matin, il célébrait la Messe avec la ferveur d'un séraphin, et il était parfois si rempli d'amour et de ravissement que son corps s'élevait dans les airs et que son visage rayonnait d'une lumière surnaturelle.

St Jean de la Croix disait la Messe avec un amour et une dévotion extraordinaires.
Un jour, après avoir prononcé les paroles de la Consécration, une lumière si brillante irradiait de son visage que beaucoup de ceux qui étaient présents dans l'église se sont rassemblés autour de l'autel pour admirer cette merveilleuse lumière.
Après la Messe, le supérieur le pria de dire ce qui s'était passé et le saint répondit : " Au moment de la Consécration, Dieu s'est révélé à moi dans une telle majesté et une telle gloire que j'ai craint de ne pouvoir continuer la Messe. "

Le bienheureux Jean d'Alverne disait la Messe avec une dévotion semblable. Le jour de la fête de l'Assomption, son âme était si remplie de sainte crainte et d'émotion qu'il s'efforça vainement de prononcer les paroles de la Consécration. Il commença et s'arrêta; puis il recommença et s'arrêta de nouveau. Son supérieur, voyant son trouble, l'aida à réciter toute la formule.
À peine eut-il fini de prononcer les paroles que le bienheureux Jean vit la sainte Hostie prendre la forme du Divin Enfant et il était si bouleversé que deux prêtres ont dû l'aider à terminer le Saint Sacrifice.
Puis il tomba dans une extase d'amour.

Thomas de Cantimbre, le célèbre évêque dominicain, renommé pour son grand savoir et sa profonde piété, décrit un miracle dont il fut lui-même témoin avec plusieurs autres.
Ayant appris que Notre Seigneur s'était rendu visible dans une hostie consacrée dans l'église de St-Amand, à Douai, il s'y rendit en hâte et pria les prêtres d'ouvrir le tabernacle et de découvrir le fragment sacré. De nombreuses personnes s'étaient rassemblées dans l'église à l'annonce de la venue de l'évêque et eurent le privilège de voir une nouvelle fois notre Divin Seigneur.
L'évêque nous rapporte ce qu'il a lui-même pu voir : " J'ai vu mon Seigneur face à face. Ses yeux étaient clairs et exprimaient un merveilleux amour. Ses cheveux étaient abondants et flottaient sur ses épaules. Sa barbe était longue. Son front était haut et large, ses joues étaient pâles et sa tête légèrement inclinée. À la vue de mon Seigneur bien-aimé, mon cœur fut bien près d'éclater de joie et d'amour.
" Peu de temps après, la face de mon Seigneur prit une expression de profonde tristesse, semblable à celle qu'il dut avoir au moment de la Passion. Il était couronné d'épines et son Visage baignait dans le sang.
En voyant l'expression de mon doux Sauveur changer ainsi, mon cœur fut transpercé d'une profonde tristesse, des larmes jaillirent de mes yeux et il me semblait sentir les pointes des épines rentrer dans ma tête. "

St Jean de l'ordre des augustiniens brûlait d'un tel amour pour la Messe qu'il avait coutume de se lever très tôt pour satisfaire son ardent désir de célébrer le Saint Sacrifice aussi tôt que possible. Sa dévotion était en vérité admirable et son âme était emplie de ravissement, spécialement au moment de la Consécration.
Ceux qui servaient sa Messe se plaignaient cependant à leur supérieur que le bon Père les fatiguait par la longueur extraordinaire de ses Messes, ce qui les empêchait de remplir leurs autres devoirs. Le supérieur lui demanda de finir ses Messes plus rapidement, comme les autres membres de la communauté.
Le bon prêtre suivit ces instructions, mais après quelques jours il se jeta aux pieds du prieur en l'implorant de l'autoriser à consacrer plus de temps à la célébration de la sainte Messe.
Pressé de donner à son supérieur les raisons d'une dévotion aussi inhabituelle, le père Jean lui révéla les faveurs divines qu'il recevait et que le Seigneur Jésus apparaissait visiblement sur l'autel, ajoutant des détails qui remplirent le prieur d'une telle crainte et d'une si grande émotion qu'il faillit en perdre connaissance.
Le récit de ces faits communiqua au supérieur une ferveur ardente et renouvelée à la sainte Messe pour le reste de ses jours.

Saint Raymond de Peñafort, supérieur général de l'ordre des dominicains, disait la Messe avec une ferveur angélique. Un jour, un globe de feu recouvrit sa tête et ses épaules, telle une glorieuse auréole, depuis la Consécration jusqu'à la Communion.

Le bienheureux François de Possadas, qui appartenait au même ordre, obtint une faveur non moins grande. Son visage fut illuminé d'une extraordinaire splendeur et devint beau à l'extrême, comme s'il avait reçu une vie nouvelle. Un jour, une flamme de lumière brillante sortit de sa bouche et vint illuminer le missel alors qu'il lisait l'évangile. À deux reprises durant la fête de la Pentecôte, une splendeur émana de tout son corps pour illuminer l'autel.
Comme il prononçait les paroles de la Consécration, le Seigneur lui dit avec un amour infini : " Mon fils, Je suis le Je suis. " Après avoir consommé l'hostie, le bienheureux Francis fut élevé et resta suspendu dans les airs.

Saint Ignace avait coutume de dire la Messe avec une dévotion extasiée. Un jour, l'assistant vit une flamme brillante lui tourner autour de la tête et se précipitait pour l'éteindre lorsqu'il s'aperçut que c'était une lumière surnaturelle qui enveloppait la tête du saint !

Le bienheureux François de l'ordre des Frères Mineurs avait depuis de nombreuses années de graves douleurs dans les jambes qui le faisaient souffrir à chaque mouvement.
Mais sa dévotion à la Messe était si grande que durant toute ces années, plein de foi, il se levait de sa couche le matin et célébrait les divins mystères sans la moindre gêne.
Le bienheureux Jean, un dominicain de Ravenne, fut fréquemment enveloppé d'une splendeur céleste durant la Messe.

Les vies de saints sont remplies de merveilles semblables. Ce que nous devons garder à l'esprit, cependant, c'est qu'à chaque Messe que nous entendons, si humble que soit le prêtre, les mystères sont les mêmes, en nombre infini, comme dit St Bonaventure. C'est le même Dieu éternel, infini, omnipotent qui naît sur l'autel et qui s'offre aussi véritablement qu'Il le fit sur le Calvaire, pour ceux qui assistent à la Messe.

Chapitre 4

LES PRÊTRES SONT LES PLUS HEUREUX DES HOMMES

Non seulement les saints mais tous les prêtres dévots éprouvent la même profonde satisfaction et la même joie lorsqu'ils célèbrent la Messe. Il leur suffit de savoir :
1. Qu'ils sont en conversation intime, immédiate et personnelle avec Dieu lui-même; qu'ils Le tiennent dans leurs mains, le regardent et conversent avec Lui et qu'Il regarde au fond de leur cœur avec un ineffable amour.
2. Qu'ils Lui rendent la joie et la gloire la plus grande que Lui-même pourrait jamais désirer, une gloire plus grande que celle que tous les saints et tous les anges Lui rendent au ciel.
3. Qu'ils appellent sur eux-mêmes, sur le monde et sur leur pays natal d'innombrables grâces.
4. Qu'ils sont entourés pas une foule de saints anges qui observent chacun de leurs gestes.
5. Finalement, qu'ils aident, consolent et réjouissent les saintes âmes du Purgatoire. Comment un prêtre dévot et intelligent pourrait-il savoir et ressentir tout cela sans être rempli de joie ?

LA MESSE DE LÉON XIII

" J'ai pu un jour assister à la Messe du pape Léon XIII, nous a dit un vénérable prêtre, et aucun livre que j'ai pu lire sur la Messe ni aucun sermon que j'ai entendu prononcer n'a produit sur moi une aussi profonde impression.
Cinquante années ont passé depuis cet heureux jour et jamais je n'ai oublié cette Messe et le Saint Père. Je n'ai moi-même jamais célébré la Messe sans tenter d'imiter la dévotion qu'il a manifestée dans sa Messe.
Le Pape avait alors quatre-vingt-cinq ans et il me parut faible et bien courbé lorsqu'il entra dans la chapelle. Mais en se dirigeant vers l'autel, il était rempli d'une vie et d'une énergie nouvelles.
Il a commencé le Saint Sacrifice absorbé dans une profonde dévotion. Tous ses gestes, tous ses mouvements, sa prononciation lente et distincte des paroles montraient clairement qu'il se sentait en présence même de Dieu. Au moment de la Consécration, son visage s'éclaira d'une magnifique lumière, ses grands yeux brillèrent et toute son expression suggérait qu'il regardait le Tout-Puissant et conversait avec lui.
Il prit l'Hostie entre ses mains avec une révérence extrême et prononça les paroles solennelles de la Consécration, de toute évidence avec la pleine compréhension de l'acte extraordinaire qu'il accomplissait.
Puis il s'agenouilla comme s'il se trouvait devant le trône de Dieu dans le ciel, il éleva l'Hostie et la fixa avec ravissement avant de la déposer lentement sur le corporal.
Il manifesta la même onction et la même foi vivante à la Consécration du très Précieux Sang.
Jusqu'à la communion, sa ferveur était à chaque instant visible.
À l'Agnus Dei, il semblait parler face à face avec Dieu.
Je n'ose décrire avec quel amour il consomma la sainte Hostie et but le Précieux Sang de Jésus.
Et pourtant la Messe ne durait pas très longtemps, toute la cérémonie était simple, mais si impressionnante que, comme je l'ai dit, elle est restée vivante devant mes yeux depuis cinquante longues années. "

UN PROTESTANT CONVERTI PAR LA MESSE

Un groupe de touristes anglais, des protestants, assistaient au Saint Sacrifice dans la cathédrale de Florence. Le célébrant disait la Messe avec une profonde dévotion, sans se douter qu'il était observé avec attention par ce groupe d'étrangers. Le groupe ayant satisfait sa curiosité s'éloigna de l'autel et continua à admirer les beautés de l'édifice sacré. Un des touristes, cependant, demeura sur place et continua à observer chacun des mouvements du prêtre jusqu'à la fin du Saint Sacrifice.
Il était évidemment fort ému et avait été particulièrement frappé par la foi et la joie qu'il pouvait lire sur le visage du prêtre alors qu'il descendait les marches de l'autel pour se rendre à la sacristie. De retour en Angleterre, ce gentleman demanda d'être instruit dans la foi et devint un catholique fervent.

LES MESSES RAPIDES ET IRRÉVÉRENCIEUSES

Bien différents, nous dit St Alphonse, sont les tristes effets obtenus sur ceux qui assistent à des Messes célébrées à la hâte et de façon irrévérencieuse.

LE PÈRE MATEO CRAWLEY

Le père Mateo Crawley fut sans doute un des plus grands missionnaires du monde. On ne pouvait cependant trouver une personne plus aimable, plus modeste et plus engageante. Même quand il s'agissait des plus grands pécheurs que la vie l'avait amené à rencontrer, il parlait d'eux avec bonté et pitié.
Mais il est un fait qu'il rapporte avec une grande tristesse. C'est lui-même qui nous raconte l'histoire. " Mon père, dit-il, était protestant, un homme droit, honnête et honorable. Ma mère était catholique et avait élevé ses enfants dans la foi catholique. Son plus ardent désir était de voir mon père se convertir. Elle agissait avec beaucoup de tact et de prudence. Elle plaçait son espérance dans la prière et dans l'exemple plutôt que dans la persuasion, mais trouvait quand même le moyen de faire connaître à mon père, en évitant de l'ennuyer, les vérités de la foi catholique.
Ses espoirs étaient sur le point de se réaliser, à tel point qu'un jour mon père lui promit de nous accompagner à la Messe.
Ce qu'il fit, mais malheureusement le prêtre célébra la Messe avec tant de hâte et d'irrévérence que mon père en revint très déçu et déclara que plus jamais il ne songerait à devenir catholique.
Nous étions nous aussi fort désappointés, d'autant plus que mon père refusa ensuite qu'on lui parle de la foi catholique. Les années passèrent et nous avons continué à prier.
Un soir, un prêtre missionnaire de l'ordre des Passionistes nous rendit visite et mon père, toujours hospitalier, l'invita à rester.
La Providence voulut que la conversation de ce missionnaire eut sur mon père un effet frappant ! Il consentit une nouvelle fois à entendre la Messe, célébrée cette fois par le missionnaire.
Ce père Passioniste célébra la Messe très simplement, mais avec une grande piété et, grâce au Seigneur tout-puissant, mon brave père suivit peu de temps après un cours de catéchèse et entra dans l'Église. "

Chapitre 5

LES BIENFAITS DE LA MESSE

Saint Thomas, prince des théologiens, parle merveilleusement de la Messe.
"La Messe, dit-il, obtient pour les pécheurs en état de péché mortel la grâce du repentir. Pour le juste, elle obtient la rémission des péchés véniels et le pardon de la peine due au péché. Elle obtient une augmentation de la grâce [sanctifiante] habituelle, ainsi que les grâces nécessaires pour leurs besoins particuliers. "

Saint Paul l'Ermite, se tenait un jour à la porte de l'église où les gens entraient. Il vit l'âme d'un homme, un grand pécheur, dans un tel état de corruption qu'il en fut effrayé. Il vit également un diable qui se tenait à ses côtés et semblait le maîtriser complètement. À la sortie de l'église, il vit le même homme si totalement transformé qu'il l'appela et lui demanda confidentiellement s'il regrettait ses péchés. Le pauvre homme confessa immédiatement qu'il avait commis un grand nombre de péchés graves mais que durant la Messe, il avait lu dans son livre de prières, " Si vos péchés sont rouges comme l'écarlate, je les rendrai blancs comme neige. J'ai aussitôt demandé à Dieu de me pardonner, je regrette mes péchés et je veux me confesser immédiatement. "
Saint Paul vit que l'homme, par son acte de repentir sincère et grâce aux mérites infinis de la Messe, avait été pardonné de tous ses péchés.

Notre Seigneur a dit à sainte Mechtilde: " À la Messe, je viens avec une telle humilité, qu'il n'y a aucun pécheur, si dépravé qu'il puisse être, que je ne sois prêt à recevoir si seulement il le désire. Je viens avec une telle douceur et une telle miséricorde que je pardonnerai à mes plus grands ennemis s'ils me demandent leur pardon. Je viens avec une telle générosité, que nul n'est si pauvre que je ne veuille le combler de la richesse de mon amour. Je viens avec une si céleste nourriture qu'elle redonnera de la force aux plus faibles, avec une lumière telle qu'elle illuminera les plus aveugles, avec une telle plénitude de grâces qu'elle ôtera toutes les misères, vaincra toute les obstinations et dissipera toutes les craintes. "
Quelles paroles de divin réconfort - des paroles de Dieu lui-même! Si l'on n'entendait rien d'autre à propos du Divin Sacrifice de la Messe, ces paroles ne suffisent-elles pas à nous remplir de foi et de confiance dans les Divins Mystères?

Saint Grégoire de Nysse. Dans la vie de ce grand saint, nous lisons que son père était tombé dangereusement malade et se mourait. Le malade était dans un tel état de faiblesse qu'il pouvait à peine faire le moindre mouvement. Son pouls était très faible et il était incapable de se nourrir. Finalement, il perdit totalement connaissance.
Sa famille, ne comptant plus sur les moyens humains, plaça sa foi en Dieu. Ils se rendirent à l'église où une Messe fut dite pour le rétablissement du malade.
À leur retour, tout danger était écarté et le patient recouvra bientôt la santé.

Le saint curé d'Ars était gravement malade et malgré les soins des médecins son état s'aggravait rapidement de sorte que l'on perdait tout espoir de le voir revenir à la vie.
Il demanda qu'une Messe soit célébrée à l'autel de sainte Philomène. À la fin de la Messe, il était complètement guéri.

Dans la ville de Lisbonne, une dame se mourait d'une maladie mortelle. Les médecins avaient perdu tout espoir de la guérir. Elle souffrait d'un cancer malin qui était si développé qu'aucune opération n'était possible.
Son confesseur suggéra que l'on dise une Messe pour qu'elle soit complètement guérie.
La mourante accepta le conseil avec joie. La Messe fut offerte en l'honneur de saint Dominique et grâce à son infinie efficacité, la malade recouvra rapidement la santé à la grande joie de ses amis et à la totale surprise de ses médecins.

Combien de fois ne voit-on pas dans les foyers chrétiens des parents, des frères ou des sœurs près de la mort. On fait venir les plus grands médecins, on achète les remèdes les plus coûteux, on ne s'épargne aucune peine pour sauver des êtres chers de la mort et hâter leur guérison.
Tout cela est bien ainsi, mais pourquoi oublier, pourquoi négliger le plus puissant des remèdes, la sainte Messe?
Combien d'hommes et de femmes qui gisent maintenant dans leur tombeau pourraient être vivants et en bonne santé si des Messes avaient été offertes pour eux, comme pour cette dame de Lisbonne?
Combien de malheurs et d'accidents pourraient être évités si les hommes avaient confiance dans les mérites infinis du Saint Sacrifice?
Si les catholiques comprenaient seulement l'efficacité de la Messe, les églises ne seraient pas assez grandes pour accueillir les foules qui voudraient assister aux célébrations des Divins Mystères.
Si seulement les mères allaient à l'église et offraient des Messes pour leurs familles et, mieux encore, si elles apprenaient à leurs chers petits, dès leur enfance, à assister à la sainte Messe.

LA MESSE NOUS OBTIENT UNE MORT HEUREUSE

La grâce suprême de notre vie est une mort heureuse et sainte. À quoi bon une longue et joyeuse existence après avoir joui de tous les conforts que la richesse peut procurer, de tous les honneurs que le monde peut nous accorder, si à la fin nous mourons d'une mauvaise mort?
Une mauvaise mort signifie une éternité de misère et de malheur.
On ne meurt qu'une fois, et si c'est d'une mauvaise mort il n'est plus possible de réparer la faute. Une mauvaise mort plonge l'homme dans les feux de l'Enfer pour l'éternité.
Il est donc de la plus haute importance que nous fassions tout ce qui est en notre pouvoir, que nous utilisions tous les moyens possibles pour nous assurer une heureuse mort.
Les auteurs sacrés recommandent plusieurs méthodes excellentes par lesquelles nous pouvons assurer notre salut et nous devrions toutes les utiliser le mieux que nous pouvons. Tous s'entendent, cependant, pour dire que le meilleur et le plus facile de ces moyens est l'assistance fréquente à la Messe.

Notre Seigneur a assuré sainte Mechtilde qu'il réconforterait et consolerait tous ceux qui seraient assidus à la Messe et qu'il enverrait autant de ses grands saints pour les assister à l'heure de la mort qu'ils avaient entendu de Messes au cours de leur vie.

Penellas rapporte qu'un homme dévot était si confiant dans l'efficacité de la Messe qu'il faisait tout son possible pour assister au Saint Sacrifice aussi souvent qu'il le pouvait. Il tomba gravement malade et mourut dans la joie et avec une grande paix. Le curé de sa paroisse regrettait beaucoup la perte d'un fidèle aussi exemplaire et offrit bien des prières pour son âme.
Grande fut sa surprise lorsque le défunt lui apparut rayonnant de joie pour le remercier de sa charité, ajoutant en même temps qu'il n'avait pas besoin de prières, car ses nombreuses assistances à la Messe lui avaient valu d'être admis directement au Ciel.

Mgr Nautier, évêque de Breslau, malgré ses lourdes tâches et ses grandes responsabilités, s'efforçait d'assister le plus souvent possible aux Messes qui étaient célébrées dans sa cathédrale.
À l'heure de sa mort, on vit son âme monter vers le Ciel accompagnée de nombreux anges glorieux qui chantaient de doux cantiques de joie et de louange.
Tous les bons chrétiens feraient bien de suivre ces saints exemples et de demander à Dieu, chaque fois qu'ils entendent une Messe, de leur accorder la grâce d'une sainte mort et d'échapper aux feux du Purgatoire.

N E MANQUEZ PAS LA MESSE

L'obligation d'assister à la Messe le dimanche et les jours saints est très grave et c'est un péché mortel de manquer à ce devoir ces jours-là. Non seulement le pécheur perd-il ainsi de nombreuses grâces qu'il ne pourra plus jamais recevoir, mais Dieu peut aussi le punir sévèrement comme cela s'est souvent produit.
Voici quelques exemples que nous pourrions mentionner.
Les faits qui suivent sont survenus à Rome. Trois hommes d'affaires se sont rendus à la foire de Cisterno et, après avoir terminé leurs transactions, deux d'entre eux se préparèrent à rentrer à la maison un dimanche matin. Le troisième leur fit remarquer que cela leur ferait manquer la Messe. Les deux hommes s'esclaffèrent en répliquant qu'ils pourraient aller à la Messe un autre jour. Puis ils montèrent à cheval et entreprirent leur voyage de retour.
Leur compagnon assista à la Messe et partit à son tour. Mais quelle ne fut pas sa consternation d'apprendre que ses deux amis avaient perdu la vie, victimes d'un terrible accident!
Celui qui écrit ces lignes se souvient d'une autre terrible punition infligée par le Tout-puissant à un malheureux dans la ville même de Rome. Cet homme était maçon et au lieu d'assister à la Messe le dimanche il travaillait publiquement, causant ainsi un scandale certain.
Le jour de la Pentecôte, il poursuivait comme d'habitude son occupation coupable au sommet d'un échafaud élevé lorsque, malheur, il fut précipité sur le sol et tué instantanément!

Saint Antonin de Florence mentionne un autre cas de mort inopinée comme punition pour ne pas assister à la Messe.
Deux jeunes hommes sont allés chasser ensemble. L'un avait entendu la Messe, l'autre non. Un orage accompagné de tonnerre et d'éclairs éclata soudain au-dessus d'eux. Le jeune homme infortuné qui n'avait pas assisté à la Messe fut frappé par la foudre et tué sur le coup, tandis que son compagnon fut épargné et rentra sain et sauf.
Une des premiers devoirs de tout chrétien est d'entendre la Messe le dimanche, le seul jour de la semaine qui soit consacré à Dieu. Il est en vérité bien téméraire de négliger cette obligation.

COMMENT UN PAUVRE GARÇON EST DEVENU ÉVÊQUE, PUIS CARDINAL, PUIS SAINT

Pierre Damien a perdu son père et sa mère peu après sa naissance. Un de ses frères l'a adopté, mais l'a traité avec une extrême dureté, l'obligeant à de pénibles travaux et lui donnant à peine de quoi manger et se vêtir.

Un jour, Pierre trouva une pièce d'argent qui représentait pour lui une petite fortune. Un ami lui dit qu'il pouvait en conscience la garder pour lui puisque le propriétaire était introuvable.
La seule difficulté était de décider ce dont il avait le plus besoin, car il manquait de tout.
En retournant la question de sa tête, l'idée lui vint qu'il pourrait faire mieux encore, c'est-à-dire faire dire une Messe pour les âmes du Purgatoire, spécialement pour le repos de l'âme de ses chers parents. Au prix d'un grand sacrifice, il mit son projet à exécution et fit dire une Messe.
Sa fortune connut alors un changement immédiat.
Son frère aîné lui rendit visite et, horrifié par les brutalités infligées à cet enfant, fit en sorte qu'il fût confié à ses soins. Il le vêtit et le nourrit comme son propre fils, l'éleva et prit soin de lui avec la plus grande affection. Il reçut grâce sur grâce. Ses merveilleux talents furent bientôt révélés et il accéda rapidement à la prêtrise; peu de temps après, il fut élevé à l'épiscopat et, finalement, il fut fait cardinal Des miracles attestaient de sa grande sainteté de sorte qu'à sa mort, il fut canonisé et déclaré docteur de l'Église. Toutes ces merveilleuses grâces ont découlé, comme d'une fontaine, de cette seule Messe.

Chapitre 6

LES PRÊTRES - DES ANGES SUR LA TERRE

En comprenant la divine dignité de la prêtrise, nous comprendrons plus complètement l'infinie grandeur de la Messe.

Saint Ignace, martyr chrétien, dit que la prêtrise est la plus sublime de toutes les dignités créées.
Saint Éphrem l'appelle une dignité infinie.
Cassian dit que le prêtre de Dieu est exalté au-dessus de toutes les souverainetés terrestres et au-dessus de toutes les hauteurs célestes. Il n'est inférieur qu'à Dieu seul.
Le pape Innocent III dit que le prêtre est placé entre Dieu et l'homme; inférieur à Dieu, mais supérieur à l'homme.
Saint Denis appelle le prêtre un homme divin et la prêtrise une divine dignité.
Saint Éphrem dit que le don de la dignité sacerdotale dépasse toute compréhension.
C'est pourquoi saint Jean Chrysostome dit que celui qui honore un prêtre honore le Christ, et celui qui insulte un prêtre insulte le Christ.
Saint Ambroise appelait l'office du prêtre une divine profession.
Saint François de Sales, après avoir donné des ordres à un saint ecclésiastique, s'aperçut qu'en sortant il s'était arrêté à la porte comme pour donner préséance à quelqu'un d'autre. Interrogé par le saint, il répondit que Dieu lui accordait la faveur de voir son ange gardien qui, avant qu'il eût reçu la prêtrise, se tenait toujours à sa droite et le précédait, mais qu'à partir de son ordination, son ange marchait à sa gauche et refusait de le précéder. C'est donc un saint combat avec l'ange qui le faisait arrêter devant la porte.

Selon saint Thomas, la dignité de la prêtrise dépasse même celle des anges.
Saint Grégoire de Nysse a dit que les anges eux-mêmes vénéraient la prêtrise.
Tous les anges rassemblés ne peuvent remettre un péché. Les anges gardiens procurent aux âmes dont ils ont la charge la grâce d'avoir recours à un prêtre afin qu'il les absolve.
Saint François d'Assise avait coutume de dire : Si je voyais un ange et un prêtre, je m'agenouillerais d'abord devant le prêtre, puis devant l'ange.
Saint Augustin: L'Église entière ne peut rendre à Dieu plus d'honneur ni obtenir autant de grâces qu'un seul prêtre en célébrant une seule Messe. Ainsi, par la célébration d'une seule Messe dans laquelle il offre Jésus Christ en sacrifice, un prêtre rend plus d'honneur au Seigneur que si tous les hommes, en mourant pour Dieu, lui offraient le sacrifice de leur vie.
En ce qui a trait au pouvoir des prêtres sur le corps réel de Jésus Christ, il est de foi que lorsqu'ils prononcent les paroles de la Consécration, le Verbe Incarné s'est obligé lui-même à obéir et à venir entre leurs mains sous les espèces sacramentelles.
Saint Ignace, martyr: Les prêtres sont la gloire et les piliers de l'Église, les portes et les gardiens du Ciel.
Saint Alphonse: si le Rédempteur devait descendre dans une église et s'asseoir dans un confessionnal et si un prêtre devait s'asseoir dans un autre confessionnal, Jésus dirait à chaque pénitent: Ego te absolvo. Le prêtre dirait aussi à chacun de ses pénitents : Ego te absolvo, et les pénitents des deux seraient également absous. Ainsi, la dignité sacerdotale est la plus noble de toutes les dignités de ce monde.
St Ambroise dit qu'elle transcende toutes les dignités des rois, des empereurs et des anges. La dignité du prêtre est autant au-dessus de la dignité du roi que la valeur de l'or dépasse celle du plomb.
Saint Cyprien dit que tous ceux qui avaient le véritable esprit de Dieu étaient saisis de crainte et de tremblement lorsqu'ils étaient contraints de prendre l'ordre de la prêtrise.
Saint Épiphanius écrit qu'il ne trouva personne disposé à être ordonné prêtre, tant on craignait une si divine dignité.
Saint Grégoire de Nysse dit, dans sa vie de saint Cyprien, que lorsque le saint apprit que son évêque voulait l'ordonner prêtre, par humilité, il s'est caché. On relate également dans la vie de saint Fulgence que lui aussi a fui et s'est caché.
Saint Ambroise, comme il l'atteste lui-même, résista longtemps avant de consentir à être ordonné prêtre.
Saint François d'Assise ne consentit jamais à être ordonné.

DIEU RÉCOMPENSE CEUX QUI AIDENT LES PRÊTRES

Un humble commerçant habitait une petite ville d'Irlande avec sa femme et son fils. Ils possédaient très peu des biens de ce monde mais ils étaient très dévots et allaient à la Messe aussi souvent qu'ils le pouvaient.
Un jeune prêtre, en raison de sa mauvaise santé et d'un surcroît d'études, perdit son équilibre mental et fut incapable de remplir ses devoirs de prêtre. Il errait de lieu en lieu, doux et gentil, sans gêner personne.
Le bon marchand proposa à sa femme de lui donner une petite chambre dans leur modeste demeure et de le nourrir. Le prêtre accepta avec joie leur invitation et passa plusieurs années avec eux, allant et venant à sa guise.
Avant sa mort, il revint à la raison et, assit sur son lit de mort, il pria Dieu avec ferveur de bénir abondamment ces braves gens: " Multipliez par mille, Seigneur, tout ce qu'ils m'ont donné à moi, votre prêtre. Bénissez spirituellement et bénissez-les temporellement. " Et en disant cela, il rendit d'âme.
Merveilleusement, le modeste commerçant connut une telle prospérité que son fils devint millionnaire, quatre de ses sœurs se firent religieuses ainsi que quatre des sœurs de sa femme. Lui-même vécut jusqu'à un âge avancé.

Ceux qui contribuent généreusement à l'éducation des étudiants à la prêtrise reçoivent de grandes récompenses, car ils ne pourraient rien faire de plus grand que d'offrir un bon prêtre à Dieu. Personne sur terre ne peut autant rendre gloire à Dieu qu'un prêtre dévot.

Chapitre 7

COMMENT ENTENDRE LA MESSE AVEC PROFIT

1. La première condition pour entendre bien la Messe est de bien comprendre l'infinie sainteté du Saint Sacrifice et les grâces qu'il obtient.
Pour cela nous devons lire non pas une fois mais souvent ce petit livre sur la Messe.
La Messe, comme nous l'avons vu, est un stupéfiant mystère. Notre esprit, d'un autre côté, est faible et lent à comprendre. Nous devons donc lire fréquemment et réfléchir sérieusement sur les merveilles de la Messe. Une seule Messe entendue avec intelligence et dévotion nous obtient plus de grâces qu'une centaine entendues avec distraction et dans l'ignorance de ce qu'est la Messe.

2. Nous devrions faire une règle absolue d'arriver à l'église quelques minutes avant la Messe, premièrement, pour être préparés et recueillis lorsque le prêtre arrive à l'autel et deuxièmement, pour éviter de causer des distractions aux autres.

3. Nous ne devrions pas seulement entendre la Messe, mais nous devrions offrir la Messe avec le prêtre. De plus, nous devrions avoir l'intention d'entendre et d'offrir toutes les Messes qui sont dites en même temps partout dans le monde. De cette façon, nous recevons une partie de toutes ces innombrables Messes!

LA CROIX

4. Nous remarquons immédiatement qu'un crucifix se trouve sur chaque autel, que les vêtements du prêtres sont tous marqués du signe de la croix, que le prêtre commence la Messe par le signe de croix. Pourquoi? Pour nous montrer clairement que la Messe est vraiment le Sacrifice de la Croix, que dans la Messe le Christ est crucifié, qu'Il répand son précieux Sang et qu'Il meurt pour nous. Nous ne devons avoir aucun doute que nous assistons réellement au Sacrifice de la Croix.

LES PRIÈRES DE LA MESSE

Nous pouvons utiliser toutes les prières que nous voulons et qui nous aident le plus, mais il est généralement admis qu'il est préférable d'utiliser le livre de prières et de suivre, aussi fidèlement que nous le pouvons, la Messe avec le prêtre.
Le Confiteor. Lorsque le prêtre s'incline au commencement de la Messe et récite le Confiteor, nous devrions nous unir nous aussi avec Jésus dans son agonie, nous devrions humblement confesser nos fautes et demander son pardon par les mérites de l'agonie du Christ.
Nous suivons ensuite les prières que dit le célébrant.
Au Sanctus, nous devrions nous souvenir que les anges descendent pour assister en foule à la Messe et que nous sommes au milieu d'eux, et que nous devrions joindre nos voix aux leurs en adorant et en louant Dieu. Ils présentent nos prières à Dieu.
À la Consécration, nous devrions être remplis d'amour et de la plus profonde révérence, car Jésus naît vraiment dans les mains du prêtre, comme il est né à Bethléem. Lorsque le prêtre élève la sainte Hostie, nous devrions contempler notre Dieu dans une extase de joie, comme les anges le contemplent au Ciel et dire, " Mon Seigneur et mon Dieu ".
À la Consécration du Précieux Sang, nous devrions nous rappeler que tout le Précieux Sang que Jésus a répandu sur le Calvaire se trouve dans le calice et nous devrions l'offrir à Dieu avec le prêtre pour la gloire de Dieu et pour nos propres intentions.
Il est bien de nous placer nous-mêmes, avec nos péchés, toutes nos intentions, tous ceux qui nous sont chers, et toutes les âmes du Purgatoire dans tous les calices offerts en cet instant dans le monde entier.
Nous devons être remplis d'amour et d'une crainte révérencielle depuis la Consécration jusqu'à la Communion. Nous sommes au milieu d'une infinité d'anges en adoration.
C'est en vérité un signe de douloureuse ignorance de manifester de l'irrévérence, de regarder autour de soi ou de parler durant cet instant très sacré. Il est bien plus grave encore de quitter l'église et d'abandonner Dieu qui meurt sur l'autel pour nous. Rien sinon la plus urgente nécessité ne devrait nous amener à partir, au moins avant la Communion du prêtre.
Rappelez-vous, chers lecteurs, que le jour où vous entendez la Messe vaut plus pour vous que mille autres jours et que toutes les peines et tous les travaux d'une journée, d'une semaine ou même d'une année entière, ne sont rien en comparaison du prix d'une seule Messe.

UN MOT AUX PÈRES ET AUX MÈRES

À la lecture des merveilleuses paroles des saints et des docteurs de l'Église, comment une mère ou un père chrétiens peuvent-ils ne pas désirer ardemment qu'un de leurs fils devienne prêtre?
Les parents recherchent sincèrement le bien-être de leurs enfants; ils s'efforcent de leur procurer tous les bonheurs, tous les avantages, tous les honneurs.
Comme il est triste, alors, qu'ils recherchent si rarement pour eux le plus grand de tous les honneurs, c'est-à-dire la prêtrise.
Il est vrai qu'il existe quelques familles qui comptent jusqu'à trois, quatre, six enfants qui sont devenus prêtres, mais elles sont, hélas, extrêmement rares!

 

 

LES MERVEILLES DE LA CONFESSION

 

 

Première partie

LE SECRET DE LA CONFESSION

Lettre du nonce apostolique, Lisbonne

La Confession a-t-elle été introduite par un évêque ?

Le Christ a institué la Confession

Quelle tempête se serait levée !

Ce que les protestants pensent de la Confession

Les faits sont des arguments têtus

Pourquoi Dieu nous oblige-t-il à confesser nos péchés à un homme ?

" Venez à moi, vous tous qui peinez et ployez sous le fardeau "

Nous avons tous besoin d'un ami

Le choix d'un confesseur

Deuxième partie

LES MERVEILLES DE LA CONFESSION

Le cardinal Mermillod et l'actrice

Le deux tribunaux

Jésus et les pécheurs

Première partie

LE SECRET DE LA CONFESSION

Chapitre I

LA CONFESSION A-T-ELLE ÉTÉ INTRODUITE PAR UN ÉVÊQUE ?

Au cours d'une réception chic dans la ville de Lisbonne, un groupe de catholiques bien connus s'étaient réunis pour passer une soirée mondaine.

Un de mes amis entra dans la pièce au moment où un étranger distingué s'adressait à un groupe de dames et de messieurs et il l'entendit faire la remarque suivante :

" Pardonnez-moi, Madame, disait l'étranger, je n'ai pas dit exactement que la Confession était bonne ou mauvaise et je ne voulais pas non plus laisser entendre qu'elle était inutile. J'ai simplement dit qu'elle convenait très bien aux dames qui trouvent sans doute très consolant de pouvoir soulager leur conscience à un prêtre. Mais les hommes n'ont pas besoin de telles consolations ! "

Cette dame répliqua vivement : " Et dites-moi s'il vous plaît, Monsieur, comment les hommes peuvent-ils se croire dispensés d'observer une loi établie pour tous ? Les hommes n'ont-ils pas une âme à sauver et ne sont-ils pas obligés d'obéir eux aussi aux commandements de Dieu ? "

L'étranger continua : " Chère Madame, l'idée que la Confession aurait été instituée par Dieu est une illusion. Ce n'est pas Dieu qui a institué la Confession; elle est une invention purement humaine. Où peut-on en trouver mention dans les premiers temps du christianisme ? Si elle était d'origine divine, l'obligation de se confesser nous incomberait naturellement à nous aussi. En fait, la Confession fut instituée et introduite premièrement en Allemagne, au quatorzième siècle, par l'évêque Fuller. " Et notre étranger se mit à citer, avec une extraordinaire effronterie, des noms de lieux, des dates et des faits totalement imaginaires.

Son auditoire était stupéfait. Quelques-uns tentèrent de défendre la doctrine de l'Église, mais personne ne connaissait suffisamment sa religion pour être en mesure de réfuter avec autorité les faussetés de cet invité distingué.

Le jour suivant, l'ami qui avait été témoin de l'incident me rendit visite en admettant à regret qu'il avait été incapable de réfuter les arguments de cet étranger, et il me pria de l'éclairer sur ce sujet.

Je crois bien que de nombreux catholiques, s'ils s'étaient trouvés dans les mêmes circonstances, auraient éprouvé les mêmes difficultés. Il est vrai qu'ils ont une certaine connaissance vague que la Confession a été instituée par Notre-Seigneur et pratiquée depuis les tout premiers temps, mais si on leur demandait d'en apporter la preuve, ils seraient tout aussi incapables de donner une raison à leur foi. Ils seraient encore bien moins en mesure d'expliquer – si un protestant ou un incroyant le leur demandait – la beauté sublime, la divine efficacité, les merveilleux résultats et les immenses consolations de la Confession. Et bien moins encore pourraient-ils répondre aux nombreuses difficultés si fréquemment soulevées contre ce grand Sacrement.

Pour satisfaire ce que nous considérons être un grand besoin, nous nous permettons d'offrir au public ce petit ouvrage qui montrera non seulement que la Confession a véritablement été instituée par le Christ, mais qu'elle est aussi une source de consolations profondes et de force pour ceux qui la comprennent. Bien des catholiques ne saisissent pas pleinement la véritable idée de la Confession et certains la considèrent même un devoir pénible et désagréable.

Les protestants, en général, trouvent l'idée répugnante, mais chose étrange, ils sont nombreux, lorsqu'on la leur explique, à en ressentir clairement le besoin et il n'est pas rare que cela précipite leur entrée dans l'Église catholique.

Nous nous flattons de croire que ce petit livre intéressera les catholiques comme les protestants et que sa lecture attentive leur sera grandement profitable. Le style n'est pas savant et il met l'accent sur plusieurs points essentiels. La méthode est simple mais attrayante et le lecteur est si captivé qu'il dépose difficilement le livre avant d'en avoir lu la dernière ligne.

Un des principaux traits de ce petit ouvrage est de montrer quelle source infinie de consolation et d'aide la Confession peut offrir aux affligés et aux faibles, et quel puissant moyen elle représente pour secourir des garçons et des filles menacés de quelque secret danger. Il prouve également que, loin d'enlever à l'homme sa virilité – comme l'affirmait imprudemment un homme d'État protestant distingué – la Confession auriculaire fait de tout homme un brave soldat, un citoyen loyal et un ami fidèle (1) .

Chapitre 2

LE CHRIST A INSTITUÉ

LA CONFESSION

Le Fils de Dieu est venu sur terre pour sauver les hommes. De quoi ? Évidemment du péché et de ses conséquences. Tout ce que le Christ a fait sur la terre – les sublimes leçons qu'il a enseignées, la doctrine admirable qu'il nous a laissée, les Sacrements qu'il a institués, les miracles qu'il a opérés, les lois qu'il a promulguées, ses préceptes et ses conseils – tout avait pour but de sauver les hommes du péché.

Les 33 années que le Christ a passé ici-bas sur cette terre, ses cruelles souffrances, le Précieux Sang qu'il a versé et sa mort sur le Calvaire avaient pour objectif premier de libérer le monde du péché. S'il n'avait pas atteint ce but, sa mission aurait été un échec.

C'est pour cette raison qu'il est venu. Il a aimé les pécheurs, il a vécu avec eux et les a appelés à le suivre. L'un d'eux, Pierre , était un homme faible et pécheur. Il en a fait le chef de son Église. Paul , le persécuteur acharné et impitoyable, il en a fait l'apôtre des Gentils et un " vase d'élection ". Il a choisi Madeleine , une pécheresse, le scandale de la ville où elle vivait, pour en faire son amie, un modèle pour les pénitents et finalement la compagne de sa Mère immaculée.

Si les actions de Notre-Seigneur ne suffisaient pas à lever tous les doutes sur la question, écoutons alors sa déclaration expresse : " Je ne suis pas venu appeler les justes, mais les pécheurs " (Mt 9.13).

Or si le Christ a donné à son Église le pouvoir de poursuivre sa mission jusqu'à la fin en lui garantissant sa protection – " Et moi, je suis avec vous pour toujours, jusqu'à la fin du monde " (Mt 28.20), " Les portes de l'Hadès ne tiendront pas contre elle " Mt 16-18) – il serait en vérité surprenant qu'il n'ait pas donné à cette Église un excellent et suprême remède contre le péché, étant donné qu'il est venu sur cette terre précisément à cette fin, animé par une pitié, une miséricorde, une bonté et un amour infinis.

Assurément, personne ne mettra en doute le pouvoir de Notre-Seigneur d'accomplir ce qu'il désirait si ardemment, et moins encore son amour et sa générosité sans limites. Ce pouvoir omnipotent qui fit sortir du néant ce vaste univers par une simple parole ne pouvait trouver aucune difficulté à relever les faibles et à leur pardonner pour les confirmer sur la voie de la justice. Cet amour et cette générosité qui l'ont conduit à donner sa vie au milieu d'horribles tourments allaient sûrement faire tout ce qui était possible pour aider ceux pour qui il avait donné sa vie.

Ce moyen – ce remède que Notre-Seigneur a laissé contre le péché – est la Confession, par laquelle le pécheur reçoit non seulement le pardon de sa faute, mais (notez bien cela, chers lecteurs) reçoit la force et le pouvoir d'éviter le péché à l'avenir.

Notre-Seigneur dit à chaque pénitent qui vient vers lui par ce Sacrement ce qu'il a dit jadis à la femme adultère : " Tes péchés te sont pardonnés, va en paix et ne pèche plus. " Non seulement il prie les pénitents de ne plus pécher, mais il leur donne la force et la volonté de ne plus pécher.

L'HISTOIRE PARLE

Tous les peuples chrétiens, dans tous les temps, ont considéré que la Confession avait été instituée par le Christ. Cette croyance a toujours été à ce point certaine et assurée que l'Église n'a jamais dû publier à l'égard de cette doctrine de la Confession aucune de ces nombreuses et dogmatiques déclarations, ou de ces explications et définitions soigneusement libellées qu'elle fut forcée de produire concernant de nombreuses autres doctrines controversées ou reniées par des hérétiques à un moment ou l'autre de l'histoire.

Il est arrivé fréquemment dans l'histoire de l'Église que des doctrines non encore définies ont été librement discutées par des théologiens de différentes écoles de pensée jusqu'au moment où l'Église juge à propos d'intervenir. Toute discussion prend alors fin selon l'adage de saint Augustin : " Rome a parlé, la cause est jugée. " (Roma locuta est; causa finita est) Mais en ce qui concerne la Confession, l'opinion des théologiens a toujours été unanime. L'autorité infaillible n'a jamais eu à intervenir.

CE QUE DISENT LES SAINTS PÈRES

Saint Basile écrit ce qui suit : " Nos péchés doivent nécessairement être confessés à ceux à qui fut confiée la dispensation des mystères de Dieu. Il est écrit dans les Actes des Apôtres : 'Ils se confessaient aux Apôtres, par qui ils avaient aussi été baptisés.' ( In Rrg. Brev., q. 229, 2, 11, p.492).

Saint Ambroise : " Le poison est le péché, la Confession est l'accusation de ses crimes; le poison est l'iniquité, la Confession est le remède contre la rechute. Mais tu as honte ? Cette honte te sera d'un faible secours lorsque tu paraîtras en jugement devant le trône de Dieu. Surmonte-là bien vite. "

Saint Augustin : " Notre Dieu miséricordieux nous demande de nous confesser en ce monde afin que nous ne soyons pas confondus dans l'autre. " ( Hom . XX).

Saint Jean Chrysostome : " Nous sommes à la fin du Carême. Nous devons faire une complète et exacte Confession de nos péchés. " ( Hom . XXX). " Aux prêtres fut confié un pouvoir que même les Anges et les Archanges ne possèdent pas, car Jésus a dit : 'Ceux à qui vous remettrez les péchés, ils leur seront remis. Ceux à qui vous les retiendrez, ils leur seront retenus.' "

Saint Jérôme : " Avec nous le prêtre ou l'évêque retient ou remet après les avoir entendus, comme c'est son devoir, les différentes sortes de péchés; il comprend ceux qui devraient en être libérés et ceux à qui ils devraient être maintenus. " ( Com. in Mth.).

En lisant le contexte de ces Pères, il est parfaitement clair qu'ils parlent de la Confession auriculaire.

La Confession n'a donc jamais soulevé aucune controverse. L'histoire n'en rapporte aucune, non plus que les documents conservés dans les bibliothèques ou les archives, pour la simple raison qu'il n'y eut jamais aucun doute concernant l'institution divine de la Confession auriculaire.

Chapitre 3

QUELLE TEMPÊTE SE SERAIT LEVÉE !

De plus, si la Confession avait été inventée par un Pape, un évêque ou un prêtre quelconque, ou si quelque autorité humaine l'avait imposée comme une obligation – et plus encore comme un Sacrement – quelle tempête de discussion, quelles disputes acerbes cette initiative n'aurait-elle pas soulevées ! Alors que même des questions de nature purement dogmatique donnent lieu à de longues et amères contestations, qu'en aurait-il été si un homme – fût-il évêque, prêtre ou même Pape – avait ordonné aux hommes de confesser à d'autres hommes leurs crimes et leurs péchés secrets, et si, de sa propre initiative, il avait déclaré que quelqu'un pouvait être désigné par un homme pour pardonner les péchés ?

On ne retrouve pas la trace d'une telle tempête. Rien de tel ne s'est jamais produit parce que la Confession auriculaire nous parvient depuis l'aube du christianisme comme faisant partie essentielle de la Loi établie par le Christ.

Ajoutons que si la Confession avait été instituée par un évêque ou un Pape, nos adversaires seraient certainement en mesure de le nommer et de nous dire quand et en quel pays ce Sacrement a d'abord été introduit ! L'histoire ne rapporte aucun de ces faits et aucun écrivain n'en fait mention. Personne ne peut préciser une date à laquelle la Confession a commencé à être pratiquée dans un pays ou un autre. La vérité est qu'elle a été pratiquée simultanément par tous les chrétiens, dans tous les temps et dans tous les pays partout où il y a eu des chrétiens.

LES HÉRÉTIQUES ET LES SCHISMATIQUES

ADMETTENT LA CONFESSION

Il est une autre considération qui mérite d'être mentionnée. Depuis les tout premiers temps, des communautés chrétiennes – schismatiques et hérétiques – occupant des territoires étendus et comprenant des races entières, se sont séparées de l'Église. Elles lui ont toujours été hostiles et n'hésitaient pas à lancer une attaque lorsqu'elles en avaient l'occasion. Il est certain qu'elles n'auraient jamais accepté une doctrine ou une institution comme la Confession auriculaire si elle n'était pas venue directement du Christ.

Or le fait est que ces communautés chrétiennes acceptent non seulement la divine institution de la Confession, mais qu'elles lui sont très attachées et qu'elles la pratiquent. Si elles ne l'ont pas reçue après leur séparation de l'Église de Rome, elles doivent l'avoir eue depuis le commencement.

Il n'existe par conséquent pas la moindre trace d'une institution humaine de ce Sacrement mais, par contre, les Pères de l'Église affirment de la façon la plus claire l'institution divine de la Confession : saint Augustin, saint Jérôme, saint Jean Chrysostome et une foule d'autres, comme nous l'avons déjà remarqué.

On peut retracer la pratique de la Confession en remontant de siècle en siècle jusqu'à l'époque des Apôtres. Nous trouvons non seulement des femmes et des enfants mais de puissants monarques, des savants éminents, des soldats courageux et des hommes aux personnalités les plus diverses confesser humblement leurs fautes et implorer l'absolution. On rapporte que saint Ambroise, par exemple, versait des larmes lorsqu'il entendait en Confession et que son exemple touchait le cœur des pécheurs les plus endurcis.

UN FAUX ARGUMENT

L'histoire et la Tradition sont à ce point claires sur ce point, à savoir que la Confession est d'institution divine, que les ennemis de la Confession sacramentelle en sont réduits à de ridicules extrémités pour trouver un argument, si nébuleux soit-il, à l'appui de leur assertion.

C'est pourquoi, abandonnant le mythe de l'institution humaine, ils ont recours à l'argument que c'est le Christ lui-même qui a pardonné les péchés et ils soutiennent par conséquent qu'il n'y avait aucune raison de conférer ce pouvoir à des hommes !

Il est manifestement vrai que le Christ a racheté les hommes par sa Passion sacrée et au prix de son Précieux Sang. Mais il est nécessaire que les mérites de la Mort et du Sang du Christ soient continuellement appliqués à chaque âme individuelle. Notre-Seigneur a payé un prix infini pour notre Rédemption; mais en dépit de cette glorieuse Rédemption, nous ne sommes pas devenus des anges pour autant, nous sommes toujours de faibles mortels aux prises avec les tentations, nous vacillons encore et nous tombons. Le péché continue toujours d'exister et de faire des ravages parmi nous. Les hommes pèchent et demeurent des pécheurs; ils mentent, ils volent et commettent d'innombrables fautes auxquelles est sujette notre faible nature humaine.

Dieu nous a laissé notre volonté libre, cette grande faculté qui nous fait ressembler aux anges et même à Lui-même, et dont il n'aurait pas pu nous priver sans détruire notre nature. Mais nous abusons fort honteusement de ce don de la liberté et, malgré la grande bonté de Dieu, nous continuons à pécher et à pécher gravement. Le péché, malheureusement, abonde. Dieu est venu nous sauver du péché. Il est donc certain qu'il a dû nous laisser, d'une part, un moyen efficace de pardonner le péché et, d'autre part, l'aide et la force nécessaires pour éviter de nouvelles rechutes. Ce moyen est manifestement la Confession.

LE CHRIST A INSTITUÉ LA CONFESSION

Les paroles par lesquelles les Écritures rapportent l'institution de la Confession sont si claires qu'il ne peut y avoir le moindre doute sur la question. Avant d'instituer le Sacrement, Notre-Seigneur avait promis à saint Pierre : " Je te donnerai les clefs du Royaume des Cieux : quoi que tu lies sur la terre, sera tenu dans les Cieux pour lié, et quoi que tu délies sur la terre, ce sera tenu dans les Cieux pour délié. " (Mt 18.18).

Il a répété plus tard la même promesse, cette fois à ses Apôtres : " En vérité je vous le dis : tout ce que vous lierez sur la terre sera tenu au ciel pour lié, et tout ce que vous délierez sur la terre sera tenu au ciel pour délié. " (Mt 18.18).

Finalement, il institua ce grand Sacrement lui-même avec des paroles catégoriques et claires :

" Comme le Père m'a envoyé, moi aussi je vous envoie. (...) Recevez l'Esprit Saint. Ceux à qui vous remettrez les péchés, ils leur seront remis; ceux à qui vous les retiendrez, ils leur seront retenus. " (Jn 20.21-23).

Notez ces paroles formelles : " Comme le Père m'a envoyé, moi aussi je vous envoie. " Qui, après des paroles aussi précises, osera encore douter que Notre-Seigneur a institué la Confession ? L'Écriture nous donne par la suite des preuves de l'exercice de cette pratique car il est écrit dans les Actes des Apôtres : " Beaucoup de ceux qui étaient devenus croyants venaient faire leurs aveux et dévoiler leurs pratiques. " (Actes 19.18).

Saint Jacques écrit dans son épître : " Confessez donc vos péchés les uns aux autres et priez les uns pour les autres, afin que vous soyez guéris. " (Jacques 5.16).

Chapitre 4

CE QUE LES PROTESTANTS PENSENT

DE LA CONFESSION

Nous rencontrons fréquemment des protestants qui, bien qu'ils ne croient pas eux-mêmes à la Confession, ont pourtant une idée claire et précise de sa merveilleuse efficacité.

Certains ont même rejoint l'Église en raison de leur désir de se confesser. Nous en donnerons quelques exemples.

Vers la fin du dix-neuvième siècle, alors que l'hostilité de nombreux protestants contre les catholiques touchait au fanatisme, un monastère dominicain fut fondé en Angleterre dans une région à majorité protestante et où les quelques catholiques qui restaient appartenaient pour la plupart à la classe pauvre.

Le ministre protestant était un personnage influent qui ne condescendait pas à manifester la moindre sympathie, bien moins encore le moindre signe d'amitié, envers les pauvres frères venus s'installer dans sa paroisse.

On imagine donc l'étonnement du Supérieur de ce monastère lorsqu'un matin, le frère portier est venu lui annoncer qu'un pasteur protestant, le révérend M. Burton, souhaitait lui parler. Il se rendit immédiatement au parloir pour connaître la raison de cette visite inattendue.

Son sourire de bienvenue fut reçu parle visiteur avec une froide réserve.

" Je ne suis pas satisfait de mes serviteurs, dit le pasteur, et je n'ai pas l'intention de leur payer leurs gages. "

" Mais mon cher Monsieur ", répondit le P. Thomas, totalement pris pas surprise, " qu'ai-je à faire avec vos serviteurs ? Cependant, puisque vous m'honorez de votre confidence, permettez-moi de vous dire que vous n'agissez pas selon la justice en refusant de verser leurs gages aux pauvres gens qui vous servent. "

" Je n'ai pas terminé mon explication ", répliqua le pasteur. " Mes serviteurs sont catholiques – mais ils ne vont pas à confesse. Pourquoi donc, Monsieur, croyez-vous que j'ai des serviteurs catholiques dans ma maison plutôt que des protestants comme il serait naturel ? C'est parce que je veux qu'ils aillent se confesser, car je sais que la Confession est une garantie de leur bonne conduite. "

S'ils vont se confesser, j'ai l'assurance qu'ils ne me voleront rien et qu'ils ne diront pas du mal de moi, mais qu'ils rempliront consciencieusement leurs obligations. Je sais que les membres de l'Église catholique romaine sont obligés de confesser tous leurs péchés, comme le vol, les actes d'injustice, les services mal exécutés et les autres fautes et imperfections de cet ordre. Je suis parfaitement conscient du pouvoir restrictif de la Confession. C'est la raison pour laquelle j'ai des serviteurs catholiques dans ma maison, mais à la condition expresse qu'ils aillent à confesse. Je ne serais pas sans cela venu déranger votre Révérence. Je vous prie par conséquent de les admonester. Ils font partie de votre troupeau. "

Et sans rien ajouter, il prit congé.

Inutile de vous dire que le P. Thomas fit ce qu'on lui avait demandé et qu'il admonesta les serviteurs fautifs. Ceux-ci ne furent pas moins étonnés que le bon Père devant le geste inattendu de leur maître protestant.

Ceci nous rappelle les paroles de notre divin Maître : " Les enfants de ce monde-ci sont plus avisés avec leurs semblables que les enfants de la lumière. " (Luc 16.8).

Le cas que nous venons de raconter n'a rien d'exceptionnel et des circonstances similaires nous été rapportées. Il n'est pas rare que des protestants préfèrent avoir des serviteurs catholiques dans leur maison pour la simple raison qu'ils les considèrent plus dignes de confiance. Bien des protestants placent également leurs enfants entre les mains d'éducateurs catholiques et les envoient dans des collèges catholiques pour les mêmes raisons.

Cette façon de penser s'oppose malheureusement à celle de soi-disant catholiques qui refusent d'accorder à leurs serviteurs le temps et la permission d'aller se confesser, comme si ce temps consacré à la Confession allait les priver d'un certain nombre de services domestiques. Quand comprendront-ils que la fréquentation des Sacrements par leurs subordonnés est la meilleure garantie d'un bon et fidèle service ?

LES MERVEILLES NE CESSERONT JAMAIS

" Ce que je vais vous raconter est une des choses les plus extraordinaires de ma vie ", me dit un jour un prêtre bien connu.

" Une dame catholique vint me dire un jour qu'un jeune protestant désirait être reçu dans l'Église de façon à pouvoir épouser une catholique et il demandait si j'accepterais de le baptiser. J'ai répondu que devenir catholique simplement afin de pouvoir se marier n'était pas une raison suffisante pour changer de religion, mais j'ajoutais qu'elle pourrait me présenter son candidat.

" Quelques jours plus tard, elle revint accompagnée du jeune homme et nous laissa discrètement ensemble. Le jeune en vint directement au fait : 'Je veux épouser Julia et je suis prêt à devenir catholique'.

" 'Jeune homme, lui répondis-je, votre désir d'épouser Julia n'est pas une raison pour embrasser le catholicisme.'

" 'Pardon, répliqua-t-il, je ne me suis pas bien exprimé. Ce n'est pas uniquement pour épouser Julia que je désire devenir catholique .'

" 'Dans ce cas, vous devez avoir d'autres raisons. Quelles sont-elles ? Êtes-vous insatisfait de la religion de votre naissance et dans laquelle vous avez été élevé, la religion de vos parents et de vos amis ? Ou est-ce parce que vous voyez dans notre Église quelque chose qui vous attire ? Quelle est la raison ? Quel motif vous attire à nous ?

" George n'était évidemment pas prêt à répondre de façon catégorique. Il hésita un instant et dit : 'Je veux devenir catholique afin de pouvoir me confesser.'

" Mon ami, répliquai-je, voilà franchement une raison extraordinaire. C'est précisément à cause de la Confession que beaucoup de vos coreligionnaires craignent d'embrasser la foi catholique. Et vous me dites que c'est précisément pour vous confesser que vous voulez devenir catholique ?

" Immédiatement, avec une indubitable sincérité, George me confia ses idées sur la Confession en termes si clairs et si convaincants qu'il aurait fait honte à bien des catholiques. Il avait parfaitement saisi le sens de ce Sacrement et comprenait clairement la paix, la force et la consolation qu'il procure lorsqu'on le pratique comme il se doit.

" Mon cher Père, ajouta-t-il pour conclure, j'ai beaucoup d'amis catholiques et, franchement, je ne crois pas qu'ils soient meilleurs que je ne le suis, mais ils peuvent compter sur des secours et des avantages qui me sont refusés. Lorsqu'ils tombent dans quelque faute ou qu'ils se sentent attirés par la tentation, je sais qu'ils peuvent avoir recours à la Confession. D'après ce qu'ils me disent, le prêtre les accueille toujours avec gentillesse et ne désire que les aider. En fait, je sais qu'il en a aidé quelques-uns à sortir de terribles pétrins. Ils m'ont avoué par la suite que sans lui ils seraient certainement allés au diable et je le crois sans peine.

" Pardonnez-moi, Père, mais ne le prenez pas mal si je vous dis franchement que je ne pense pas grand chose des catholiques qui ne pratiquent pas leur religion. Ces gens ne valent pas cher. Je suppose qu'ils confirment l'adage : Corruptio optimi pessima [La corruption des meilleurs est la pire].

" 'Alors faudrait-il donc s'étonner si je désire avoir un ami vers qui me tourner dans mes difficultés. Vous voyez vous-même que si je respecte et aime tendrement mon père et ma mère, il y a cependant bien des choses que je ne pourrais facilement leur dire. J'ai également de bons amis, mais nos secrets sont trop sacrés et intimes, et parfois trop complexes, pour être confiés ailleurs que dans un confessionnal à un prêtre tel que le conçois.'

" Inutile de vous dire que j'étais non seulement convaincu de la sincérité de George, mais également stupéfait de trouver chez ce jeune protestant une compréhension aussi claire de la Confession. "

CONFESSION ET RESTITUTION

Un autre fait qui impressionne vivement les protestants, c'est que chaque année, d'importantes sommes d'argent sont restituées à leurs propriétaires légitimes par le biais de la Confession. Il n'est pas facile de dire ce qui l'emporte, de leur surprise ou de leur joie, lorsqu'un prêtre catholique romain leur remet une somme d'argent avec ces quelques mots : " Permettez-moi de vous remettre ce montant d'argent qui m'a été confié. Il vous avait été enlevé et on m'a prié de vous le rendre. "

Il y a quelque temps, un marchand qui demeure dans le sud de l'Irlande m'a dit qu'un prêtre de l'Irlande du Nord lui avait envoyé 200 livres avec ce message : " Le montant ci-joint a été pris à votre père il y a bien des années et on me l'a remis pour qu'il vous soit restitué. "

LES GRANDS PROTESTANTS ET LA CONFESSION

Au commencement de la Réforme, les fondateurs du protestantisme eux-mêmes voulaient à tout prix conserver la Confession.

On trouve la déclaration suivante de Luther dans Prélude sur la captivité babylonienne : " Je préférerais plutôt continuer à être soumis à la tyrannie du Pape que d'abolir la Confession. "

Melanchthon déplorait amèrement la disparition de la Confession et déclarait qu'il était nécessaire de la rétablir.

Henry VIII, avant de tomber dans ses terribles excès, parlait ainsi de la Confession dans son livre sur la défense des Sacrements : " Si je n'avais pas lu la doctrine de la Confession dans les Écritures ou dans les livres des Pères de l'Église, il me suffirait de voir comment elle a été pratiquée par tous les peuples chrétiens dans tous les âges pour me convaincre qu'elle n'est pas une invention humaine mais une loi divine. "

Peu à peu, les réformateurs furent cependant contraints par leurs partisans, qui ne toléraient plus la moindre contrainte et voulaient donner libre cours à leurs pires passions, de rejeter la doctrine et la pratique de la Confession. Et jusqu'à ce jour, les plus éclairés des protestants déplorent la perte des consolations qu'apporte ce Sacrement.

Leibniz, illustre philosophe protestant, affirme en parlant de la Confession : " Nous devons admettre que l'institution de la Confession est digne de la sagesse divine et que la religion chrétienne ne contient rien qui soit plus noble ou plus admirable. L'obligation de se confesser contribue grandement, premièrement, à nous garder du péché – surtout si notre cœur n'a pas été déjà endurci et perverti. Deuxièmement, elle est d'une grande consolation pour ceux qui par malheur tombent, car elle les aide à se relever. Pour cette raison, je considère qu'un confesseur pieux, grave et prudent est un puissant instrument de Dieu pour le salut des âmes. Par ses conseils, il forme nos affections, il signale nos défauts et nous prévient des occasions de péché. Il nous exhorte à restituer ce nous avons volé, à réparer les injustices que nous pouvons avoir commises; il résout nos doutes et nous console lorsque nous sommes déprimés. En un mot, il aide à guérir ou à tout le moins alléger la faiblesse de notre âme.

" Si, sur terre, on ne trouve guère une chose qui soit supérieure à un ami fidèle, que pourrait-on dire de cette personne qui se trouve obligée par un inviolable Sacrement de religion à garder le secret de nos confidences, à nous accorder son aide et à nous donner ses conseils. "

Ce glorieux témoignage, écrit après mûre réflexion par un célèbre théologien protestant, devrait être médité par tous les penseurs sérieux.

Rien d'étonnant à ce que de nos jours des milliers et des milliers de protestants sincères et avancés tentent de restaurer la Confession dans leurs Églises.

Chapitre 5

LES FAITS SONT DES ARGUMENTS TÊTUS

Lorsque la Grande Guerre [Première Guerre mondiale] a éclaté, il n'y avait que 33 aumôniers catholiques dans l'armée britannique. Cela suffisait amplement aux besoins du moment étant donné que la vaste majorité des troupes étaient protestantes, ou du moins non catholiques.

De plus, les soldats catholiques, en plus de l'aide des 33 aumôniers officiels, avaient pleine liberté de fréquenter les églises catholiques des ports et des villes où ils étaient stationnés, et les prêtres du district avaient également libre accès aux casernes ou, selon le cas, aux navires de guerre.

Avec le commencement des hostilités et l'augmentation rapide du nombre des soldats, le gouvernement, composé entièrement de protestants, augmenta à 600 le nombre des aumôniers catholiques ! Ces aumôniers jouissaient de la plus haute considération et obtenaient d'emblée le rang de capitaines, avec solde complète, en plus de fonds supplémentaires alloués pour leurs dépenses. Le temps venu et compte tenu de leurs mérites, ils étaient promus au rang de major, de colonel et même de général, avec les émoluments correspondants. Tous les objets nécessaires au culte catholique comme les autels, les vêtements sacerdotaux et les vases sacrés étaient généreusement fournis. Pour autant que nous sachions, aucune autre armée ne témoignait pareille considération envers ses aumôniers.

Nous avons ainsi un éloquent témoignage de la valeur accordée à la Confession et aux Sacrements par un gouvernement fermement protestant.

Ces 600 aumôniers se distinguèrent si remarquablement que des milliers de protestants, remplis d'admiration par leur zèle et leur organisation, leur ont rendu publiquement hommage à la fin de la guerre.

Quelques-uns des grands journaux londoniens, nonobstant leur perspective purement protestante, n'hésitèrent pas eux non plus à déclarer que " les soldats catholiques, encouragés par la présence et le ministère de leurs Padres, ne craignaient ni homme ni diable et faisaient face à tous les dangers ".

Aucune difficulté n'empêchait ces prêtres héroïques d'être auprès de leurs hommes, qu'ils soient vivants, mourants ou morts. Ils étaient bien payés de retour car les soldats, fortifiés par les Sacrements, ne connaissaient pas la peur et accomplissaient des actes de bravoure incroyables. Un officier non catholique, stupéfait par leur sang-froid, déclarait : " Ces hommes faisaient face à la mort le sourire aux lèvres ! "

Leurs héroïques confrères de l'armée française, les braves entre les braves, remportaient également tous les suffrages des officiers comme des hommes et leur splendide courage a beaucoup fait pour insuffler une vie et une énergie nouvelles chez des soldats déjà épuisés par la fatigue et par la longueur et les rigueurs de la guerre.

Quelques incidents feront mieux comprendre le pouvoir de la Confession durant ces temps terribles.

Un fantassin agonisant, près des lignes françaises, demanda à son colonel de faire office d'interprète étant donné que le seul aumônier présent était un prêtre français. On l'assura qu'il pouvait faire sa Confession par signes, mais il insista pour confesser tous ses péchés. Devant l'ardent désir de ce pauvre soldat, le brave officier, qui était protestant, écouta la confession de cet homme et la traduisit au prêtre qui donna l'absolution. Rien ne pouvait égaler la gratitude du soldat à l'agonie qui expira quelques instants plus tard, heureux comme un enfant.

Le colonel fut profondément impressionné, posa de nombreuses questions et finit par devenir catholique avant la fin de la campagne. De nombreux autres officiers l'imitèrent.

L'évêque d'Amiens, après avoir visité 5.000 officiers et soldats blessés, affirma que 10 d'entre eux seulement ne s'étaient pas confessés et n'avaient pas communié ! Inutile de dire que ces 5.000 soldats appartenaient à divers régiments en provenance de différentes régions de France, de sorte que l'incident donne une bonne idée de ce qui se passait dans le reste de l'armée.

À l'arrivée des premiers détachements de soldats américains, quelques aumôniers britanniques offrirent courtoisement leurs services aux nouveaux arrivants. Ils apprirent avec joie que tous les hommes s'étaient confessés une ou deux semaines auparavant.

Un journaliste protestant suisse avait obtenu l'autorisation de visiter des postes avancés des Forces Alliées et il eut amplement l'occasion de parler avec les soldats.

Il publia à son retour de très beaux comptes rendus de ses rencontres avec les aumôniers : " Parmi les merveilles de cette terrible guerre, écrivait-il, une des plus extraordinaires est l'apparition d'une nouvelle sorte de héros, le héros prêtre, dont on ne saurait dire trop de bien. Il est l'admiration de tous et un merveilleux secours pour les hommes. "

Leur conduite contrastait vivement avec celle de bien des aumôniers protestants qui, malgré leur bravoure et leur ardent désir de venir en aide à leurs ouailles, devaient se limiter à un réconfort essentiellement matériel; ils leur apportaient du thé, du sucre, du tabac et organisaient des spectacles récréatifs pour les hommes qui se reposaient derrière les lignes. Ils ne pouvaient rien faire d'autre; ils n'avaient pas de Sacrements ni d'aide spirituelle à leur offrir. Les prêtres catholiques faisaient ce qu'ils pouvaient pour aider leurs hommes matériellement, mais leur véritable travail était de les entendre en Confession, de leur donner l'Extrême Onction et la Sainte Communion, de dire la Messe, apportant ainsi la vie, la joie et la consolation à leurs soldats qui étaient prêts à affronter la mort à tout moment.

Un soir, au mess, alors que tous les officiers présents étaient protestants à l'exception d'un seul, l'un d'eux racontait une très belle histoire à propos d'un aumônier catholique et, se tournant vers son collège catholique, il lui dit : " Vos prêtres sont des types épatants, mais je me demande bien à quoi servent nos pasteurs. "

Un autre ajouta : " Vous, les catholiques, vous pouvez vous permettre d'être braves; vous savez où vous allez, vous vous êtes confessés. Allez savoir ce qui va m'arriver si je tombe. "

La guerre des Boers. Un soldat catholique fut ramené mourant. Il demandait un aumônier. Le prêtre le plus proche était à 300 km. Informé du fait, le maréchal Lord Roberts donna immédiatement l'ordre d'envoyer une patrouille pour ramener le prêtre. Sur le chemin du retour, ils tombèrent dans une embuscade et durent se rendre.

Les Boers, en apprenant que le commandant en chef de l'armée britannique avait envoyé une patrouille à une telle distance pour ramener un prêtre à la demande d'un seul soldat mourant, furent stupéfaits. Les soldats firent le salut militaire et souhaitèrent bon voyage à la petite troupe.

La capture d'un vaisseau négrier. Il y a quelques années, un navire de guerre britannique avait reçu l'ordre de surveiller la côte africaine où des marchands d'esclaves se livraient à leur commerce barbare. L'un d'eux fut repéré mais au lieu de se rendre, il réussit à contourner un promontoire et à se réfugier en eau peu profonde.

Une chaloupe fut mise à l'eau avec ordre, si possible de le rejoindre et de le capturer. Le commandement avait été donné à un jeune lieutenant qui monta à l'abordage du navire ennemi sous une grêle de balles. Un combat s'ensuivit et l'équipage composé de féroces desperados livra une lutte désespérée. Le jeune lieutenant fit preuve d'une bravoure insigne et remporta la victoire malgré l'inégalité des forces en présence.

Il fut récompensé à son retour en Angleterre par une promotion au grade de capitaine. Répondant à un discours dans son ancienne école il déclara : " Messieurs, je mérite fort peu les louanges dont vous m'honorez. Bien que conscient du danger, je ne peux pas dire que j'aie ressenti de la peur. J'étais allé me confesser quelques jours auparavant et je savais que tout était bien. "

Chapitre 6

POURQUOI DIEU NOUS OBLIGE-T-IL

À CONFESSER NOS PÉCHÉS À UN HOMME ?

Le Fils de Dieu s'est fait homme de façon à être comme nous et à pouvoir ainsi plus naturellement gagner notre affection, notre sympathie, et nous contraindre à l'aimer.

Il est notre Seigneur et Maître et aurait pu nous obliger à le servir et à lui obéir mais il a plutôt choisi, dans son ineffable bonté, de captiver nos cœurs par les doux attraits de son amour.

Sa bonté, sa douceur, sa tendre affection, sa miséricorde, son inlassable patience, tout révèle de façon merveilleuse son amour infini. Sa loi est une loi d'amour; sa religion est un avant-goût du Paradis. Ses deux grands préceptes sont de l'aimer de tout notre cœur et d'aimer notre prochain comme nous-mêmes.

Mais si notre doux Maître nous a donné une religion si pleine de tendresse et d'amour, pourquoi alors nous impose-t-il le stricte devoir, l'obligation humiliante de confesser nos péchés à des hommes qui sont faibles et pécheurs comme nous ? N'a-t-il pas dit à Madeleine : " Tes péchés sont remis. Va en paix " ? (Luc 7.48-50). Pourquoi n'adresse-t-il pas à chacun d'entre nous de semblables paroles de miséricorde et d'amour ? Pourquoi devons-nous nous confesser à un homme ?

Celui qui décrit la Confession comme un stricte devoir, une obligation humiliante, montre combien il connaît mal la Confession. En vérité, lorsqu'il a institué le Sacrement de la Confession, l'intention de notre Divin Maître était de nous donner une consolation durable, non de nous humilier et de nous faire honte. En dehors de la Sainte Eucharistie, dans laquelle il se donne lui-même, il ne nous a rien donné qui soit plus profitable, plus saint, plus propre à procurer la joie que la Confession sacramentelle.

Nous allons maintenant expliquer, clairement et en toute vérité, la pensée de Notre-Seigneur concernant la Confession.

LES DIX LÉPREUX

Lorsqu'il prêchait sur terre ses sublimes doctrines, Notre-Seigneur captivait tous les cœurs par son infinie bonté, guérissant les malades, réconfortant les affligés, faisant partout le bien. Les multitudes étaient sous le charme de sa grâce; leur cœur était brûlant lorsqu'il leur parlait.

Un jour, dix lépreux qui se tenaient à distance parce que la Loi leur interdisait d'approcher élevèrent la voix pour l'appeler : " Jésus, Maître, aie pitié de nous ! " Ils le priaient de les guérir.

Jésus répondit : " Allez vous montrer aux prêtres. " (Luc 17.14).

Il aurait facilement pu les guérir sans l'intervention de personne. Pourquoi les a-t-il envoyés aux prêtres ?

LE LOUP VORACE

Saint Paul, avant sa conversion, était semblable à un loup vorace et persécutait l'Église du Christ, possédé par une seule idée qui était de détruire l'œuvre du Divin Maître.

Poursuivant ce projet impie, il était en route vers Damas, investi de l'autorité pour arrêter et punir les disciples du Sauveur lorsque Jésus lui adressa ces paroles d'une inexprimable tendresse : " Saul, Saul, pourquoi me persécutes-tu ? "

Ces paroles ont transpercé le cœur du féroce persécuteur et le loup fut changé en agneau, la haine en amour et le persécuteur en Apôtre.

Tremblant et repentant, Paul interrogea humblement : " Seigneur, que veux-tu que je fasse ? "

Le Seigneur répondit : " Lève-toi et rends-toi dans la ville; là, on te dira ce que tu dois faire. "

Jésus s'adressait à Paul; il aurait pu lui dire lui-même ce qu'il devait faire, ou il aurait pu remplir son âme de lumière et manifester sa volonté. Mais non, il l'a envoyé chez Ananias, son ministre.

NOTRE RELIGION EST HUMAINE ET DIVINE

Mais pourquoi montrer avec tant d'insistance que Jésus pourrait pardonner les péchés sans la Confession, qu'il pourrait se passer de toute intervention humaine, alors qu'on pourrait en dire autant de toutes ses relations avec nous ?

Pourquoi prier Dieu ! Dieu ne connaît-il pas tous nos besoins; ne sait-il pas ce que nous souhaitons et espérons ? Pourquoi donc, alors, nous oblige-t-il à prier, à demander ?

Ne pourrait-il pas nous purifier du péché originel d'une seule parole ? Pourquoi nous oblige-t-il à nous faire baptiser, à faire verser de l'eau sur notre tête et à prononcer certaines paroles en nous disant que si ce rite n'est pas exécuté, nous ne pouvons entrer dans le Royaume des Cieux ?

Pourquoi faut-il oindre le mourant avec de l'huile; pourquoi faut-il utiliser du pain et du vin dans le Sacrement de l'Eucharistie ? Dieu pourrait tout faire sans intervention humaine, sans se servir de choses matérielles. Pourquoi Jésus a-t-il lui-même utilisé de la terre et de la salive pour guérir l'aveugle ?

Notre religion catholique est divine et humaine. Elle est divine par ses origines, par les grâces qu'elle accorde, par les lumières, la paix, la consolation qu'elle apporte. Elle est humaine parce qu'elle doit être en conformité avec notre nature et adaptée en toute chose à nos besoins. Dieu agit harmonieusement dans ses œuvres – Omnia disponit suaviter – mais jamais autant que lorsqu'il ordonne pour nous une religion on ne peut plus parfaite.

Une religion pour les hommes ne devrait pas être froide ou abstraite et il ne faudrait pas non plus qu'elle soit dure ou désagréable, qu'elle brusque ni qu'elle heurte nos sentiments et nos idées; elle devrait correspondre aux lois générales de notre être; elle devrait être perceptible à nos sens, visible et tangible. Nous agissons et tirons notre connaissance de ce que nous voyons, entendons et touchons, avec l'aide de notre imagination, de notre mémoire et de notre volonté. Notre religion, si importante pour nous de toutes les manières, devrait être à portée et dans les limites de nos facultés. Ce devrait être une religion pour des êtres humains, non pour des anges; pour des pécheurs faibles et rebelles qui ont besoin de réconfort, de force et de pitié, non pour les Saints dans le Paradis.

Notre-Seigneur a prêché en utilisant un langage sublime mais simple. Il s'est servi de métaphores claires et adaptées à ses auditeurs, qu'il prenait dans l'environnement auquel ils étaient le plus habitués. Dans ses comparaisons il a parlé des fleurs, des champs, de la mer. Il a comparé le Royaume des Cieux avec toute sa gloire à une graine de moutarde. Il s'est comparé à une poule qui veut rassembler ses poussins sous ses ailes.

Dans ses contacts avec le peuple, il a veillé aux besoins des humbles et des affligés. Avec quelle divine condescendance n'a-t-il pas consolé la veuve de Naïm lorsqu'il a ramené son fils à la vie; avec quelle tendresse affectueuse il a pleuré à la mort de Lazare; avec quel amour il a défendu Madeleine lorsqu'elle s'est agenouillée à ses pieds dans la maison du pharisien. Avec quelle gentillesse il a pardonné à la pauvre pécheresse, avec quelle douceur il a demandé qu'on laisse venir à lui les petits enfants et avec quelle divine condescendance il a laissé Jean reposer sa tête sur sa divine poitrine !

Il est devenu un homme au sens le plus vrai, le plus complet du terme, partageant nos émotions, nos sentiments, nos peines, susceptible des mêmes douleurs et sujet aux mêmes conditions de faim, de froid et de fatigue. Il a voulu être comme nous en toute chose afin que nous puissions plus facilement devenir comme lui.

C'est pour cette même raison qu'il a voulu nous donner une religion qui nous convienne en tout : facile, naturelle, remplie de paix et de consolation. Nous appliquerons cette doctrine à la Confession dans le chapitre suivant.

Chapitre 7

" VENEZ À MOI, VOUS TOUS QUI PEINEZ

ET PLOYEZ SOUS LE FARDEAU "

Dans le confessionnal, le prêtre est le plénipotentiaire de Jésus. Il est là pour continuer la mission de Notre-Seigneur auprès des pécheurs; il est là pour dispenser avec la plus grande générosité les miséricordes de Dieu envers les hommes.

" Ô MON DIEU, AIE PITIÉ DE MOI, PÉCHEUR "

Le pauvre pécheur, chargé de nombreux péchés, conscient de ses manquements et de ses faiblesses, s'agenouille aux pieds du ministre de Dieu. Il confesse ses fautes, aussi nombreuses et sombres qu'elles aient pu être; il se relève pardonné.

Son cœur était rempli de douleur, de peine et de honte, sa conscience tourmentée par le remords, son âme troublée par le doute et la crainte. Il dépose ce lourd fardeau aux pieds du prêtre; ses péchés sont engloutis dans l'abîme de la Miséricorde de Dieu; il a l'impression qu'on vient de lui enlever de sur les épaules le poids d'une montagne. Il fait de nouveau face à la vie avec toutes ses peines et ses tentations avec en lui une force nouvelle, une paix nouvelle, une vie nouvelle.

Et le prêtre ? Il éprouve une compassion infinie pour le pauvre pécheur à ses pieds. Avec quelle gentillesse il l'aide à se confesser; avec quel amour il l'encourage, avec quelle sagesse il l'admoneste et avec quelle humilité il fait comprendre au pécheur qu'il est lui aussi faible et pécheur. Jamais il ne ressent le moindre dégoût en écoutant les péchés de son pénitent, peu importe la gravité des fautes; il ne le méprise pas pour les petites mesquineries, les pauvres fragilités, les violentes tentations qu'il peut avoir à confesser. Au plus profond de son âme il remercie Dieu pour la grâce qui lui permet de sauver une âme égarée. L'immense consolation qu'il ressent est impossible à décrire.

Les plus grands et les plus heureux moments de la vie d'un prêtre sont à l' Autel avec son Dieu et dans le confessionnal avec ses pénitents.

Dieu fait naître en son cœur un amour et une affection pour les pauvres âmes qui viennent à lui, comparable à l'amour qu'il implante dans le cœur d'une mère pour ses enfants.

LE PETIT ENFANT

Si le pénitent est un petit enfant, innocent, pur et candide qui n'a pas encore connu les remords de conscience ni fait face aux durs coups de la tentation, le travail du prêtre est alors fort délicat. Il sait que " c'est à leurs pareils qu'appartient le Royaume de Dieu ", et combien ils sont chers au Maître. Il sait également qu'il aura à répondre à l'Ange de cet enfant pour l'âme qui est confiée à ses soins.

Comme une mère, il écoute l'histoire des petites fautes et des petits manquements. Il s'efforce de guider les pas hésitants, à insuffler avec amour dans ce jeune esprit des pensées pour le Dieu du ciel, la beauté de son service, l'ingratitude du péché, la malice de l'offense faite à un Dieu si bon.

La petite graine est semée, le plant se développe et Dieu voit un autre lys immaculé s'épanouir dans son Jardin.

UN CŒUR BRISÉ

Le doux visage de l'enfant disparaît et une triste figure prend sa place. Le prêtre écoute à présent la voix contenue d'une âme profondément douloureuse, une pauvre âme torturée par le doute, écrasée par le poids des soucis, luttant contre une douleur presque trop cruelle à supporter.

Il écoute en retenant son souffle la triste histoire d'un cœur brisé, d'espoirs anéantis, d'une vie ruinée.

Que peut-il dire, quels mots peut-il trouver pour adoucir cette peine ? Il murmure une prière à l'Esprit d'en haut, un appel rapide et fervent pour l'aider à sauver, à réconforter le malheureux à ses pieds; et le Saint-Esprit, le Consolateur, lui souffle à l'oreille le message voulu, le sage conseil, les paroles de miséricorde qui telle une rosée céleste tombent sur l'âme douloureuse du pénitent pour lui donner réconfort et courage, et la résolution de porter amoureusement la Croix avec le Christ qui a tant souffert pour nous. La Croix est lourde, mais il a maintenant reçu la force de la porter. La vie passe rapidement et les portes de la Demeure éternelle s'ouvrent devant cette âme. Les paroles de son ami spirituel lui ont parlé de la récompense qui sera grande dans les Cieux, où le chagrin et la peine seront abolis à jamais.

Jour après jour, durant bien des années, le prêtre peine de longues heures dans le confessionnal. Il écoute, il pardonne, il réconforte, il encourage, il relève, arrachant sans cesse des âmes à l'Enfer pour les présenter à Dieu.

Telle est la Confession que dans leur ignorance certains protestants ne peuvent comprendre et que des catholiques même ont la sottise de considérer dure et désagréable.

Nous vous le demandons, que pourrait-il y avoir de plus humain, de plus consolant ? Quoi de plus digne de la douceur, de la Miséricorde et de l'Amour de Dieu !

Chapitre 8

NOUS AVONS TOUS BESOIN D'UN AMI

Quelle est la chose que nous désirons tous lorsque nous sommes rejoints par la peur, le doute, la tristesse ou l'infortune ? C'est assurément un ami, un véritable, loyal, prudent et affectueux ami vers qui nous pouvons nous tourner pour lui confier notre chagrin, rechercher ses conseils, et qui saura nous comprendre et nous consoler.

Un instinct enfoui au plus profond de notre nature nous porte à chercher un ami en cas de difficultés pour décharger notre cœur du poids qui l'écrase. L'homme est un être essentiellement social qui doit volontiers partager ses joies et ses peines, ses craintes et ses espérances avec les autres. La mère console ses enfants comme personne d'autre ne peut le faire; l'épouse aimable et avisée réconforte son mari lorsqu'il est dans le chagrin ou la tristesse; et un ami n'est jamais autant un ami que le jour où frappe le malheur.

C'est pourquoi Jésus, qui nous connaît comme personne au monde, nous dit : " Venez à moi, vous tous qui peinez et ployez sous le fardeau, et moi je vous soulagerai. " (Matthieu 11.28). Telle est son idée de la Confession.

Il désigne un prêtre pour le représenter, pour être un autre Christ. Il remet les pleins pouvoirs à ce délégué, l'aide par ses inspirations divines et le prépare au cours de nombreuses années études – ce qui le rend digne du grand ministère auquel il l'appelle.

LES PERSES, LES CHINOIS ET LES JAPONAIS SE CONFESSENT

Tous les êtres humains, peu importe la race ou le tempérament, qu'ils soient chrétiens, juifs ou païens, ressentent ce besoin d'avoir quelqu'un à qui ouvrir leur cœur. Cela est si vrai que les Indiens, les Perses, les Chinois et bien d'autres peuples païens ont institué une sorte de " Confession " qui leur est propre afin de combler cette pressante exigence de la nature humaine.

Malheureusement, leur " Confession " est loin d'être parfaite car il lui manque les garanties et les secours divins, les grâces et les consolations que Dieu seul peut accorder – et surtout, l'absolution du prêtre. Cet humble effort produit cependant de grands biens et les résultats en sont souvent visibles. C'est un pas dans la bonne direction, bien que les garanties en soient absentes.

LE PÉCHÉ MORTEL

Nous pouvons tous ressentir la douleur d'une épine enfoncée dans notre chair. En fait, toute substance étrangère à notre être nous cause de la douleur et nous n'avons de cesse que nous ne l'ayons ôtée.

Infiniment plus grave encore est le poison que le péché introduit dans notre âme. Les amers remords, la peur du châtiment, la conscience de la colère de Dieu nous accablent et nous oppressent.

Être en état de péché mortel, c'est être en révolte contre Dieu. S'il fallait que le mince cordon de la vie se brise, nous tomberions en Enfer sans le moindre espoir de salut ou de pardon. Tant que nous demeurons dans ce terrible état, nous sommes sous le pouvoir du diable. Nous avons chassé Dieu, nous sommes ses ennemis et en conflit avec lui. En conséquence, l'Esprit du mal a sur nous la maîtrise et s'efforce par tous les moyens en son pouvoir de nous blesser, de nous gêner, de nous perdre.

Qui pourrait jamais dormir en paix avec une vipère dans son lit ? Qui consentirait à dormir avec un fou furieux dans sa chambre ? Qui songerait à se remettre entre les mains d'un ennemi cruel et implacable ? Et c'est pourtant cela que font ces hommes et ces femmes qui commettent un péché mortel et demeurent dans cet état.

Personne n'accuserait le docteur angélique, saint Thomas d'Aquin, de peurs inutiles ou de scrupules exagérés. Il déclare cependant que pour rien au monde il ne voudrait demeurait une seule nuit en état de péché mortel (2) , et il ne pouvait comprendre qu'un homme ayant l'usage de sa raison oserait le faire. Le danger de la mort est toujours imminent, et " C'est une chose effroyable que de tomber aux mains du Dieu vivant ". (Héb 10.31).

DES CRIMINELS CONFESSENT LEURS CRIMES

C'est un fait bien connu dans les annales du crime que les hommes qui ont perpétré quelque crime horrible et qui réussissent à échapper aux mains de la justice ne trouvent jamais le repos. La vision de leur péché, le visage et le sang de leur victime sont toujours devant leurs yeux. Une peur étrange les hante jour et nuit, leur vie devient un enfer.

Finalement, incapables de supporter plus longtemps ces terribles tortures, ils confessent volontairement leur crime et se livrent à la justice. L'emprisonnement à vie dans les pénitenciers les plus sévères ou même une mort infâme sur l'échafaud est vue comme un soulagement par une conscience torturée. Si ces malheureux avaient eu la foi et s'ils s'étaient jetés aux pieds d'un représentant du Christ pour confesser leur péché, ils auraient trouvé le soulagement dans son pardon et dans leur propre repentir.

Judas, après avoir trahi Jésus, s'est pendu de désespoir. S'il était allé aux pieds du Maître ou s'il avait fait même un seul acte de contrition parfaite, il aurait échappé à son triste sort. Pierre, qui par trois fois a renié son Seigneur, s'est repenti, a imploré sa Miséricorde, et il est devenu le Vicaire du Christ sur la terre, celui qui détient les clefs du Royaume.

Chapitre 9

LE CHOIX D'UN CONFESSEUR

Nous avons tous des goûts et des sympathies personnels et c'est naturellement en fonction de ces préférences que nous choisissons nos amis.

Dieu nous permet aussi avec attention de choisir notre propre confesseur.

Notre prêtre de paroisse nous baptise et nous marie; il a également le devoir de nous administrer le Saint Viatique à l'heure de la mort; mais nous sommes tous libres de choisir notre confesseur parmi les nombreux prêtres autorisés à entendre en Confession.

Pourquoi cette liberté nous est-elle donnée ? Pour que nous puissions être parfaitement à notre aise en nous confessant.

Les confesseurs ont la stricte obligation de traiter avec la plus grande charité ceux qui viennent à eux mais, comme tous les mortels, ils ont leur tempérament, leur caractère et leurs manières propres, une culture et des idées différentes. C'est au pénitent de choisir qui il veut.

Les confesseurs n'agissent pas de leur propre chef et ne fondent pas non plus leurs décisions sur des opinions personnelles. Ils enseignent la doctrine de Jésus-Christ, insufflent ses conseils dans le cœur des fidèles et prennent leurs décisions sur des principes établis par les Pères de l'Église. Leurs pénitents ont ainsi la garantie de recevoir une saine doctrine et un bon conseil (3) .

Mais en certaines choses, le confesseur doit user de sa propre discrétion et de son jugement en traitant avec les faibles et les forts, les enjoués et les déprimés, les négligents et les plus pieux. Il stimule les uns, restreint les autres; pour certains, il doit les reprendre, d'autres les consoler, car différentes sortes de maladies appellent des remèdes différents. Ce qui est nourriture pour l'un peut être poison pour cet autre.

C'est encore au pénitent de choisir le guide spirituel qu'il comprend le mieux et qui le comprend le mieux.

Chacun devrait prier longuement et avec ferveur pour que le Seigneur lui donne un Père spirituel approprié à ses besoins. C'est incroyable le progrès que l'on peut faire et la sécurité que l'on connaît entre les mains d'un guide compétent. Le don d'un bon confesseur est sans nul doute une des plus grandes grâces de Dieu. Une Confession bien faite peut changer le cours d'une vie entière et bien des Confessions de ce genre le font assurément.

Lorsqu'on a trouvé le Père et l'ami qui nous convient, il ne faudrait pas en changer facilement pour un autre. Celui qui a une confiance absolue en son médecin ne pense pas à consulter un étranger.

La coutume de changer fréquemment de confesseurs ou d'aller vers le premier qui se présente n'est pas recommandée, car tout comme la présence d'un trop grand nombre de médecins peut tuer le patient, des confesseurs peuvent créer la confusion chez le pénitent. Tous donnent sans doute de sains conseils, mais les conseils, comme les médicaments, doivent être administrés avec méthode et jugement. Si vous changez fréquemment de confesseur, comment le nouveau peut-il comprendre votre caractère et vos besoins ?

Le confesseur habituel veillera naturellement avec plus de soins et de diligence à la sanctification des âmes qui se confient à lui. Il prie pour elles durant la Sainte Messe; il surveille leurs progrès et encourage leurs efforts. Il les voit comme si Dieu les lui avait confiées, comme ses propres enfants, sa joie et sa couronne : gloria mea et corona mea (St Paul).

Il existe des confesseurs pour tous les goûts, toutes les classes et tous les niveaux de culture. Le prêtre de paroisse est très recherché par son peuple. Il est leur pasteur et leur Père dans le Christ. Il les a baptisés et mariés, il a partagé leurs joies et leurs peines – et combien d'entre eux n'a-t-il pas accompagnés jusqu'à leur dernière demeure dans le calme d'un cimetière. Ils lui doivent beaucoup et ils le savent fort bien.

Médecins, avocats, scientifiques et journalistes recherchent souvent un savant dominicain versé dans les doctrines de saint Thomas d'Aquin afin d'être mieux informés concernant les problèmes que présente leur profession.

Le bon frère Antoine, dans son Prieuré Saint-François, voit son confessionnal entouré par ses bien-aimés pauvres qui le vénèrent hautement.

Au Saint-Nom, beaucoup aiment le ton jovial et la manière magistrale du P. Stanislaus qui semble les pousser sur la voie du salut. D'autres préfèrent le cher P. Ignatius, dont la culture et l'aménité attirent en foules les élites.

Puis il y a le P. Berkeley à Old Mills avec ses 500 scouts, les plus solides gaillards du comté. Il n'est surpassé que par le P. Dominic, qui vient de fêter ses trente ans et a l'air d'un véritable grand-père au milieu de ses 200 petits catéchumènes âgés de sept à quatorze ans. On croirait parfois qu'ils veulent le mettre en pièces avec leurs marques d'affection.

Dans les paroisses rurales, ce jeune vicaire n'a pas son pareil, lui dont les gens disent qu'il sera le prochain évêque – et naturellement ils le savent. Au moindre appel, le voilà qui s'en va par monts et par vaux porter le Viatique à un mourant, hiver comme été, de jour comme de nuit. L'appel du malade est un appel de Dieu et pas un prêtre n'oserait hésiter un instant lorsqu'il est question de sauver une âme. S'il fallait que par sa faute une seule âme lui échappe sans les Sacrements, son remords durerait toute sa vie ! Combien de prêtres meurent victimes du devoir, mouillés jusqu'aux os par une froide nuit d'hiver pour porter le Viatique à un pénitent qui se meurt, ou victimes du typhus contracté en donnant l'absolution au travailleur malade dans sa pauvre petite cabane. Glorieux martyrs de la Charité !

Le dimanche, il est au milieu des jeunes qui se préparent pour le match de football, aussi enthousiaste que les joueurs et recommandant un accueil chaleureux et courtois pour les visiteurs.

Quels hommes merveilleux que ces prêtres catholiques, et quelle puissance dans la Confession !

Deuxième partie

LES MERVEILLES DE LA CONFESSION

Chapitre 10

LE CARDINAL MERMILLOD ET L'ACTRICE

L'histoire qui suit, racontée par le cardinal Mermillod, est une belle illustration de ce que la Confession peut réellement faire. C'est au cardinal lui-même que la chose est arrivée et c'est un incident parmi des milliers d'autres qui se produisent quotidiennement et donnent aux prêtres les plus vives consolations.

Son Éminence était à l'époque un simple prêtre, actif, brillant et d'une vive intelligence. Il se donnait corps et âme à son travail, incapable de faire les choses à moitié. Le devoir n'était pas seulement sacré, c'était une passion. Il y avait fort peu de prêtres à Genève à l'époque; les devoirs de la mission étaient lourds et l'atmosphère franchement hostile.

Un soir – il était plutôt tard et la journée avait été fatigante – on frappa avec force à sa porte. Un jeune homme, bien mis et d'allure avenante, entra et lui dit que son ministère était requis. Une dame était en danger de mort. Interrogé sur l'urgence du cas, le messager répondit que la situation était grave et que le prêtre était attendu le lendemain à la même heure. La maison était située dans un district éloigné et mal connu du P. Mermillod qui nota soigneusement l'adresse.

Fidèle à sa promesse, il se mit en chemin le soir suivant pour visiter la malade et trouva la maison sans trop de difficulté. C'était un beau chalet au milieu d'un jardin avec une vue magnifique sur le lac de Genève.

Il ouvrit la grille et s'approcha de la maison en remarquant qu'il y avait du monde à dîner, que la salle à manger était illuminée et qu'à travers les fenêtres entrouvertes on entendait distinctement les voix animées et les rires des convives.

Quelque peu perplexe, il sonna à la porte et un valet de pied en livrée lui ouvrit immédiatement. Ayant demandé à voir la personne malade, on lui répondit que tout le monde se portait bien dans la maison et qu'on lui avait probablement donné la mauvaise adresse.

" Mais n'est-ce pas le Chalet Violet et ne sommes-nous pas rue Valois ? " demanda-t-il en montrant l'adresse notée avec soin.

" L'adresse est exacte, Monsieur, mais il doit y avoir un malentendu. Personne n'est malade dans la maison et je ne vois pas comment un message aurait pu être envoyé sans ma connaissance. J'ai pour devoir de veiller à ce que ces communications parviennent à leur destinataire et on me donne les instructions correspondantes concernant les personnes que je dois recevoir. "

" Puis-je parler à votre Maîtresse ? " suggéra le P. Mermillod.

" Je regrette, Révérend Père, mais ma Maîtresse reçoit actuellement à dîner une troupe de l'Opéra. Cependant, si vous insistez, je lui porterai votre message. "

" Je vous en serais fort obligé car le cas me semble mystérieux et il ne me sera pas facile de parcourir à nouveau une si longue distance. "

En apprenant cet étrange incident, la dame de la maison fut naturellement surprise et, racontant le fait à ses invités, elle suggéra à son mari qu'il serait peut-être bien de voir ce prêtre. Le mari alla donc rencontrer le visiteur.

" Nous sommes désolés, cher Monsieur, d'apprendre que quelqu'un vous a demandé de venir sans que nous le sachions. Nous ne pouvons imaginer qui cela pourrait être ou quel aurait pu être le motif d'une plaisanterie aussi malvenue.

" Personne n'est malade dans la maison, nous n'appartenons pas à votre religion et nous recevons en ce moment quelques amis du théâtre. Voudriez-vous vous joindre à nous ? Vous êtes tout à fait le bienvenu et mon épouse sera heureuse d'apprendre ce singulier incident de votre propre bouche. Je crois d'ailleurs que plusieurs de nos invités sont catholiques. "

La première réaction du P. Mermillod fut de décliner l'invitation puis, voyant la possibilité de faire quelque bien, il répondit qu'il avait déjà dîné mais qu'il serait heureux de se joindre à eux.

Après quelques mots de présentation à la joyeuse compagnie, il fut invité à prendre place aux côtés de l'hôtesse.

LE DÎNER

" Je n'ai jamais eu le plaisir de vous rencontrer, Père, lui dit-elle, mais nous avons tous entendu parler de vous. Nous sommes ravis de vous avoir parmi nous, mais quelle étrange aventure ! À quoi ressemblait votre visiteur ? "

Le P. Mermillod décrivit avec précision l'apparence du jeune homme qui lui avait rendu visite la veille – la dernière personne qu'il aurait cru capable d'une mauvaise plaisanterie – et il répéta aussi exactement que possible les paroles de son visiteur tout en montrant l'adresse et les quelques indications pour trouver la maison.

" Vous autres prêtres catholiques devez connaître d'étranges expériences. Devez-vous répondre à tous ceux qui vous appellent, même si vous ne les connaissez pas ? "

" Oui, Madame, c'est notre habitude d'aller vers tous ceux qui nous demandent, s'ils ont besoin de notre ministère. "

" Mais vous arrive-t-il souvent des aventures comme celle de ce soir ? "

" Il nous arrive, pour ainsi dire, toutes sortes d'aventures, et nous rencontrons des gens de toutes conditions mais, grâce à Dieu, nous pouvons faire beaucoup de bien et apporter un réconfort incalculable à bien des cœurs brisés. J'avoue qu'il ne m'est jamais arrivé une aventure comme celle-ci, mais certains de mes collègues ont vécu des choses tout aussi étranges. "

" Racontez-nous s'il vous plaît, Père, quelques-unes de ces 'aventures'. "

Le P. Mermillod ne demandait pas mieux et commença à raconter quelques petits épisodes palpitants de son existence. On l'écoutait avec une vive attention et il répondit à plusieurs questions pertinentes, signe de l'intérêt qu'il avait suscité.

Avec cette délicieuse franchise qui caractérise les gens de théâtre, si différente des manières cérémonieuses et guindées de la société ordinaire, cette troupe d'acteurs et d'actrices manifestait une extrême curiosité pour tout ce qu'il leur racontait. C'était la première fois qu'ils rencontraient un prêtre et il était décidément fort différent des idées préconçues qu'ils se faisaient des ecclésiastiques. Il les surprenait franchement en leur disant combien la Confession était merveilleuse, non pas à force de paroles mais en relatant ses anecdotes. Tout cela était tellement différent de ce qu'ils avaient pu entendre ou lire auparavant. Il rapportait une information de première main; son évidente sincérité donnait à ses histoires un accent de vérité; et tout ce qu'il leur racontait était si humain et sincère que cela leur allait droit au cœur.

Il avait également de bonnes histoires à propos de libres penseurs avec qui il avait croisé le fer, et des notions ridicules qu'ils entretenaient sur les doctrines de l'Église catholique.

Rien, cependant, n'éveillait tant leur intérêt que la Confession et ils voulaient tout connaître sur la question.

Une jeune actrice remarqua en riant : " Comme j'aimerais passer quelques heures dans un confessionnal pour entendre toutes les peccadilles de mes chères sœurs. "

La boutade fut accueillie par des murmures amusés tout autour de la table.

" Ah, ma chère Dame, bien que vous viviez au milieu de ce monde de frivolités, j'ose dire que vous connaissez fort peu les horreurs et les immenses chagrins qu'on y rencontre. Être assis dans un confessionnal durant des heures et des heures d'affilée est une tâche, je vous assure, d'une tristesse et d'un ennui inimaginables, mais c'est un devoir que viennent alléger ses propres consolations.

" Nous y entendons bien des choses belles et consolantes, mais nous devons aussi écouter des histoires déchirantes qui vous rendent presque malade de chagrin. Des hommes et des femmes de toutes conditions, jeunes et vieux, riches ou pauvres, viennent nous confier les secrets les plus profonds de leur cœur, de pauvres cœurs si désillusionnés et déçus, déchirés et lacérés par une douleur indescriptible, une amertume sans remède, des torts qui ne peuvent être redressés. "

Se tournant vers la fenêtre, il montra un bateau de plaisance sur le lac avec des centaines de touristes à bord et dit à la jeune actrice : " Vous savez ce qui propulse à grande vitesse ce bateau sur les eaux ? C'est la vapeur sous pression, n'est-ce pas ? Cependant, cette vapeur pourrait envoyer par le fond ce bateau avec tous ses occupants s'il n'existait quelque chose dans le mécanisme pour prévenir une telle catastrophe. Ce petit quelque chose est une soupape de sûreté. Lorsque la pression dans la chaudière atteint un certain niveau qui pourrait la faire exploser, la soupape s'ouvre automatiquement pour libérer l'excès de vapeur, et le bateau de plaisance poursuit sa course en toute sécurité.

" Le cœur humain est une chaudière. Il peut supporter une grande pression, mais il existe un point où elle devient trop forte. Le chagrin, la peine, les soucis constants dépassent la résistance humaine. Le fardeau devient trop lourd à porter pour notre frêle nature. Nous devons en être soulagés.

" La Confession est cette soupape de sécurité. C'est là que le cœur brisé trouve ce baume qui l'apaise et le réconforte, que le faible et le chancelant reçoivent l'énergie et la force; c'est là que les doutes sont chassés, les craintes apaisées; que les plus opprimés reçoivent le réconfort; que le sombre désespoir se dissipe et que la vive lumière de l'espérance réjouit à nouveau l'esprit accablé bien près de succomber sous le poids du malheur. "

LES OBJECTIONS DES CONVIVES

" Mais, cher Monsieur ", s'enquit un des dîneurs, " ne pensez-vous pas qu'au lieu de consacrer tant d'heures à la Confession, il serait préférable d'améliorer le sort des pauvres, leurs conditions matérielles, d'éduquer et de relever les masses ? La pauvreté, la misère et l'ignorance qu'elles entraînent me semblent être une des causes principales des crimes. Après tout, l'essence de la loi du Christ est la charité. "

" En accordant notre attention à une sorte de maux, nous ne négligeons pas les autres ", répondit le P. Mermillod.

" Avez-vous une idée du nombre incalculable d'ordres religieux qui se consacrent entièrement au service des pauvres, des malades, des ignorants, des jeunes et des vieux ?

" Certains accueillent dans leurs institutions des personnes âgées des deux sexes et leur donnent le confort du logis, de la nourriture et des soins attentionnés. Ce sont les Petites Sœurs des Pauvres.

" D'autres organisent des orphelinats où ils préparent garçons et filles au combat de la vie. En plus d'insuffler dans leur esprit de sains principes moraux dans l'espoir d'en faire de bons maris et de bonnes épouses, ils leur enseignent un métier ou leur donnent une profession qui leur permettra de gagner honnêtement leur vie.

" Quelques ordres visitent les pauvres à domicile et font tout ce que la charité divine les incite à faire pour le soutien des indigents.

" Il existe des hôpitaux et des asiles pour toutes sortes de besoins. Qui n'a pas entendu parler des Sœurs de la Charité ? Dans l'Église catholique, mon cher Monsieur, rien n'est épargné pour venir en aide aux pauvres mais la plus grande œuvre de toutes est la Confession, l'œuvre sainte du Christ lui-même. 'Je ne suis pas venu appeler les justes, mais les pécheurs.' (Mt 9.13).

" Vous conviendrez avec moi que la souffrance morale est de loin le plus terrible et le plus répandu des maux de l'humanité, celui qui menace l'individu, la famille et la société en général. Cette souffrance affecte toutes les classes, tous les âges et toutes les conditions.

" Le crime sous toutes ses formes abominables, la dégradation morale, la passion humaine déchaînée, voilà ce que nous cherchons à déraciner et à détruire par la Confession.

" Pourriez-vous me citer une telle institution en dehors de l'Église catholique ?

" Vous avez la police, les tribunaux, les prisons et les sanctions – choses assurément nécessaires. Mais nous relevons les criminels; nous appliquons des remèdes qu'ils acceptent joyeusement; nous ne les obligeons pas à venir vers nous; ils viennent de leur propre gré. Ils arrivent affligés et châtiés par le péché et la souffrance, mais ils repartent dans la joie, régénérés, avec des forces et une volonté renouvelées. Nous leur transmettons, par le pouvoir que le Christ nous a conféré, le pardon pour le passé et la force de ne plus pécher. "

" Cher Monsieur, vous revendiquez assurément un merveilleux pouvoir et qu'on ne peut facilement admettre. "

" N'avez-vous pas lu les paroles du Christ ? " repartit le P. Mermillod : 'Recevez l'Esprit Saint. Ceux à qui vous remettrez les péchés, ils leur seront remis; ceux à qui vous les retiendrez, ils leur seront retenus.' (Jean 20.22-23).

" Permettez-moi de vous donner quelques exemples pratiques de ce pouvoir, des exemples que peut rencontrer tout prêtre qui entend en Confession.

" La grande majorité de ceux qui entourent nos confessionnaux sont sans aucun doute des honnêtes gens, des catholiques fervents et sincères. Mais il nous arrive de rencontrer de véritables loques humaines, des hommes qui ont baigné dans le vice durant des années, affaiblis par des péchés répétés, des femmes comme Madeleine qui sont tombées et ont été dégradées. Si seulement nous pouvons inciter ces pauvres gens à venir se confesser régulièrement et à suivre les conseils pratiques et très simples que nous leur donnons, nous les relevons infailliblement pour en faire des membres utiles et responsables de la société. "

" La Confession, dit un invité, peut cependant avoir un résultat bien différent. Si les hommes et les femmes peuvent commettre des péchés et courir ensuite vers le prêtre pour demander pardon, on excuse alors plutôt le péché – en fait, c'est un encouragement à pécher. "

" Vous faites une grave erreur. Pas un catholique ordinaire ne va se confesser dans un tel état d'esprit. Il sait trop bien qu'on ne se joue pas de Dieu. Il peut réussir à tromper le prêtre, il peut même se tromper lui-même, mais il sait fort bien qu'il ne trompera jamais Dieu et que c'est Dieu qui pardonne en réalité, par le moyen du prêtre.

" Les plus humbles de nos fidèles comprennent que pour recevoir le pardon et l'aide consécutive pour éviter le péché, il leur faut être fermes et sincères dans leur résolution d'éviter le péché; ils doivent abandonner les occasions dangereuses de pécher et s'efforcer avec courage de mener une bonne vie. Lorsque ces conditions sont observées, la Confession, je le répète, produit des résultats remarquables. "

LA QUESTION DES CRIMINELS CATHOLIQUES

" Il existe un petit axiome, Révérend Père, dit l'hôte, qui milite contre votre affirmation : 'Celui qui veut trop prouver, ne prouve rien'. Si votre Confession est un si merveilleux remède contre le mal, comment se fait-il que tant de vos catholiques figurent parmi les criminels de ce monde ? N'y a-t-il pas des milliers de catholiques dans nos prisons; ne sont-ils pas nombreux également à périr sur l'échafaud ? "

Cette objection fit l'effet d'une bombe. Un lourd silence pesait sur les convives et tous les yeux étaient tournés vers le P. Mermillod comme pour lui demander ce qu'il avait à répondre à cela :

" Je vous remercie, répondit-il, de me donner l'occasion de clarifier un point important de notre discussion.

" Il y a des milliers de catholiques qui ne le sont que de nom. Il est certain que ceux-là fournissent une bonne part des criminels à nos prisons. Mais nous ne les considérons pas comme des catholiques. Il existe cependant des milliers d'autres catholiques qui vivent en accord avec leur foi, pratiquent leur religion et observent ses préceptes et ses commandements. Je vous assure qu'on trouve fort peu de criminels parmi ceux-là. Je voudrais également souligner que j'entends par vrais catholiques ceux qui reçoivent les Sacrements régulièrement, car les Sacrements sont la grande fontaine de force. Parmi ces Sacrements, la Confession est de la plus haute importance. Les catholiques qui se confessent fréquemment n'envoient que rarement, sinon jamais, des criminels en prison ou des meurtriers à l'échafaud. Je dis rarement parce qu'il peut y avoir de soudains accès de colère, des tentations inattendues, de violentes provocations – toujours déplorables, mais qui ne doivent pas nous surprendre étant donné la faiblesse de la nature humaine.

" Il est également certain qu'il y a beaucoup moins de suicides, moins de grossière immoralité parmi les catholiques dont je vous parle. Ces faits ne sont pas seulement fondés sur des statistiques précises et fiables compilées par des catholiques, mais également sur des informations obtenues de sources protestantes impartiales.

" Cette affirmation est d'une telle importance que je vous invite tous à l'examiner attentivement et honnêtement.

" Pour être plus clair encore je mentionnerai ce que l'on pourrait appeler une troisième classe de catholiques, des hommes et des femmes qui vont rarement à l'église, qui pratiquent leur religion de façon irrégulière, qui reçoivent rarement les Sacrements. Ce sont des catholiques ignorants, distants et négligents qui appartiennent en réalité à la première catégorie, les catholiques de nom , et qu'on ne peut considérer comme de véritables catholiques. "

" Mais, cher Monsieur, que pouvez-vous dire de ces pays soi-disant catholiques comme l'Espagne, la France, le Mexique et le Pérou ? "

" Ces pays étaient autrefois catholiques. Bien des Espagnols, des Français, des Mexicains et des Péruviens ne méritent plus le nom de catholiques. Ils ne sont pas seulement apostats, mais ils vont jusqu'à persécuter et insulter l'Église. Il existe encore cependant de fidèles catholiques parmi ces nations, et c'est à eux que s'applique mon principe.

" Lorsque Judas eut trahi son Seigneur, il ne pouvait plus être classé parmi les Apôtres ou les amis du Christ. La même chose s'applique aux catholiques.

" Les Juifs étaient incontestablement le peuple choisi de Dieu, visiblement aimés et protégés par lui. Lorsqu'ils l'abandonnaient, comme ils le firent souvent, ils perdaient tout droit à sa protection et ils étaient sévèrement punis et humiliés. Les mauvais catholiques, comme les mauvais Juifs, peuvent devenir les plus grands ennemis de Dieu. Ils ne peuvent alors être appelés le peuple de Dieu ni en réclamer les prérogatives.

" Notre discussion porte actuellement sur les mérites de la Confession et je prétends que la Confession, régulièrement pratiquée, produit de bons catholiques et de bons citoyens – et on retrouve rarement, sinon jamais, des criminels parmi eux. "

" Et les protestants ne pourraient-ils pas pour les mêmes raisons faire la distinction entre les bons et les mauvais protestants ? "

" Certainement pas ", répliqua le P. Mermillod en souriant. " Votre position est totalement différente, car chaque protestant a le droit de penser et d'agir pour lui-même, tout en restant un bon protestant.

" Plus un catholique vit en conformité avec sa foi, meilleur il est; plus vous agissez en accord avec les principes protestants, moins vous êtes bons.

" Votre principe de l' interprétation personnelle des Écritures donne à chacun de vous le droit de choisir les doctrines auxquelles il souhaite adhérer. Par conséquent, plus vous agissez en bon protestant , plus vous différez les uns des autres et plus vous vous écartez du grand corps de la doctrine du Christ contenue dans les Écritures. De là les incroyables différences doctrinales entre les différentes sectes et parmi les membres de chaque famille protestante – des différences, notez-le bien, sur des vérités importantes et fondamentales. Vous admettez ou vous reniez ces doctrines comme bon vous semble.

" Ainsi, plus vous vous conformez à vos principes protestants, plus vous vous éloignez du plein enseignement du Christ – mais vous demeurez toujours néanmoins de bons protestants !

" Le deuxième principe fondamental chez le protestant est celui de la 'justification sans les œuvres'. Plus vous vous appliquez à vivre en accord avec ce principe, moins vous êtes enclins à pratiquer de bonnes œuvres – et vous êtes encore toujours un bon protestant !

" En réalité, votre seule chance d'être bons est de ne pas agir en fonction des principes protestants ! Car vous êtes alors plus portés à accepter tous les enseignements du Christ et pas uniquement ceux qui vous paraissent bons. Deuxièmement, vous accepterez la nécessité des bonnes œuvres et vous les pratiquerez ainsi plus volontiers.

" J'ai reçu dans l'Église catholique plusieurs excellents protestants qui m'ont assuré, après avoir été pleinement instruits, qu'ils avaient toujours cru dans les doctrines du Christ contenues dans la Bible, exactement comme je les leur avais expliquées.

" Il ne me restait plus qu'à leur expliquer la doctrine de l'infaillibilité, qu'ils acceptaient non seulement sans difficulté, mais déclaraient qu'ils en avaient toujours eu une connaissance subconsciente et que virtuellement, ils y croyaient déjà. Ils avaient toujours eu l'impression que l'Église doit avoir le plein pouvoir d'enseigner et d'insister sur son enseignement. Ces hommes et ces femmes n'agissaient pas en fonction des principes protestants, mais

ils étaient néanmoins bons. "

POURQUOI TOUTE CETTE HISTOIRE

À PROPOS DU PÉCHÉ ?

" Une dernière objection, cher Monsieur ", dit l'hôtesse, qui bien qu'elle ait gardé le silence durant toute la discussion, avait écouté la discussion avec une attention extrême.

" Je comprends mal pourquoi les catholiques donnent une telle importance au péché. Quel mal les péchés peuvent-ils faire au Tout-Puissant ? Il ne s'inquiète certainement pas de quelques paroles ou pensées mauvaises qui ne font de tort à personne. Et pourtant mes amis catholiques sont horrifiés si nos chers compagnons de théâtre nous présentent quelque chose d'un peu trop libre ou si un excellent livre contient quelques chapitres qui ne sont pas en harmonie avec leur façon de penser. Ils ne voudraient pour rien au monde manger de la viande le vendredi ou manquer la Messe, qu'il pleuve ou qu'il vente.

" Sans vouloir vous offenser, il me semble que de telles manies sont pudibondes et sentent la superstition. Nous devons vivre dans le monde et laisser vivre. Je suis parfaitement d'accord que le crime, le vol et la violence sont de grands maux; voilà les péchés contre la société. "

Cette objection, à en juger par les réactions, semblait aussi refléter la difficulté d'un grand nombre.

" Cependant, chère Madame, le péché des Anges fut une pensée de révolte, et le résultat fut qu'un tiers de ces glorieux esprits ont perdu leur trône dans le Ciel. C'est pour avoir mangé un petit fruit que notre Première Mère, Ève , a entraîné la chute de toute la race humaine. N'est-ce pas un acte de désobéissance qui a privé Saul de son trône, et un regard coupable qui a conduit David à commettre un crime abominable ? C'est aussi un acte de vanité qui a causé la perte de 70.000 de ses sujets. Le vénérable Éléazar n'a-t-il pas sacrifié sa vie plutôt que de manger de la viande de porc ? Et que dire de la mort d' Oza et d' Ahio pour avoir osé toucher l'Arche ?

" Oubliez-vous le Déluge , qui a presque effacé la race humaine tout entière, et la destruction de Sodome et Gomorrhe , tout cela à cause du péché ?

" Et dans la vie humaine, nous voyons comment un acte insignifiant peut être considéré comme un grand crime s'il offense une personne en autorité. Combien d'hommes ont donné leur vie pour défendre un soi-disant honneur outragé par une insulte, une parole imprudente, un affront. Combien de grands hommes ont perdu leur tête en raison d'une offense faite à un personnage royal – on parlait de 'haute trahison envers le roi'. Le péché est une haute trahison envers le Roi des rois.

" Chère Madame, ce que vous ne comprenez pas, c'est que ce n'est pas l'acte insignifiant qui est mal, mais le principe qu'il implique : la malice de l'offense envers un Dieu infini, à qui nous devons notre amour, notre gratitude et notre allégeance.

" Si Dieu et mort à cause de notre péché, il faut certainement que le péché soit terrible. Si le péché est puni par le feu de l'Enfer, le péché doit être énorme. En minimisant le péché, ce n'est pas les catholiques que vous jugez, mais Dieu lui-même.

" Une minuscule goutte de poison à peine visible peut tuer l'homme le plus résistant; ainsi le péché, qui vous semble à vous insignifiant, est un outrage envers le Très-Haut. Vous déplorez les maux envers la société, mais vous tenez pour rien les péchés contre Dieu !

" Personne ne distingue plus soigneusement que l'Église catholique entre les petites fautes et les fautes graves. Personne n'est plus prêt à fermer les yeux sur les petites entorses à la loi, et plus prompt à pardonner les grands péchés, si seulement le repentir est sincère, que l'Église catholique.

Manger délibérément de la viande le vendredi sans raison est en réalité une révolte, tout comme ce fut une révolte lorsque Lucifer a dit : 'Je ne servirai pas'. Éléazar a préféré mourir plutôt que de manger de la viande interdite.

" Les mauvais théâtres corrompent les bonnes mœurs; les mauvais livres sont la ruine de la morale et la cause de crimes innombrables. Ce sont des péchés contre la société, mais plus encore, ce sont des offenses faites à Dieu.

" Oui, nous devons vivre, chère Madame, dans le monde, mais ne soyons pas de ce monde mauvais. Nous devons vivre et laisser vivre, comme vous le dites fort bien, mais nous ne pouvons consciemment approuver ou encourager le mal et ce qui y conduit.

" Permettez-moi surtout d'attirer votre attention sur le fait que l'Église catholique construit tout son édifice moral sur les Dix commandements, les préceptes et les conseils du Christ. Elle ne condamne rien que le Christ n'a pas condamné. Vous ne prétendez sûrement pas que les Dix commandements et les conseils du Christ sont pudibonds et superstitieux. Cependant, les péchés dont les catholiques parlent tant sont des violations des commandements de Dieu et des préceptes du Christ.

" En conclusion, par le péché nous chassons Dieu loin de nous; tant que nous restons dans le péché, nous sommes en révolte contre lui. Par le fait même, nous nous rendons au diable et lui donnons pouvoir sur nous. Lorsque nous sommes dans le péché, nous sommes les esclaves du vice, les enfants et les esclaves de Satan. "

L'ACTRICE

Peu après cette dernière objection, tous les convives quittèrent la table pour se diriger vers un salon spacieux où ils se séparèrent en petits groupes. Certains continuaient à bombarder allègrement le P. Mermillod de questions auxquelles il répondait avec bonhomie. Finalement, alors qu'il se préparait à se retirer, une jeune actrice le prit à part et lui dit : " Père, pourriez-vous me recevoir demain. J'ai quelque chose de très important à vous dire et je crois que je peux expliquer le mystère qui vous a si heureusement amené parmi nous ce soir. Vous avez fait à certains d'entre nous un bien incalculable. "

Le P. Mermillod fixa volontiers un rendez-vous à la jeune visiteuse et prit congé, accompagné par son hôte jusqu'à une automobile qui avait été aimablement mise à sa disposition.

Le jour suivant, à l'heure fixée, Mademoiselle Blanche de Vaudois, la jeune actrice de la veille, se faisait annoncer.

" Mon Père, lui dit-elle, je suis catholique, une de vos brebis égarée. Je suis une cousine de la comtesse de Vaudois qui nous a élevés depuis notre jeune âge avec une attention maternelle, mon frère et moi, lorsque nous sommes devenus orphelins. Après mon entrée dans la société, qui se fit brillamment, je succombais aux plaisirs et aux vanités du monde. Fêtée et flattée, je perdis peu à peu la tête. Douée de ce que les gens appellent une 'voix divine', je résolus, en dépit de tout ce que ma chère tante et mon frère ont pu me dire, de tenter ma chance sur la scène. Cela faillit leur briser le cœur.

" À nouveau, c'est le succès qui m'attendait. J'ai été pendant de nombreuses années la star de notre compagnie. J'abandonnais malheureusement presque complètement ma religion, pour ne rester attachée qu'à la seule dévotion de mon Rosaire que mon cher frère, dans une lettre écrite sur son lit de mort, m'a adjurée de ne jamais abandonner.

" Depuis quelques mois, mon étoile décline. Cette jeune actrice dont les traits d'esprit ont déclenché tant d'éclats de rire hier soir, a pris ma place. Cela j'aurais pu le supporter, bien que ce soit très dur, car c'est à quoi il faut s'attendre dans notre profession. Malheureusement, un sort bien pire m'attendait. J'ai été presque huée sur scène à plusieurs occasions. Mon rôle n'était pas sympathique, mes nerfs étaient ébranlés et je n'avais plus le charme et le prestige d'autrefois pour me sauver. Ma coupe était pleine et j'étais bien décidée la nuit dernière à en finir.

" Tout était prêt et j'avais choisi l'endroit dans le lac où j'avais l'intention de faire le plongeon fatal. L'eau y est si profonde et les rives si escarpées qu'il est impossible d'en réchapper. Voici trois lettres que j'ai écrites pour des amis très chers auxquels je demande de me pardonner.

" Mon sort était inévitablement scellé et je n'imaginais pas pouvoir être dissuadée de faire ce que j'avais résolu. Je ne ressentais aucune peur, j'étais ente les mains d'un pouvoir plus fort que moi.

" Je suis assurément la dame malade qu'on vous a demandé d'aller visiter, malade à en mourir. Votre visiteur était l'esprit de mon cher frère. La description que vous en avez faite était si frappante, le portrait si clair qu'il ne peut y avoir d'erreur.

" Il a promis dans cette dernière lettre déchirante qu'il prierait toujours pour moi devant le trône de Dieu.

" Père, vous m'avez sauvée, lui et vous. Je suis prête à me confesser, si vous me jugez digne de votre attention. "

Quelques jours plus tard, Mademoiselle Blanche terminait son contrat avec le théâtre. Elle trouva le temps de rendre une fois de plus visite au P. Mermillod, puis elle quitta Genève.

Moins d'un an plus tard, il reçut une lettre d'une sœur Dominique du Saint Rosaire, autrefois Blanche de Vaudois, depuis son cloître dominicain. Elle l'assurait qu'elle y avait trouvé la paix parfaite et qu'elle consacrait désormais sa voix divine à la gloire de Dieu.

" Servez-vous de mon histoire comme vous l'entendrez, mon cher Père. Elle sauvera peut-être d'autres âmes d'une ruine irréparable. "

Chapitre 11

LES DEUX TRIBUNAUX

L'idée parfois nous traverse l'esprit et nous l'entendons même certaines fois exprimée en paroles : " Pourquoi Dieu est-il si sévère ? "

Il sera par conséquent intéressant de comparer les méthodes suivies par l'administration de la justice divine et de la justice humaine.

Dans le cas de la justice humaine, l'homme – faible et faillible – se constitue lui-même juge de ses semblables.

Un crime est commis. Il est immédiatement dénoncé. L'accusation est publique, la sentence est sévère, la punition rigoureuse.

Prenons un cas ordinaire. Quelqu'un a commis un forfait, un vol, un meurtre. Les serviteurs de la loi se mettent aussitôt à sa poursuite, comme des limiers sur les traces du mécréant. Il n'est pas question de préserver le secret ou de protéger le coupable de la honte.

La police a l'ordre de le rechercher où qu'il soit, peu importe son action du moment, si sacrée qu'elle puisse être. Il peut arriver qu'il se trouve au milieu de son infortunée famille, totalement inconscient de ce qui lui arrive, entièrement innocent de tout crime. Il peut être à son club au milieu de ses amis, ou sur la voie publique occupé à ses affaires. On l'arrête sans avertissement, il est traîné à travers les rues sous le regard de tous, exposé au mépris et aux huées de la foule.

Précipité devant les magistrats, il est impitoyablement accusé, interrogé, assailli de questions malignes destinées expressément à le piéger pour lui faire avouer quelque culpabilité. On lui pose des questions de caractère strictement privé; il est contraint de rendre compte de tous ses mouvements, de se souvenir de chacune de ses paroles, de les admettre ou de les nier.

Les journaux discutent son cas, lui donnent énormément de publicité, critiquent ses actions, interprètent mal ses motifs et transforment en réalités de simples éventualités.

Sa famille est plongée dans le chagrin, ses amis l'évitent, les soupçons pèsent lourdement sur lui.

Après cette première phase de son martyre, on le laisse traîner pendant des semaines ou des mois en prison dans l'attente de son procès, en proie à la douleur, à la peur, à l'angoisse. Chacune de ses paroles est prise en note et sera si possible utilisée contre lui.

Entre-temps, ses accusateurs cherchent des preuves pour le condamner; ils ne s'épargnent aucune peine pour assurer sa condamnation.

Enfin, le jour du procès arrive. La salle est remplie de curieux venus se distraire au spectacle de la misère humaine et qui regardent cyniquement l'homme que ses juges sont en train d'accuser. Il ne distingue aucune marque de sympathie dans cette mer de visages insolemment tournés vers lui, pas une parole de compassion n'est prononcée.

L'accusation est portée en des termes qui rendent difficile de trouver une issue. Les témoins, préparés par les avocats, sont entendus les uns après les autres. La vie entière de cet homme est mise à nu.

Les preuves sont présentées si habilement que tous sont amenés à croire à sa culpabilité. Tout ce qu'un magistrat astucieux, habile et accompli peut faire valoir contre l'accusé est utilisé. Des soupçons insidieux sont subtilement mélangés aux faits plus certains.

Il est vrai qu'un avocat est là pour le défendre, mais comme sa tâche est difficile ! Peu importe ce qu'il fera, il ne pourra protéger son client de la honte, de la disgrâce, de l'ignominie des accusations. Il ne pourra empêcher le procureur général, un homme d'une grande habileté, de noircir une bonne renommée, de soulever les soupçons les plus graves, même s'il n'est pas absolument convaincu de la culpabilité de son client.

L'accusé est évidemment autorisé à appeler des témoins pour sa défense. Ceux-là se voient cependant bousculés et harcelés par un feu roulant de questions par l'avocat du ministère public, dans le but apparent d'examiner la preuve, mais qui a en réalité pour effet d'annuler tout ce qui a été dit en faveur de l'accusé. Plus le contre-interrogatoire est efficace, plus on considère que l'avocat est compétent, spécialement s'il parvient à faire passer sous silence ce que l'accusé voulait dire et à lui faire dire ce qu'il n'avait pas l'intention de dire. Ceux qui ont déjà assisté à pareille scène ne sont pas près de l'oublier et personne, s'il peut l'éviter, ne souhaiterait jouer le rôle de témoin ou participer à un procès.

Souvenons-nous également que l'homme sur le banc des accusés est peut-être innocent. Il arrive souvent à la barre de la justice humaine qu'on libère le coupable et que l'innocent soit puni.

Si l'accusé est trouvé coupable, la loi est inexorable; elle doit suivre son cours. La sentence est écrasante; l'honneur du condamné est détruit à jamais. Sa femme et ses enfants innocents partagent sa disgrâce éternelle. Aucun espoir de dissiper le sombre nuage; ils seront à jamais connus comme l'épouse d'un malfaiteur, les enfants d'un meurtrier.

Telle est la procédure des tribunaux humains où les hommes accusent, jugent, condamnent des hommes comme eux.

Mais tout cela est pour ainsi dire nécessaire. La société doit être protégée. Les méchants doivent être punis. Il faut que l'ordre soit maintenu.

Nous ne contestons pas les bonnes intentions des tribunaux et nous ne nions pas la nécessité de maintenir l'ordre. Nous déplorons simplement la nécessité, si nécessité il y a, de mesures aussi cruelles.

La tableau n'est pas non plus exagéré. Les cas que nous décrivons se produisent tous les jours et sont rapportés par la presse mondiale.

Mais n'y a-t-il pas d'appel ? Peut-on demander réparation ? C'est que les frais dans la première instance étaient énormes. Dans le cas d'un appel, ils pourraient être exorbitants, et le résultat est pour le moins douteux.

COMMENT DIEU ADMINISTRE LA JUSTICE

Voyons maintenant comment la justice divine est administrée par le Grand Dieu du Ciel à ses créatures rebelles et pécheresses.

Il prend à part le coupable en secret par la voix de sa conscience et personne ne l'entend sinon le pécheur, de sorte que nul n'est au courant de sa culpabilité.

Il le conduit vers un endroit caché où personne ne l'accuse. Personne n'est appelé à témoigner contre lui. Son âme est peut-être noire de culpabilité, il a peut-être outragé son Créateur, mais il n'y a personne ici pour le mépriser. Il s'agenouille aux pieds de son Père aimant qui est là pour lui parler non de punition, mais de pardon, qui lui rappelle non pas la Justice de Dieu, mais sa Miséricorde, et qui l'assure finalement du pardon de Dieu entier et total.

Il n'est pas question de peine de mort, de longues années d'emprisonnement, de peur et de disgrâce perpétuelle.

Il confesse lui-même ses fautes; il est cru, on ne jette aucun doute sur la véracité de sa parole. Le ministre de Dieu remplit son âme de réconfort, son cœur de paix, sa volonté de force. Il applique sur l'âme pécheresse, souillée et dégradée par le péché, le Précieux Sang de Jésus, qui lui enlève ses taches et rend le coupable agréable au regard des Anges.

Une légère pénitence est imposée dont le pécheur absous s'acquitte avec joie. Il reçoit de précieux conseils qu'il met fidèlement en pratique. Il revient de temps à autre pour se faire réconforter à nouveau, recevoir des forces fraîches et de nouvelles grâces.

Il n'y a pas de coûts, pas d'amendes, pas de dépenses !

L'accusé se relève repentant. L'amour de Dieu adoucit sa peine, la miséricorde de Dieu le remplit de gratitude, la grâce de Dieu lui donne la force de ne plus pécher.

La promesse de Dieu est ici en vérité remplie : " Venez donc et discutons, dit Yahvé. Quand vos péchés seraient comme l'écarlate, comme neige ils blanchiront. " (Isaïe 1.18).

MAIS " ON NE SE MOQUE PAS DE DIEU "

Oui, le Tout-Puissant est d'une infinie patience avec ses enfants pécheurs et rebelles. Ils sont faibles. Il est pleinement conscient de leur faiblesse, mais il leur offre tant de force, tant de grâce et tant de secours que quelque péché qu'ils aient commis, ils doivent le confesser comme étant pleinement et entièrement dû à leur propre volonté délibérée.

Sont-ils aveugles ? Il jette la lumière dans leur âme. Il leur fait voir la sombre ingratitude, la malice du péché. Ce n'est pas comme s'ils avaient péché sans le savoir.

Sont-ils indolents, indifférents, apathiques ? Il les sort de leur léthargie en leur permettant de voir la mort, la punition des autres.

Sont-ils absorbés par les affaires, les plaisirs ? Il les appelle constamment par la voix de la conscience en leur montrant les dangers qu'ils courent et en leur offrant de magnifiques récompenses lorsqu'ils sont bons.

Que leur demande-t-il de faire ? Rien de difficile, rien de pénible, spécialement s'ils acceptent d'utiliser les grâces et les secours qu'il leur offre.

Ces secours sont, premièrement, de lui demander son aide par la prière. En retour, il promet de leur donner tout ce dont ils ont besoin. Quoi de plus facile ?

Deuxièmement, il conseille d'appliquer son Précieux Sang à leur âme par la Confession fréquente. Ils triompheront alors de toutes les difficultés.

Troisièmement, il les invite à le recevoir souvent dans la Sainte Eucharistie, avec toutes les grâces qu'il leur accorde ainsi.

Que pourrait-il y avoir de plus délicieux que de recevoir le Dieu d'amour, de douceur et de miséricorde infinies dans leur âme ? Mais que leur demande-t-il de faire ?

Simplement d'être les bons enfants du meilleur des Pères, de faire leur devoir, de remplir leurs obligations. Il leur demande d'êtres justes, droits et purs; de ne pas voler, ni tuer ni faire le mal. En un mot, il les prie d'être des hommes et des femmes honnêtes, respectables, et non des criminels et des délinquants. Pourrait-il faire de plus pour nous ? Pourrait-il exiger moins de nous ?

Cette patience infinie de Dieu dure jusqu'au dernier moment de la vie. Ce n'est que lorsque sa bonté est méprisée, sa Miséricorde abusée et son amour outragé que sa Justice entre en jeu. Dieu est juste par essence, et le péché est par essence un mal qui doit être puni. Mais Dieu épuise premièrement toutes les ressources de sa Miséricorde, qui est avant tout son œuvre, pour éviter, si possible, d'utiliser sa Justice. (Yahvé est bonté envers tous, ses tendresses vont à toutes ses œuvres. " – Psaume 144.9)

Si, par notre propre vouloir, nous sommes rebelles et continuons à nous rebeller, nous attirons finalement les foudres de sa Justice sur nos têtes. Sa Justice doit punir l'obstination dans le péché.

Beaucoup de ceux qui ridiculisent la Confession durant leur vie changent d'idée lorsque la mort approche et ils recherchent, hélas en vain, la consolation qu'ils ont méprisée durant tant d'années.

D'Alembert voulait se réconcilier avec Dieu sur son lit de mort, mais Condorcet, son mauvais amis, a veillé à ce que le prêtre ne puisse pas se rendre au chevet du mourant et il mourut en proie à d'amers remords et à d'horribles peurs.

Diderot montrait des signes de repentir et avait même parlé quelques fois à un prêtre. Ses amis, inquiets devant ces changements et craignant que sa conversion ne jette le ridicule sur leur philosophie, se hâtèrent de l'emporter à la campagne où le prêtre ne pouvait le visiter.

Voltaire, dans les derniers jours de sa vie, a cherché la consolation de la Confession mais une fois de plus ses cruels et cyniques amis lui refusèrent cette suprême consolation. Et l'on dit qu'il mourut dans le désespoir. Il n'avait jamais été sincère dans ses attaques sur la religion et il a appris, mais trop tard, qu' " on ne se moque pas de Dieu " (Galates 6.7).

À vous de décider, chers lecteurs, si le Bon Dieu est sévère.

Chapitre 12

JÉSUS ET LES PÉCHEURS

Dans les pages sublimes de la vie de notre Sauveur, rien n'est plus touchant que sa douce condescendance pour les pécheurs, et chose importante, Notre-Seigneur continue ce ministère d'amour et de miséricorde à notre égard.

Il nous dit que les innombrables péchés qui amènent la calamité et la ruine sur la race humaine viennent de trois grandes sources : le Monde, la Chair et le Diable.

La Chair avec sa sensualité honteuse, ses douces flatteries, ses subtils attraits, ses plaisirs grossiers, précipite des multitudes en Enfer.

Le Monde avec ses frivolités, ses faux principes, son orgueil et son appât du gain, éloigne de Dieu des âmes en grand nombre.

Le Diable, auquel beaucoup ne prêtent guère attention, et que d'autres traitent comme un mythe à propos de quelqu'un qui n'existe pas, est une très grande et très dangereuse réalité. Rempli d'une haine implacable contre Dieu et contre tous ceux qui doivent le remplacer dans le Ciel, il rôde, nous dit saint Pierre, comme un lion rugissant cherchant quelqu'un à dévorer. (cf. 1 Pierre 5.8). Saint Paul nous avertit également que ce n'est pas contre des adversaires de chair et de sang que nous avons à lutter, mais contre les Principautés, contre les Puissances de ce monde de ténèbres (cf. Éphésiens 6.12), des anges déchus qui possèdent encore leur merveilleuse intelligence, mais qu'ils utilisent à présent pour causer notre perte.

LA FEMME ADULTÈRE

Un jour que Jésus enseignait dans le Temple, les scribes et les pharisiens l'entraînèrent à l'extérieur auprès d'une infortunée prise en flagrant délit du détestable crime d'adultère.

Les Juifs considéraient ce crime comme le plus abominable et le punissaient avec une sévérité impitoyable. Les parents les plus proches et les plus chers de la coupable était tenus de la dénoncer, et elle devait être lapidée en public ainsi que son complice.

La malheureuse femme que les pharisiens avaient prise, craignant avec raison le sort terrible qui l'attendait, tremblait de tous ses membres et baissait honteusement la tête, essayant de cacher son visage pâle comme la mort du regard méprisant de la foule. Ses gardiens la jetèrent brutalement devant Jésus en dénonçant son crime et lui demandèrent ce qu'ils devaient en faire, espérant qu'il la condamnerait sans merci. La femme n'osait pas se défendre; elle était coupable et n'espérait pas de pardon; elle craignait même de regarder en face celui qui devait la juger.

Notre doux Maître regarda avec une infinie pitié la pécheresse qui se tenait devant lui écrasée par la honte et la terreur. Il ne montra aucun signe de mépris ni même de colère. Il ne se recula pas; il ne craignait pas d'être souillé.

Il détourna lentement de la femme ses yeux si pleins de compassion et, l'air majestueux, il fit face à la foule en colère. Vingt voix s'élevèrent aussitôt pour réclamer la mort de la femme, vingt voix de tigres humains assoiffés de sang.

Jésus les fixa sans s'émouvoir, nota la haine implacable qui étincelait dans leurs yeux et vit les profondeurs de la malice cachée dans leur cœur, camouflée sous le manteau du zèle.

D'un geste d'autorité il leur imposa le silence. Toutes les oreilles étaient tendues dans l'attente des paroles de condamnation !

La voix du Maître se fit claire et distincte : " Que celui qui est sans péché lui jette la première pierre. "

Consternés, déconcertés par cette sentence inattendue, les pharisiens et leur suite s'éloignèrent furtivement, déconfits et réprouvés, laissant Jésus seul avec la pécheresse.

Jésus lui dit alors : " Femme, où sont-ils ? Personne ne t'a condamnée ? "

Elle répondit : " Personne, Seigneur. "

" Moi non plus, lui dit Jésus, je ne te condamne pas. Va, désormais, ne pèche plus. " (Jean 8.11).

Qui pourrait peindre un tableau plus sublime ou imaginer une scène plus divine dans sa miséricorde, plus humaine et plus consolante dans sa tendresse amoureuse ?

La pécheresse ne tremblait plus et contemplait le visage de Jésus avec une reconnaissance et un amour infinis.

Elle ne prononça pas une seule parole de remerciement. Qu'aurait-elle pu dire ? Lorsque le cœur déborde, les mots sont impuissants à exprimer nos sentiments : il vaut mieux se taire. Les yeux, toutefois, sont éloquents, et Jésus a vu dans ceux de cette femme tout l'amour qu'un séraphin lui-même pourrait envier.

Une immense vague de soulagement est passée sur son âme. Elle était vivante, sauvée d'une mort affreuse à laquelle, quelques instants plus tôt, elle ne voyait aucun moyen d'échapper. Ce n'était pourtant pas maintenant ce qui occupait surtout son esprit.

Elle ne pensait qu'à la compassion infinie du Divin Rabbi qui l'avait défendue contre ses ennemis.

Les accents de sa voix résonnaient encore dans ses oreilles; ils allaient y demeurer longtemps.

" Va, désormais, ne pêche plus. "

Non, non, plus jamais elle ne pécherait. Elle avait donné son amour et sa loyauté à ce Seigneur, et elle ne lui retirerait jamais cet amour.

LE PLUS GRAND FLÉAU DE L'HUMANITÉ

Le péché d'adultère a de tous temps été considéré comme une faute très grave, et les punitions décrétées contre lui étaient extrêmement sévères.

Les Romains, comme les Juifs, lapidaient les partenaires. Les Grecs punissaient l'adultère avec la même rigueur que le parricide.

Les mahométans enterraient la femme adultère jusqu'à mi-corps puis ils la lapidaient sans merci.

Les Bretons la brûlaient vivante, puis ils pendaient son complice par-dessus ses cendres. Des nations plus barbares utilisaient des tortures plus cruelles encore dont la simple mention donne le frisson.

Chez eux également la femme était toujours considérée comme la plus coupable et les lois étaient particulièrement sévères à son égard.

Ce consensus d'opinion est une preuve certaine de l'énormité du péché aux yeux de l'humanité en général.

C'est au christianisme qu'il revenait de voir à ce qu'une justice plus égale soit rendue à la femme.

L'adultère est sans aucun doute un crime qui crie vengeance au Ciel – et non seulement l'adultère, mais l'impureté sous toutes ses formes, qu'elle soit en pensée, en parole ou par action.

C'est de nos jours le plus grand des fléaux.

LES DEUX CAUSES PRINCIPALES DE L'IMPURETÉ

Il est par conséquent important d'étudier les causes principales de la multiplication dévastatrice de ce terrible mal.

Il existe en gros deux grandes causes : d'une part l'ignorance des résultats déplorables de ce vice, et l'absence de formation morale et de pratique de la religion d'autre part.

Certains prétendent que ce vice est dû à des conditions climatiques et qu'il est plus répandu dans les pays chauds. Cela est difficile à croire car le mal est tout aussi effrayant au nord sous les climats froids.

D'autres affirment qu'il s'explique par la décadence de la race. C'est tout le contraire : la décadence de la race résulte de la fréquence de ces abus et, lorsque ce vice est guéri, la race retrouve sa santé et son énergie première.

Le problème a été examiné attentivement et on peut affirmer sans crainte que la première grande cause de ce fléau de l'impureté est l'ignorance crasse de sa malice, des terribles punitions qui lui sont attachées, et des conséquences fatales qui accompagnent sa pratique. Et tandis que les gens vivent dans une ignorance totale des maux dont nous venons de parler, les tentations se comptent par milliers – attrayantes, insidieuses, séduisantes, invitantes – qui contraignent presque les gens à commettre ce péché.

L'ancienne horreur de l'adultère a en grande partie disparu et l'opinion publique n'y est plus désormais aussi hostile. Le nombre des divorces, la facilité avec laquelle on les obtient, les raisons dérisoires qu'on invoque pour le justifier, ne sont rien d'autre qu'une sanction publique de l'adultère. Il y a ensuite un amour violent et incontrôlé du plaisir qui mène à une infinité d'abus.

Les femmes ont également perdu le respect d'elles-mêmes et l'amour des vertus féminines.

Il s'ensuit que l'impureté sous toutes ses formes est répandue dans le monde entier.

LES CINÉMAS SONT DES FOYERS D'IMMORALITÉ

Témoin la grossièreté et la sensualité des films auxquels, tout naturellement, les hommes amènent leur femmes, les mères accompagnent leurs filles, où même de jeunes enfants sont amenés par des parents stupides pour leur distraction !

Ces salles de spectacle sont des foyers d'immoralité, des écoles du vice où le péché est popularisé, légalisé et enseigné de la façon la plus honteuse et la plus efficace.

C'est là que l'on apprend aux garçons à voler, à admirer des hold-up audacieux, à les imiter. Même le meurtre perd de son importance.

L'indécence sous toutes ses formes est popularisée. Les garçons et les filles, les jeunes hommes et les jeunes femmes regardent les films les plus honteux avec la même complaisance.

Faut-il s'étonner que les jeunes couples mariés mettent insensiblement en pratique ce qu'ils regardent et absorbent jour après jour ?

Il y a quelques mois, un évêque américain et ses censeurs ecclésiastiques ont été invités à donner leur opinion sur quelques films. Ils ont été totalement sidérés par ce qu'on leur a montré et ont déclaré leur horreur. Ils trouvaient incroyable qu'un magnat du cinéma puisse songer à proposer de telles saletés au public.

Mais les personnes les plus surprises du résultat de ces projections ont été les magnats eux-mêmes qui affirmaient avec véhémence que leurs films étaient conformes à la réalité, que c'était exactement ce que les gens voulaient et ce qui remplissait les salles !

Face à de telles idées les évêques se sont unis pour protester avec pour résultat que ces films abominables, d'une valeur totale 80 millions de dollars, ont été condamnés et retirés.

Voilà cependant les spectacles que de jeunes épouses, des garçons, des filles et de jeunes enfants sont autorisés à regarder, avec le plein consentement de leurs parents (4) .

Les bibliothèques et les librairies regorgent de littérature immorale. Des romans scandaleux, des images honteuses qui attisent les pires passions sont en vente partout.

Remarquez également la mode qui n'a plus la moindre notion de modestie, les toilettes païennes ou la scandaleuse nudité sur les plages, sur les bateaux ou dans les endroits publics. Les jeunes filles sont les pécheresses les plus éhontées; elles semblent avoir perdu toute intelligence et tout sentiment de pureté.

LES GRANDS COUPABLES

On a dit avec raison que les grands responsables de la situation actuelle sont les pères et les mères qui élèvent leurs enfants dans la plus grave ignorance des dangers qui les attendent, dangers qu'ils ne peuvent éviter et dans lesquels ils tomberont inévitablement s'ils ne sont pas avertis (5) .

Ils prétendent qu'ils ne veulent pas enlever à leurs enfants leur innocence.

Qui a jamais osé leur demander cela ?

Mais c'est exactement ce qu'ils font. Ils cachent délibérément le précipice dans lequel leurs enfants vont se jeter tête première.

Ils les tiennent dans l'ignorance des réalités les plus élémentaires et les plus essentielles de la vie, des réalités qu'ils devront connaître tôt ou tard.

Or si ces faits ne sont pas expliqués avec clarté et prudence lorsqu'il est encore temps, une curiosité morbide est éveillée dans l'esprit de l'enfant. Celle-ci va s'accroître au cours de conversations et de contacts avec d'autres enfants et des mauvais compagnons.

Cette curiosité est encore aiguisée par des conversations immorales, des images et des illustrations obscènes, des visites dans des lieux d'amusement, jusqu'à ce que la sensualité ait pris fermement possession de son esprit et que les mauvais instincts – qui sont extrêmement difficiles à corriger – se soient formés dans le cœur.

Si les pères et les mères avaient énergiquement transmis à leurs enfants une information claire et saine, tous ces dangers auraient été évités ou à tout le moins diminués d'au mois quatre-vingt-dix-neuf pour cent.

Ces sages explications, loin d'être dommageables, inspirent du dégoût pour le vice et communiquent aux garçons et aux filles une crainte réelle pour ses terribles résultats. De plus, ils contribuent grandement à apaiser les désirs et la concupiscence.

L'impureté est un mal qui attaque également l'individu, la famille, la société et la nation. C'est, comme nous l'avons dit, le grand fléau de l'humanité et la cause réelle d'une grande partie de la dégradation morale et de la décadence dont quelques-unes des grandes nations du monde moderne offrent le spectacle.

DES FAITS

Voici les faits qui devraient être soigneusement expliqués aux garçons et aux filles.

Les meilleurs médecins, catholiques ou non, n'hésitent pas à dire que les hommes et les femmes habituellement adonnés aux péchés de l'impureté, même seulement en pensée, perdent toute dignité, tout contrôle de soi et toute volonté.

Leur sens de l'honneur et du devoir disparaît. L'homme ou la femme sensuels sont souvent capables des plus basses trahisons et indignes de toute confiance.

Pis encore, d'éminents spécialistes affirment qu'un grand nombre des pires formes de mélancolie, de neurasthénie et même de folie sont dues à la pratique de ce vice dégradant (6) .

En plus des maladies mentales, qui sont suffisantes pour nous remplir de terreur, ce vice détestable engendre les maladies les plus abominables. La leçon la plus salutaire pourrait être apprise en visitant un hôpital spécialisé dans le traitement de ces terribles maladies, douloureuses et dégoûtantes à l'extrême. Le spectacle remplirait de terreur les plus téméraires.

DIEU FRAPPE LES IMPURS

Si terribles que puissent être les conséquences naturelles, les punitions de Dieu sont encore bien plus à craindre.

D'innombrables âmes sont précipitées chaque jour en Enfer à cause du péché de l'impureté, même par des péchés de pensées impures. Certains auteurs sacrés n'hésitent pas à dire que ce péché envoie lui-même cent fois plus d'âmes en Enfer que tous les autres péchés réunis.

Chaque péché d'impureté porte en lui un terrible châtiment. Il serait plus facile à un voleur de commettre un vol sous les yeux d'un agent de police que pour un homme de commettre un péché d'impureté sans être puni. Dieu voit, et Dieu exige la punition.

Les plus terribles châtiments temporels tombent sur ceux qui pêchent ainsi. Le malheur s'abat sur l'individu, la société et le pays où les péchés sont commis. Le Déluge a détruit toute la race humaine à l'exception de huit personnes à cause de l'impureté.

Dieu a fait descendre le feu du ciel qui a consumé Sodome et Gomorrhe à cause de l'impureté.

Combien terrible doit être ce péché s'il peut provoquer un tel châtiment d'un Dieu si bon et si miséricordieux !

Depuis lors, les plus effroyables calamités ont frappé les villes où cet abominable péché est commis. Non seulement les grands saints, mais les missionnaires qui ont une longue expérience des âmes peuvent rapporter les morts soudaines et terribles de ceux qui s'abandonnent à l'impureté. Combien de garçons et de filles, d'hommes et de femmes sont morts alors qu'ils commettaient ce péché !

L'impureté est la grande cause de souffrance dans le monde, et les gens ne veulent tout simplement pas le voir ! L'ignorance et l'oubli de ces faits apportent d'indicibles misères et causent la perte d'innombrables âmes.

LE SERPENT DANS L'HERBE

Un autre point appelle notre attention. C'est que ce détestable vice semble si naturel. Le diable le cache, spécialement à ses débuts, sous le manteau de l'amitié et de l'affection. Exactement comme un cancer. Il demeure caché jusqu'à ce qu'il ait pris racine profondément et il devient alors difficile à guérir.

C'est une autre raison pour laquelle toutes les terribles conséquences, naturelles et surnaturelles devraient être solidement et continuellement inculquées dans l'esprit de nos jeunes. Les médecins font tout ce qu'ils peuvent pour prévenir la tuberculose plutôt que la guérir. Cette action est beaucoup plus sage et plus efficace. Il vaut certainement mieux prévenir que guérir. Le même principe s'applique, avec mille fois plus de force, à la prévention de l'impureté. Il est facile de la prévenir; il est très difficile de la guérir.

Bien des maîtres sages et expérimentés pensent – avec les meilleures raisons – que 90% des péchés pourraient être évités et que l'horreur du vice pourrait être gravée dans l'esprit de la jeunesse par une éducation appropriée (7) .

Parents, médecins et maîtres pourraient faire énormément pour endiguer cette terrible marée de corruption.

LA CONFESSION EST UN REMÈDE INFAILLIBLE

Les catholiques pratiquants n'ont naturellement pas d'excuse. Ils ont le divin remède donné par Jésus-Christ. Il a vu plus clairement que quiconque les ravages opérés par les péchés de la chair et, dans la plénitude de son Amour et de sa Miséricorde, il nous a donné un remède très efficace contre ce mal.

La Confession peut guérir de tous les péchés, mais elle a spécialement le pouvoir d'éradiquer l'impureté en guérissant la faible nature déchue et en restaurant chez l'homme sa pureté et sa force primitives.

On ne répétera jamais assez que la Confession nous a été donnée non seulement pour pardonner les péchés, mais pour guérir du péché et en extirper les racines de notre âme.

Les prêtres expérimentés voient cela tous les jours de leur vie. Que les pécheurs le plus abandonnés aillent vers eux, hommes ou femmes plongés dans le vice, entourés par les tentations; si seulement le prêtre peut amener ces pauvres êtres à venir fréquemment à ce Sacrement, il aura bientôt la satisfaction de les voir parfaitement et entièrement régénérés.

Les prêtres n'insisteront jamais assez auprès de leurs pénitents, jeunes ou vieux, sur la nécessité d'une Confession hebdomadaire.

Les mères et les pères, les maîtres de toutes sortes, devraient faire tout ce qui est en leur pouvoir pour inciter les enfants à pratiquer le Sacrement de Confession durant leur vie entière.

Bien des médecins catholiques ont une confiance très grande dans l'efficacité de ce Sacrement et ils le recommandent à leurs patients et à leurs amis, et il est bien dommage que tous les médecins n'en fassent pas autant.

L'auteur s'est entretenu avec de nombreux confesseurs expérimentés et tous, sans exception, reconnaissent qu'il n'existe pas de vice si grossier, si enraciné, si pervers qu'il ne soit vaincu par la Confession fréquente – et cela d'autant mieux qu'après la Confession les pénitents reçoivent Dieu lui-même dans la Sainte Communion.