RETOUR

ACCUEIL

 

Mémorial pour bien faire la confession

(traité adressé au duc de Bellegarde, en 1613 )

 

par Saint François de Sales

 

 

Introduction

Neuvième commandement

Premier commandement.

Dixième commandement

Deuxième commandement

Troisième commandement

Péchés capitaux

Quatrième commandement

Commandements de l'Eglise

Cinquième commandement

Péché mortel/péché véniel

Sixième commandement

Pour lutter contre le péché de chair

Septième commandement

Oraison avant la confession

Huitième commandement

 
 
 

 

Etant à genoux devant votre confesseur en la contenance la plus humble qu’il vous sera possible, vous vous représenterez que vous faites cette action devant Notre Seigneur crucifié, lequel vous prépare le pardon et l’absolution avec une douceur de miséricorde incomparable. Et partant, avec une sainte confusion accompagnée néanmoins d'une confiance très grande, vous vous accuserez selon les avis suivants.
Il se faut accuser non seulement du genre du péché que l'on a commis, mais aussi de l’espèce : donc, il ne suffit pas de dire que l'on a été homicide, luxurieux ou larron, mais il faut encore nommer l’espèce de l'homicide, de la luxure et du larcin que l'on a commis. Par exemple : si l'homicide a été commis en la personne du père ou de la mère, il le faut exprimer, car cela s'appelle parricide; si l'homicide a été commis en lieu sacré, c'est sacrilège ; si on a tué une personne sacrée, c'est un parricide spirituel. De même au genre du péché de luxure, il y a bien de la différence entre les espèces d'iceluy : car déflorer une vierge, c'est un stupre ; connaître une femme mariée, c'est adultère ; et ainsi des autres péchés.

Non seulement on se doit accuser des espèces des péchés que l'on a commis, mais aussi du nombre d'iceux, disant combien de fois on a commis tel ou tel péché, au plus près que l'on peut, selon la souvenance que l'on a ; et si l'on n'a pas souvenance de la quantité des péchés, il suffit de dire combien plus ou moins environ ; que si même on ne peut bonnement se résoudre de l'environ, il suffit de dire combien de temps on a persévéré au péché et si on y est fort adonné. Or, la nécessité de dire au plus près que l'on peut la quantité des péchés mortels est essentiellement requise pour faire une bonne confession, d'autant que pour absoudre le pécheur de ses péchés, il faut avoir connaissance de l'état de sa conscience ; mais on ne peut connaître l'état d'une âme si on ne sait à peu près la quantité des péchés qu'elle a commis : car, quelle apparence y aurait-il d'avoir en égale considération une femme, par exemple, qui n’aurait offensé de son corps qu'une seule fois, comme la sainte pénitente Aglaë, et celle qui aurait offensé peut-être dix mille fois, comme on peut croire de sainte Pélagienne, de sainte Marie AEgytiaque et de sainte Madeleine ?

Il se faut encore accuser de la diversité des degrés qui se retrouve en chaque espèce de péché ; car tout ainsi qu’il y a divers degrés en chaque vertu par lesquels passant de l'un à l'autre on arrive à la vertu héroïque ou angélique, aussi y a t il divers degrés au péché par lequel on descend jusqu’au péché diabolique. Par exemple, il y a bien de la différence entre le courroux et injurier, frapper du poing, ou avec un bâton, ou avec l'épée et tuer, qui sont des divers degrés du péché de colère ; de même, il y a bien à dire entre le regard charnel, l'attouchement déshonnête et la conjonction luxurieuse, qui sont divers degrés d'un même péché, il est vrai que celui qui a confessé une action mauvaise n'a pas besoin de dire les autres actions qui sont ordinairement requises pour faire celle-là : ainsi, celui qui s'est accusé d'avoir commis l’adultère une fois n'est point obligé de dire les baisers et attouchements qu’il a fait parmi cela, car cela s'entend assez sans qu'on le dise, et l'accusation de telle chose est comprise en la confession de l'acte principal duquel les autres ne sont que les accessoires.


Or, entre les degrés du péché, il faut prendre garde à celui qui multiplie ou redouble la malice du péché en une seule action, comme, par exemple, celui qui dérobe un écu fait un péché ; celui qui en dérobe deux tout à la fois ne fait aussi qu'un péché, mais toutefois la malice de ce second péché est deux fois aussi grande comme celle du premier. De même il se peut faire qu'avec un mauvais exemple on scandalisera une seule personne, et qu'avec un autre mauvais exemple de même espèce on scandalisera trente ou quarante personnes. et qui ne voit que la malice de ce second péché est beaucoup plus grande que celle du premier ? Ainsi, si l'un tue une fille et l'autre tue une femme enceinte, ils n'ont chacun fait qu'un seul coup ; mais l'un néanmoins, en un seul péché, a fait deux homicides, et par conséquent son péché, quoi qu'il ne soit qu'un quant à l'acte, a néanmoins double malice. C'est pourquoi il faut particulariser, tant qu'il se peut bonnement faire, la qualité de l'objet ou de la matière par le moyen de laquelle la malice du péché peut croître ou décroître; car il ne suffirait pas à celui qui aurait empoisonné un flacon de vin, de dire qu'il a empoisonné du vin pour faire mourir des personnes, mais faudrait dire combien de personnes ; car encore que l'empoisonnement se fît par une seule action, néanmoins il se terminerait à la mort de plusieurs personnes, et bien que l'action fût unique, la nuisance néanmoins serait de grande quantité.

Le désir est un degré du péché, et la résolution d’exécuter en est un autre dont il se faut confesser, bien que par après on ne vienne point à l’exécution ; car qui désire et beaucoup plus qui se résout de pécher, il a formé le péché dans son cœur, suivant le dire de Notre Seigneur : Qui regardera la femme pour la convoiter, il a déjà adultéré en son cœur( Mt 5,28), et s'il n'a pas péché par effet, il a péché par affection. Mais cela s'entend des désirs qui sont formés, et non pas de certaine sorte de mouvements intérieurs qui, de sursaut, à l'imprévu et sans notre consentement, passent par notre cœur, pendant lesquels mêmement, qui nous interrogerait si nous voudrions les choses auxquelles ces mouvements semblent nous porter, nous dirions indubitablement que non ; car par là on voit bien que ces désirs sont des actions de notre nature et non pas de notre franc arbitre.

Il se faut encore accuser des mauvaises pensées quand, avec une volontaire complaisance au péché, nous nous y arrêtons, car elles sont un degré du péché, encore bien qu'elles n’aient été suivies ni du désir, ni de la résolution. Par exemple, celui qui prend plaisir à penser en soi même à tuer, ruiner et maltraiter son ennemi, encore qu'il ne désire point d'en venir aux effets, néanmoins, s’il a volontairement et à son escient pris délectation et réjouissance en telles imaginations et pensées, il s'en doit accuser rigoureusement; comme aussi celui qui, pour prendre plaisir, s'amuse à penser, imaginer et se représenter les voluptés charnelles, car il pèche intérieurement contre la chasteté, d'autant qu’encore qu'il n'ait pas voulu appliquer son corps au péché, il y a néanmoins appliqué son cœur et son âme. Or, le péché consiste plus a l'application du cœur qu'à celle du corps, et il n'est nullement loisible de prendre à son escient plaisir et contentement au péché ni par les actions du corps, ni par celles du cœur.

Encore faut-il prendre garde, pour se bien confesser, à certaines actions qui comprennent en elles plusieurs espèces de péchés enveloppés l'un dans l'autre : comme, par exemple, celui qui ferait tuer le mari pour jouir de la femme, comme David (2 R 11,15), ferait trois sortes de péché tout ensemble, car il commettrait scandale, homicide et adultère ; ainsi, celui qui battrait un valet, et en le battant se représenterait par imagination le plaisir qu’il prendrait à battre le maître, ferait ensemble deux péchés, l'un de cœur et l'autre de corps ; et celui qui ayant accointances à une fille s'imaginerait, pour prendre plaisir, une femme mariée qu’il aurait désiré, ferait du corps un stupre, et du cœur un adultère. Il y a même certaines actions lesquelles semblent être mêlées de péché mortel et de véniel, esquelles quelquefois on est grandement trompé , comme, par exemple, une personne grandement en colère aura voulu donner un grand coup à quelqu'un qui, gauchissant, se sera échappé ; et par ce que l’effet de sa mauvaise volonté ne sera pas ensuivi, il tiendra l’offense pour petite, bien que réellement son intention de frapper rudement la fasse fort grande. Ainsi, celui-là ne se confesserait pas bien qui ayant dérobé une bourse en laquelle il n'y avait que demi-douzaine de jetons lesquels il pensait être des écus, ne s'accuserait que d’avoir dérobé des jetons ; car encore qu'en effet il n’ait dérobé que des jetons, en affection néanmoins il a dérobé des écus.

DES PECHES CONTRE LE PREMIER COMMANDEMENT DU DECALOGUE
En ce premier commandement il nous est ordonné de servir, honorer et aimer Dieu selon les règles de la vraie religion ; les espèces de péché qui se commettent contre ce commandement sont :

1. Premièrement : le blasphème, qui n'est autre chose qu'une médisance de la divine Majesté faite par mauvaise affection ; comme quand on dit que Dieu n'est pas bon, qu'il n'est pas juste, qu'on le renie, qu'on le maugrée, qu'on le dépite et, en fin finale, toutes fois et quantes que volontairement et à notre escient nous parlons de Dieu incivilement, ainsi que l'on fait quand on dit : Aussi vrai comme Dieu est ; un tel est vilain comme Dieu est noble ; Dieu ne se soucie pas de ce que nous faisons ; laissons Dieu en Paradis et demeurons ici ; et semblables impertinences.
C'est aussi un espèce de blasphème de médire des Saints ou parler incivilement d'eux et des choses sacrées : comme, par exemple, emprunter les paroles de l'Ecriture par moquerie, risée et déhonnêteté.
2. La seconde espèce des péchés contre ce commandement, c'est l’impiété , qui consiste ès actions par lesquelles nous voulons déshonorer Dieu ou les choses sacrées : comme font ceux qui emploient les Sacrements, le saint Chrême, les paroles sacrées pour des charmes, ou qui les foulent par dédain, rompent les images, ruinent les autels, les reliques et semblables choses.
3. La troisième espèce, c'est la superstition, comme est idolâtrer, c'est à dire adorer comme Dieu ce qui n'est point Dieu ; user de magie, c'est à dire employer le diable pour quelque opération, soit qu'on l’emploie ouvertement, comme font ceux qui ont fait convention avec lui et les sorciers, soit qu'on l’emploie tacitement par paroles et caractères inconnus, ou paroles et caractères connus, mais appliqués faussement et vainement ; item, aller aux devins, et, en somme, faire ou dire quelque chose pour obtenir quoi que ce soit du malin esprit ou de ceux qui dépendent de lui.
4. Violer les voeux que l'on a fait, ou bien faire des mauvais voeux : comme par exemple, de tuer quelqu’un, ou de ne faire pas quelque bien.
5. Tenter Dieu, c'est a dire vouloir éprouver et essayer si Dieu est bon, juste ou puissant, soit expressément, comme faisaient les Juifs demandant des miracles a Notre Seigneur sans nécessité ni raison quelconque, soit tacitement, comme font ceux qui, sans nécessité ni occasion, méprisent les moyens ordinaires que Dieu nous a donné pour faire les choses, prétendant que Dieu en fournira d’extraordinaires, et ceux qui, sans nécessité, se mettent en des dangers éminents, présumant que Dieu les en doive délivrer.


Les péchés suivants sont aussi contre ce commandement :
Douter de la foi. Se défier de son salut ou de son amendement et rémission des péchés ; ou bien, au contraire, présumer d'obtenir le salut sans s'amender, ou penser avoir l'amendement sans pénitence, ou la pénitence sans prier, s'humilier et se disposer à l'avoir. Mettre son cœur ès choses créées en telle sorte qu'on oublie le Créateur.
Dire des mauvaises paroles contre Dieu, les Saints et l'Eglise; disputer curieusement et témérairement des choses de la foi ; disputer on faire des persuasions que les commandements de Dieu n'obligent pas les personnes, qu'il ne faut pas craindre de les rompre, et semblables choses que des jeunes gens font quelquefois, ou pour pervertir l'esprit des filles, ou pour faire les galants en matière du péché de la chair. Se plaindre de Dieu, blasphémer, invoquer le diable ou pour soi, ou contre soi, ou contre les autres, comme font ceux qui disent : je voudrais que le diable me guérisse d'une telle maladie, ou me rompît le col, ou me fît avoir telle chose; le diable t'emporte ; le diable m'emporte ; et semblables choses.
Employer les enchanteurs et les assister. Ouïr les hérétiques en leurs prêches, prières et assemblées; avoir leurs livres et tous livres faits pour deviner. Faire des irrévérences dedans les églises, comme mugueter, cajoler, pavaner, reiller, tenir des contenances inciviles et arrogantes, empêcher les autres de prier, et semblables discourtoisies et méseances spirituelles.
Outre cela, on pèche contre ce commandement : laissant de servir Dieu quand l'occasion le requiert, par respect humain. Ne savoir pas les choses requises au bon chrétien, comme sa créance, le Pater, la Salutation angélique, les Commandements de Dieu et de l'Eglise. Ne prier pas Dieu le soir et le matin, ne faire point l'honneur et la révérence due aux choses sacrées, ne bénir ou faire bénir la table, ne dire ou faire dire Grâces après le repas.


PECHES CONTRE. LE SECOND COMMANDEMENT
1. Jurer sans discrétion par le nom de Dieu, ou des Saints et des autres créatures quelconques en tant qu'elles dépendent de Dieu et se rapportent à iceluy : comme font ceux qui jurent à tout propos, autant pour chose de peu d'importance comme pour chose de grande importance ; car ceux-ci exposent le nom sacré de Dieu et prennent à témoin sa divine Majesté vainement, frivolement et contemptiblement, sans jugement ni discernement quelconque.
2. Jurer contre la justice, c'est à dire contre la raison comme font ceux qui jurent de faire le mal ou de ne faire pas le bien ; car c'est mépriser grandement Dieu que de l’appeler à témoin d'une action mauvaise, comme fit Hérode, jurant de faire trancher la tête à saint Jean Baptiste (Mt 14,7), auquel sont semblables ceux qui jurent de battre, de couper le nez, de ruiner, de tuer et autres.
3. Jurer pour le mensonge ; qui est parjurer.
4. Procurer ou donner occasion aux autres de jurer sans nécessité, contre raison, et de parjurer.


PECHES CONTRE LE 3e COMMANDEMENT
1. Travailler les fêtes à quelque oeuvre servile, ou être cause que l'on travaille, sans évidente nécessité et congé des Supérieurs ecclésiastiques.
2. Omettre d'ouïr la sainte Messe les jours de fêtes et Dimanches; ou bien l’ouïr, mais sans attention, avec irrévérence et incivilité. Ne point avoir soin que les serviteurs et autres domestiques oyent la Messe lesdits jours de fêtes. Frapper, battre, paillarder et faire telles dissolutions ès lieux sacrés.
Or, quant à la chasse ou tournois loisibles et autres exercices appartenant principalement à la noblesse, ils ne sont pas prohibés es jours de fêtes en qualité d’œuvre servile, et partant, la Messe étant ouïe, on peut loisiblement s'y appliquer lesdits jours de fêtes ; mais ce serait néanmoins une irrévérence trop grande d'y vaquer ès grands jours solennels en lesquels, tant qu'il est possible, un chacun doit assister non seulement à la Messe, mais aux autres services chrétiens. Et serait aussi une chose méseante et abuser de l'institution des fêtes, de faire profession et métier ordinaire d’employer les temps sacrés en telles occupations.


PECHES CONTRE LE 4e COMMANDEMENT
Désirer la mort ou quelque mal au père et à la mère naturelle, aux supérieurs civils et politiques qui tiennent lieu de père en la république, et aux supérieurs ecclésiastiques qui tiennent lieu de pères en l'Église. Se résoudre de ne point leur obéir et d'user de mépris envers eux. Ne tenir compte d'eux en son cœur. juger témérairement de leurs déportements et de leurs intentions; ou bien, au contraire, les affectionner tant les uns et les autres que, pour leur respect, on soit disposé d’offenser Dieu. Parler mal des pères, mères, supérieurs, tant temporels que spirituels; les contrôler, censurer et se plaindre d'eux mal à propos; leur faire des répliques hautaines, fâcheuses et piquantes; les provoquer à ire volontairement et à son escient. Dépiter contre eux. Leur défaillir en leurs nécessités, ne les consolant pas ni secourant selon son pouvoir.
Item, les pères, mères et supérieurs des maisons, villes et républiques offensent Dieu contre ce commandement, traitant indignement et outrageusement leurs femmes, enfants, sujets et inférieurs; n’ayant pas soin de les avancer en la vertu ; ne les assistant pas ès choses requises, selon leur pouvoir; les scandalisant par mauvais exemple.
Enfin, les enfants, héritiers et légataires qui n'accomplissent pas les volontés de leurs bienfaiteurs, dont ils sont chargés.


PECHES CONTRE LE 5e COMMANDEMENT
Prendre plaisir ès cogitations de vengeance et s'y entretenir volontairement pour s'y complaire. Désirer la mort ou quelque mal notable au prochain ou à soi-même, par haine et malveillance. (Je dis par haine, parce que de désirer la mort ou à soi ou au prochain pour la gloire de Dieu, pour son salut et pour autres telles bonnes occasions, quand la haine de la personne ne s'y mêle point, il n'y a pas péché.) Haïr quelqu’un ; désirer de s'en venger; se réjouir du mal d’autrui ; se contrister de son bien; se mutiner contre lui et ne lui vouloir point parler à cette intention. Infâmer et injurier le prochain ; le maudire, le mépriser, conseiller ou inciter à lui faire du mal.
Tuer ou battre ; susciter des inimitiés ; provoquer aux querelles et notamment aux duels. Se courroucer et entrer en grande ire. Ne vouloir pardonner l'injure ni remettre l’offense à celui qui est prêt de faire satisfaction; persécuter le prochain par menées, procès ou autre moyen. Prendre plaisir à faire battre les uns contre les autres, comme on fait souventefois des laquais, goujats et autres semblables sortes de gens. Donner ou faire donner la couverte aux pauvres gens et insensés ; piquer et harier les fous, user de cruauté envers eux. S'exposer témérairement aux dangers et inconvénients. Procurer la stérilité ou avortement des femmes. Etre dur et cruel envers les pauvres; les laisser périr ou souffrir des grandes nécessités, quand on les peut secourir. Laisser les innocents à la merci de l'injustice, quand, par voie légitime et juste, on les peut garantir.
C'est encore péché contre ce commandement de tuer l'âme du prochain, la provoquant à péché, ou bien de lui nuire spirituellement, la détournant des bonnes œuvres ou l’empêcher malicieusement de bien faire C'est aussi péché de ne l'aider pas au bien, la conseillant, admonestant et corrigeant quand on le peut bonnement faire.

PECHES CONTRE LE 6e COMMANDEMENT
Avoir des pensées déshonnêtes et les entretenir volontairement pour se complaire en la délectation sensuelle qui en peut naître. Désirer les actions déshonnêtes. Dire des paroles ou chanter des chansons lascives, principalement quand c'est à mauvaise intention. Se louer, vanter et glorifier du péché de la chair; dire des paroles en faveur d'iceluy ; l'excuser et amoindrir son énormité. Avoir des livres et images lubriques. Regarder impudiquement les personnes. Envoyer des dons, faire des promesses, envoyer des messages, prendre ou donner des assignations, et toutes autres sortes de poursuites qui se font en intention d'impudicité. Mugueter, cajoler, donner de l'amour, et toutes sortes d'amourettes, bien que d'abord il ne semble pas que l'intention soit tout a fait charnelle. Faire des attouchements déshonnêtes sur soi ou sur autrui, avec intention de plaisir sensuel. Se provoquer, soi-même ou autrui, à pollution ; faire la fornication, c'est à dire avoir compagnie des femmes non vierges, non mariées, non sacrées et non parentes. Faire l’adultère, qui se commet lorsque l'une des parties ou toutes deux sont mariées. Faire le stupre, c'est a dire déflorer une vierge consentante. Faire le viol, c'est a dire prendre une femme ou une fille par force. Faire l'inceste, c'est à dire avoir accointance avec une parente ou alliée, tant spirituellement que temporellement ; je dis spirituellement, a cause des compères, commères, parrains, marraines, filleuls et filleules. Faire le sacrilège, c'est à dire avoir connaissance des personnes sacrées a Dieu, comme prêtres, Religieux et Religieuses, ou bien faire l'excès de paillardise en lieu sacré. Faire le vice exécrable de Sodome, c'est a dire commettre l'acte charnel avec un autre de son propre sexe, ou bien avec une personne de sexe différent, mais usant des endroits non dédiés à la génération. Et enfin, employant ou les bêtes ou le diable, qui sont les deux plus malheureux excès de tous.
Ce commandement aussi s’entend à ce que les personnes mariées s'entre-rendent fidèlement l'un à l'autre le devoir nuptial, usant de l'acte que Dieu a béni en faveur du mariage et selon raison, tant pour la génération que pour la conservation de l’amitié et complaisance requise entre les mariés; se ressouvenant qu’ils sont hommes raisonnables et chrétiens, et qu’ils doivent posséder les corps l'un de l'autre en sanctification, avec honneur ( 1 Th 4,4), amour et dilection, et toujours dans les bornes que la nature a prescrites.


PECHES CONTRE LE 7e COMMANDEMENT
Dérober le bien d’autrui ; le retenir contre raison. Tromper en vendant et achetant, voire même jouant. Prendre l'usure; faire contrats injustes. Acheter ou vendre ès bénéfices. Frauder l'Eglise des dîmes et prémices, ou les prémices des tributs et péages justes. Poursuivre des procès injustement. Retenir les gages des serviteurs, mercenaires, artisans, ouvriers, soldats. Imposer des daces, subsides, contributions, angaries, injustement et contre raison. Ne payer point les dettes quand on le peut faire. Contracter des dettes démesurées pour lesquelles on est insolvable, ou qui difficilement peuvent être payées. Favoriser les injustes détenteurs du bien d’autrui contre les justes poursuites des vrais possesseurs et maîtres. N’empêcher pas les larcins, concussions et autres dommages du prochain. Et généralement, ôter ou retenir sans raison le bien, l'honneur et les commodités du prochain ; comme aussi, faire des prodigalités et dépenses excessives, pour lesquelles on fait des emprunts et on se prive des moyens d'assister le pauvre et met à souffrance sa famille.


PECHES CONTRE LE 8e COMMANDEMENT
Juger mal et témérairement de la conscience et des actions du prochain ; or, on juge témérairement quand c'est sans légitime fondement. Disant mal du prochain, ou faisant mal parler d’autrui ; ce qui se fait en plusieurs façons :
1. Par imposture, qui n'est autre chose que de jeter sur une personne un crime ou un vice qui n'est pas en lui par agrandissement du vice ou du péché qui se trouve en quelqu’un ; par révélation d'un crime secret de quelqu'un ; par mauvaise interprétation de l'intention de quelqu’un, détournant en mauvais sens les bonnes actions d’autrui ; niant le bien être en une personne, lequel y est, ou ravalant la juste estime que l'on doit avoir d'une personne ; se taisant lorsque l'on peut justement défendre de blâme une personne.
2.Idem : mentir en quelle façon que ce soit, particulièrement quand le mensonge apporte le dommage au prochain. Faire lire, avoir, réciter des pasquins qui ne sont pas publiquement connus. Celer la vérité ou dire le mensonge en jugement. Semer des noises. User d'accusations, calomnies, exagérations ès procès et autres disputes d'importance. Prendre plaisir à ouïr médire et calomnier.


PECHES CONTRE LE 9e COMMANDEMENT
Désirer la femme du prochain, ou sa fille, ou les autres personnes qui lui appartiennent, pour les avoir et en user charnellement ; car, comme le sixième défend le péché de luxure quant à l'effet, le neuvième le défend quant à l'affection.


CONTRE LE 10e COMMANDEMENT
Désirer le bien d’autrui, de quelle sorte qu'il soit, pour l'avoir injustement et avec incommodité du prochain, car, comme le septième commandement défend le larcin quant à l'effet, le dixième le défend quant à l'affection.


EXAMEN TOUCHANT LES PECHES CAPITAUX

Quant à l'orgueil
L'orgueil n'est autre chose qu'une volonté désordonnée d'une grandeur disproportionnée à celui qui la veut, et partant c'est péché d'orgueil de s'attribuer le bien que l'on a d’autrui comme si on l’avait de soi même ; penser mériter les biens et les grâces que l'on a, encore qu'il n'en soit rien ; s'attribuer des biens et des grâces que l'on n'a pas ; se préférer aux autres es choses esquelles on ne se doit pas préférer. Or, l'orgueil est péché mortel quand on ne veut pas reconnaître de Dieu ce que l'on a; quand, pour maintenir sa vaine estime, on est prêt a violer les commandements de Dieu et quand, pour s'exalter, on déprime et on méprise le prochain en chose notable.
A l'orgueil est attachée la vaine gloire, qui est se glorifier de ce que l'on n'a pas, ou de choses qui ne le méritent pas, ou de choses qui ne nous appartiennent pas, ou de choses mauvaises ; ou vouloir avoir la gloire du bien que l'on a, sans reconnaissance de Dieu duquel il vient.
A la vaine gloire est attachée la jactance, qui consiste à se vanter de chose mauvaise, ou de chose bonne, mais plus qu'on ne doit, ou avec mépris du prochain, comme quand on se vante d'être plus que les autres ; ou avec le dommage du prochain, comme quand on se vante de savoir guérir de telle et telle maladie, et que les personnes s'y amusent et sont trompées.
L’hypocrisie est encore une branche de l'orgueil, laquelle consiste a faire semblant d'être saint ou vertueux, pour amuser ou décevoir le prochain. La contention s'ensuit, qui n'est autre chose qu'un débat de paroles fait contre la vérité. La discorde vient après, qui n'est autre chose qu'une contrariété déréglée à la volonté du prochain, laquelle est en sa perfection quand l’opiniâtreté survient, par laquelle on s’arrête fermement en son opinion, quoique sans bon fondement.
La curiosité appartient aussi a l'orgueil, qui n'est autre chose qu'un désir immodéré de savoir et connaître les choses qui ne sont pas de notre profession, ou qui sont dangereuses, ou qui sont défendues.
Après celle-ci suit la recherche des nouveautés en habits, en discours et en opinions, et enfin la désobéissance et mépris des lois et des supérieurs. De tout cela naît la présomption, par laquelle on entreprend de faire, dire, paraître et être plus qu'il ne nous appartient : comme quand on veut parler de choses qu'on n'entend pas, ou faire un art que l'on ne sait pas, ou paraître plus que l'on n'est pas, ou qu'on veut être plus que l'on ne peut pas. Et ce dernier porte proprement à l'ambition, qui n'est autre chose qu'un désir désordonné des honneurs et dignités.
De l'avarice
L'avarice n'est autre chose qu'une volonté immodérée d'avoir des biens temporels contre raison, et d'icelle naissent tous les péchés contraires au septième commandement ; comme aussi la dureté de cœur, qui n'est autre chose qu'un trop grand soin de garder le bien que l'on a, jusque même à n'avoir point de pitié des souffreteux.
Item, l'inquiétude que le soin et l'ardeur immodérée des choses temporelles excite en nos esprits. De la naissent bien souvent les tromperies, fraudes, parjures, violences et trahisons.
De la luxure
La luxure n'est autre chose qu'un appétit désordonné du plaisir de la chair. Or, l'appétit est désordonné ou parce qu'il veut prendre le plaisir sur un sujet qui n'est pas à nous, comme il advient en la fornication et en l’adultère, ou parce qu'il le veut prendre contre l'ordre établi par la nature ; ou parce qu’il le veut prendre contre la fin et l'intention pour laquelle ce plaisir est destiné. Or, de la luxure dépendent tous les péchés contraires au sixième commandement, qui rendent l'esprit distrait, obscur, inconsidéré, inconstant, terrestre et brutal.
De l'ire
L'ire n'est autre chose qu'un appétit de vengeance, et produit tous les péchés que nous avons marqué au cinquième commandement, qui engendrent les péchés suivants :
1. L'indignation, qui consiste à rejeter comme indigne le prochain ;
2. L'enflure du cœur, qui n'est autre chose qu'un assemblage de pensées et de mouvements qui portent le cœur à la vengeance ;
3. Le désordre de la voix et de la parole
4. les injures
5. les blasphèmes ;
6. les querelles et les noises.
De la gloutonnerie
La gloutonnerie n'est autre chose qu'un appétit désordonné de boire et de manger. Or, le désordre consiste ou à désirer des viandes ou breuvages trop précieux, ou à les prendre en trop grande quantité, ou à les faire apprêter trop curieusement, ou à s'y complaire trop délicieusement, ou à les prendre hors de temps et de saison.
La gloutonnerie a deux branches : la gourmandise, qui regarde les viandes, et l’ivrognerie qui regarde le breuvage. L'hébétude de l'entendement engendre la dissolution, trouble les paroles, souille le corps et infâme toute la vie.
De l'envie,
L'envie n'est autre chose que la tristesse que nous avons du bien d’autrui en tant qu'il semble diminuer le notre. J’ai dit, en tant qu'il semble diminuer le notre, parce qu'on peut être marri du bien de quelqu’un non seulement sans pécher, mais aussi par charité : comme quand on est marri que les indignes soient avancés, ou que les ennemis de la République prospèrent.
De l'envie naissent les jalousies, compétences, haines, murmures, détractions, réjouissances du mal d’autrui et mille sortes de maux.
De la Paresse
La paresse n'est autre chose qu'une certaine tristesse que l'on a à pratiquer le bien spirituel. Elle procède d'une trop grande affection aux choses temporelles et des trop grandes délectations es choses sensuelles, qu'il nous fâche de laisser pour suivre la vertu ; comme aussi elle procède encore de l'appréhension du travail et de la peine qu'il y a à pratiquer les bonnes œuvres.
Elle produit le découragement, par lequel on n'ose pas entreprendre le bien qui nous est conseillé; l'engourdissement d'esprit, par lequel on est empêché de se mouvoir à bien faire ; l'aigreur malicieuse, par laquelle on hait la perfection chrétienne ; la rancune et dégoût contre les personnes spirituelles, parce qu’ils nous provoquent au bien ; l'inadvertance aux choses bonnes ; le désespoir, comme si c'était chose impossible de garder les commandements de Dieu et de se sauver.


DES PECHES QUI SE COMMETTENT CONTRE LES COMMANDEMENTS DE L'EGLISE,
On pèche contre le premier commandement de l'Eglise, violant le Carême, les vendredis, samedis, vigiles et Quatre Temps quant à l'usage des viandes prohibées, ou bien ne jeûnant pas ; ce qui s'entend, sinon que quelque légitime occasion nous empêche.
On pèche contre le second commandement, n'oyant pas la Messe entière ès jours de Dimanche et de fête, sinon aussi que quelque légitime raison excuse. Or, celui est estimé ouïr la Messe entière qui entend presque toute la Messe, encore qu'il ne l'oye pas exactement toute : ainsi, celui qui arriverait quand on dit l’Epître, oyant tout le reste de la Messe, satisferait au commandement, l'Eglise n'ayant pas intention d'obliger plus rigoureusement que cela.
On pèche contre le troisième commandement, lors qu'on omet de se confesser a Pâques, ou qu'on se confesse à quelqu'un qui n'a point d’autorité.
On pèche contre le quatrième, ne se communiant pas à Pâques. Or, celui-là est estimé communier à Pâques, qui communie dans les huit jours précédant ou dans les huit jours suivant la fête de Pâques.
On pèche contre le cinquième commandement, ne payant pas la dîme et autres devoirs ordinaires qu'on est obligé de rendre à l'Eglise.


MOYEN DE DISCERNER LE PECHE MORTEL DU VENIEL
Toute la loi de Dieu consiste en ces deux commandements : Tu aimeras Dieu sur toutes choses et ton prochain comme toi même (Dt 6,5 ; Mt 22,17). C'est pourquoi, tout ce qui est contraire à l'amour de Dieu et à l'amour du prochain, si la contrariété est parfaite, doit être estimé péché mortel ; mais si la contrariété n'est pas parfaite ni accomplie, ains imparfaite et non accomplie, il n'y a que péché véniel.
Or, la contrariété qui se fait à l'amour de Dieu et du prochain est réputée imparfaite en trois façons :
Premièrement : de la part de notre volonté, lorsque notre liberté n'est pas parfaite et que, par conséquent, notre volonté n’agit pas avec pleine délibération ni avec un total usage de son franc-arbitre : comme il arrive quelque fois que nous dirons une injure à quelqu'un par une si soudaine surprise de colère, que nous l'avons plus tôt dite que pensée ; car alors, bien que d'injurier le prochain soit ordinairement un péché mortel, toutefois, à raison de ce que l'acte de la volonté a été fort imparfait et indélibéré, ce n'est qu'un péché véniel, parce que la contrariété à l'amour de Dieu en cet acte de la volonté n'a pas été une pleine et accomplie contrariété, ains une contrariété sortie par surprise et inadvertance et la volonté n'étant pas pleinement à soi même.
Secondement : la contrariété à l'amour de Dieu et du prochain est quelquefois imparfaite à raison de la petitesse de la matière en laquelle elle est commise : comme, par exemple, dérober c'est un péché mortel, parce que le larcin contrarie à la charité du prochain ; mais pourtant, ce que l'on dérobe peut être si peu de chose, que la nuisance qui s'en ensuit contre le prochain est si extrêmement légère qu'elle n'est point considérable, et par conséquent la contrariété de cette action là a l'amour du prochain n'est pas une parfaite contrariété, mais plutôt comme un commencement de contrariété. Ainsi celui qui dérobe une pomme, une poire, un liard ne pèche que véniellement, parce qu'il offense fort peu le prochain et par conséquent ne contrarie pas parfaitement à l'amour qui lui est dû ; de même les colères légères, petits chagrins, ou quelque légère et imparfaite caresse à l'endroit de la femme d’autrui ne seront pas estimés péché mortel.
Tiercement : la contrariété à l'amour de Dieu et du prochain est imparfaite à raison de la nature même de l'action que nous pratiquons, laquelle de soi n'est pas parfaitement mauvaise, mais seulement a quelque sorte de défaut en soi, lequel défaut ne la rend pas contraire à l'amour de Dieu et du prochain, ains seulement à la perfection de l'amour. Comme par exemple, un mensonge dit par joyeuseté ou pour excuser quelqu'un : c'est une action laquelle n'est point contraire à l'amour de Dieu et du prochain, ou si elle est contraire, c'est par une contrariété fort imparfaite et qui regarde plutôt la perfection de l'amour que l'amour même ; car bien que le prochain reçoive les petits mensonges pour la vérité, si est-ce que cela ne lui apporte nulle sorte de nuisance. Or je dis néanmoins que la perfection de la charité est violée, parce que la perfection de la charité ne requiert pas seulement que nous ne nuisions pas au prochain, mais aussi que nous ne le frustrions pas de ses justes désirs et que nous ne nous contrarions pas nous mêmes : or, chacun désire naturellement de savoir la vérité des choses qui lui sont représentées, et nous nous contrarions nous même quand nous parlons contre notre pensée. De même, jouer plus longuement qu'il ne faut par recréation c'est une chose qui n'est point louable, mais elle n'est pas de soi contraire à l'amour de Dieu et à l'amour du prochain ; car, comme il appert, en cela il n’y a point de méchanceté, mais seulement de l'inutilité.

MOYENS POUR DIVERTIR LES GRANDS DU PECHE DE LA CHAIR
Les grands ordinairement ne pratiquent point ce péché que par l'entremise de quelques confidents messagers et solliciteurs. Si, donc, ils entreprennent à bon escient de s'amender de ce péché-là, il faut qu’ils éloignent de leur suite telles sortes de gens, car par ce moyen ils perdront la facilité de retourner au malheur. Or cet éloignement se peut faire par beaucoup de bons prétextes.
De plus, tant que la commodité des affaires le peut permettre, ils doivent avoir avec eux leur femme; le mariage étant ordonné, non seulement pour la génération des enfants, mais aussi pour le remède de la concupiscence.
Chose grandement utile d'avoir toujours avec eux certaine sorte de gens, soit gentilshommes ou autres, qui aient beaucoup de la crainte de Dieu ; car, comme la présence des méchants facilite le consentement au mal, aussi la présence des bons facilite la résistance. C'était un des saints artifices du glorieux saint Louis, qui avait toujours près de soi quelque homme de grande dévotion duquel l'entretien le confortait et consolait au bien. Les grands donc ayant un de ces gens-là près d'eux et lui parlant une fois ou deux le jour, c'est merveille comme ils en sont divertis du mal et soulagés contre les tentations.
Quand on s'est résolu a bon escient de se retirer de ce vice, il est bon de s'en déclarer parmi ceux qui sont le plus près autour de nous, afin de nous brider par notre propre parole et déclaration.
Bon encore en la prière du matin et du soir de faire une résolution particulière contre ce péché et offrir cette résolution à Dieu, tantôt à l'honneur de sa Passion, tantôt à l'honneur de sa Nativité, tantôt à l'honneur de sa sépulture ; quelquefois à l'honneur de la glorieuse Vierge Marie, sa Mère ; d'autrefois à l'honneur de notre Ange gardien ; et ainsi diversement à l'honneur des Saints que nous honorons le plus, protestant que pour l'amour d'eux nous observerons notre résolution. Et qui, à l'oraison, ajouterait quelque aumône pour même fin, ferait mieux.
Il est encore bon de s'imposer, voire par vœu, quelque pénitence en cas que l'on retombe : comme serait de dire tant de prières à genoux, de jeûner, et semblables choses. Mais sur tout, l'excellent remède à ce mal c'est de se confesser et communier souvent. Or, bien qu’il y ait de la difficulté en ces remèdes, si est ce que celui-là se résoudra aisément de les pratiquer qui se ressouviendra qu’il faut ou quitter ce péché par quel moyen que ce soit, ou qu’il faut quitter la grâce de Dieu et périr éternellement.


ORAISON POUR DIRE AVANT LA CONFESSION
O Seigneur, faites-moi voir la quantité et l'énormité de mes maux, afin que je les déteste et me confonde en la grandeur de ma misère ; mais faites-moi voir aussi l'infinité de votre bonté, afin que je m'y confesse, et que, comme je confesse humblement devant vous et devant le Ciel que je suis mauvais, ains la méchanceté même de vous avoir tant offensé, je confesse aussi hautement que vous êtes bon, ains la bonté même de me pardonner si miséricordieusement. O souveraine Bonté, octroyez le pardon à ce chétif coupable qui confesse et accuse son péché en cette vie mortelle, en espérance de confesser et célébrer votre miséricorde en l'éternelle, par le mérite de la Mort et Passion de votre Fils qui, avec vous et le Saint Esprit, est un seul Dieu vivant et régnant es siècles des siècles.
AMEN.

Haut de page