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La Flagellation

extrait de Un appel à l'Amour, de Josefa Menendez.

 

" Hérode attend que Je réponde à ses questions sarcastiques pour Me justifier et Me défendre; mais mes Lèvres ne s'ouvrent pas et gardent devant lui le plus profond silence. Ce silence même est la preuve de ma souveraine dignité, car ces paroles obscènes ne méritent pas de se croiser avec les Miennes très pures....

Pendant ce temps, mon Coeur était intimement uni à mon Père Céleste. Le désir de donner aux âmes que J'aime tant, jusqu'à la dernière goutte de mon Sang, Me consumait. La pensée de toutes celles qui Me suivraient un jour, subjuguées par mon exemple et ma libéralité, M'enflammait d'amour! Non seulement Je jouissais pendant ce terrible interrogatoire, mais Je désirais courir au supplice de la croix!

Après avoir subi les affronts les plus ignominieux dans le plus parfait silence, Je Me laissai traiter de fou! Et, revêtu de la robe blanche en signe de dérision, Je fus ramené à Pilate au milieu des cris de la multitude..
Vois à quel point cet homme est effrayé et troublé! Il ne sait que faire de Moi et, pour essayer d'apaiser la soif de ce peuple qui demande ma mort, il ordonne de Me flageller.
Telle est l'âme qui manque de courage et de générosité pour rompre énergiquement avec les exigences du monde, de sa nature ou de ses passions. Au lieu de faire front à la tentation et de couper à la racine, comme sa conscience le lui demande ce qu'elle sait ne pas venir du bon esprit, tantôt elle cède à un petit caprice, tantôt elle s'accorde une légère satisfaction.... Si elle consent à se vaincre sur un point, elle capitule sur un autre qui exigerait plus d'efforts.... Si elle se mortifie en certains cas, elle hésite en beaucoup d'autres où il faudrait, pour rester fidèle à la grâce ou obéir à la règle, se priver de bien des petites choses qui alimentent la sensualité et plaisent à la nature....
Elle s'accorde la moitié de son caprice, la moitié de ce que réclame sa passion et apaise ainsi le remords de sa conscience. S'agit-il, par exemple, de divulguer une faute qu'elle a cru découvrir dans le prochain. Ce n'est ni la charité fraternelle ni le souci du bien, mais une passion cachée, un secret mouvement d'envie, qui lui inspirent ce désir. La grâce et la conscience jettent alors en elle un cri d'alarme et l'avertissent de l'esprit qui la guide et de l'injustice qu'elle va commettre. Sans doute, y a-t-il en cette âme un premier instant de lutte, mais la passion qu'elle n'a pas mortifiée la prive bientôt et de lumière et de courage pour rejeter cette idée diabolique. Alors, elle invente le moyen de ne taire qu'une partie de ce qu'elle sait, mais non pas tout! et elle s'excuse elle-même de la sorte : Il faut bien qu'on le sache... je ne dirai qu'un mot... etc....
C'est ainsi que tu M'abandonnes, comme Pilate, pour être flagellé! Bientôt, cette passion te pressera d'achever son Oeuvre.... Ne crois pas apaiser ainsi sa soif!... Aujourd'hui, tu as fait ce pas, demain, tu iras plus loin!... Et si tu as cédé dans une petite occasion, à combien plus forte raison céderas-tu en face d'une tentation plus grave!...

Et maintenant, contemplez, âmes très aimées de mon Coeur, comment Je Me laisse conduire avec la douceur d'un agneau au terrible supplice de la flagellation!...
Sur mon Corps couvert de meurtrissures et brisé de fatigue, les bourreaux déchargent, avec la plus cruelle frénésie, leurs verges et leurs fouets... tous mes os sont ébranlés dans la plus terrible douleur... d'innombrables blessures Me déchirent... des lambeaux de ma Chair divine volent emportés par les verges... le sang jaillit de tous mes membres et Je suis bientôt réduit à un état si pitoyable que Je n'ai même plus l'apparence d'un homme!...
Ah! pourrez-vous Me contempler dans cet océan d'amertume sans que votre coeur s'émeuve de compassion?...
Il n'appartient pas aux bourreaux de Me consoler... mais à vous, âmes que J'ai choisies pour alléger ma Douleur!...
Regardez mes Blessures et voyez s'il est quelqu'un qui ait autant souffert pour vous prouver son amour! "


Et, s'adressant à Josefa, Jésus continue :
-" Contemple-Moi dans cet état d'ignominie, Josefa. " Puis, Il se tait, elle lève les yeux sur son Maître.... Il est là devant elle, dans l'état lamentable ou L'a laissé la flagellation. Longtemps, Il la garde en face de cette douloureuse contemplation, comme pour l'imprimer à jamais dans son âme.
" - Dis-Moi - poursuit-Il enfin - si mes Blessures ne te donneront pas la force de te vaincre et de résister à la tentation?...
" Dis-Moi si tu n'y trouveras pas la générosité de te sacrifier et de te livrer totalement à ma Volonté?...
" Oui, regarde-Moi, Josefa, et laisse-toi guider par la grâce et par le désir de Me consoler dans cet état de victime. Ne crains pas. Ta souffrance n'égalera jamais la Mienne !... et pour tout ce que Je te demanderai, ma Grâce t'assistera. Adieu ! garde-Moi ainsi dans tes yeux.

Alors, le Seigneur disparaît. Josefa demeure immobile, les yeux fermés, une expression d'indicible émotion empreinte sur son visage. Un silence impressionnant l'enveloppe: quelque chose de si grand vient de se passer dans cette petite cellule!
Jésus a rappelé aux âmes que " ce n'est pas pour rire " qu'Il les a aimées et que son Amour est un amour " effroyablement sérieux." Peu à peu, elle revient à elle, des larmes jaillissent de ses yeux... Elle ne peut pas parler... mais elle sait cependant qu'elle n'est rien que l'instrument d'un message, le témoin des excès de l'amour et que les âmes ont droit au Message de cet Amour sans mesure.... Elle reprend sa plume et d'une main tremblante encore, elle écrit ce qui suit : " Il était dans l'état où on L'a laissé après sa flagellation, et cette vue m'a remplie d'une telle compassion qu'il me semble que, désormais, j'aurai le courage de souffrir n'importe quoi jusqu'à la fin de ma vie.... " Aucune douleur n'approchera tant soit peu de sa Douleur.... " Ce qui m'a le plus impressionnée, ce sont ses Yeux qui sont habituellement si beaux et dont le Regard parle tant à l'âme!... Aujourd'hui, ils étaient fermés, très enflés et ensanglantés, l'oeil droit surtout. Ses cheveux pleins de sang tombaient sur sa figure, sur ses yeux et sur sa bouche. Il était debout, mais courbé et lié à quelque chose, mais je ne voyais que Lui. Ses Mains étaient attachées l'une à l'autre à la ceinture et couvertes de sang, son Corps sillonné de blessures et de taches sombres, les veines de ses bras très enflées et presque noires. De son épaule gauche pendait un lambeau de chair prêt à se détacher et de même en plusieurs endroits de son Corps. Ses vêtements étaient à ses pieds, rouges de sang. Une corde très serrée retenait à la ceinture un morceau de toile dont on ne pourrait dire la couleur, tant elle était ensanglantée!... " Enfin, elle s'arrête impuissante : " Je ne peux pas bien dire en quel état je L'ai vu... car je ne sais pas l'exprimer! "

 

Larges extraits du livre, ici